Devoir de Philosophie

Peut-on être sans préjugés ?

Publié le 16/12/2005

Extrait du document

.. 2-On appelle ces idées « préjugés » non pas en un sens nécessairement péjoratif puisqu'elles désignent alors simplement qu'elles ont été déjà pensées par d'autres. Ex. Aller à l'école permet d'apprendre et est une bonne chose. B- On ne pourrait tout d'abord pas vivre sans préjugés si ces derniers sont les idées que nous n'avons pas forgées nous-mêmes. 1- Pour pouvoir vivre, et bien vivre, lorsque l'on n'a pas d'expérience et qu'on ne sait pas ce qui est bon ou mauvais, il faut bien se fier aux idées des autres. 2- C'est ce que montre Descartes dans sa « morale par provision » quand il affirme se fier aux idées de son temps pour pouvoir agir tant qu'il ne connaît pas la vérité. C- Les préjugés ont-ils vraiment pour origine autrui, famille ou société ? 1- Il faut se demander si l'homme ne se déresponsabilise pas en affirment que l'origine des préjugés lui est extrinsèque et ainsi, cela amène à se demander si une société peut être exempte de préjugé. 2- A partir du moment où l'enfant devient homme et qu'il est un être raisonnable, on doit se demander si le fait de ne pas réfléchir les préjugés dont il hérite ne lui est pas imputable. II- L'homme peut se délivrer de ses préjugés en pensant par lui-même.

Lorsque l’on nous parle de préjugé, beaucoup d’expressions nous viennent à l’esprit : il ferait toujours froid en Finlande, ou encore les philosophes seraient des gens qui n’auraient pas les pieds sur terre, etc. La facilité avec laquelle nous pouvons citer un grand nombre de préjugés est liée à la définition même de ce terme : littéralement, il est ce qui est pré-jugé, c'est-à-dire ce qui a déjà été jugé. Le préjugé pouvant ainsi être compris comme ce dont nous n’avons pas examiné la pertinence par le biais de notre raison ou même de notre expérience, il est ce dont nous héritons toujours déjà. En ce sens, il semblerait qu’on ne puisse pas être sans préjugés : nous sommes toujours enfants avant que d’être adultes, et nous naissons ainsi nécessairement au sein d’une famille, d’une société, dont nous héritons des préjugés, à savoir d’idées que nous n’avons pas pensées par nous-mêmes. Mais on peut tout de même se demander s’il ne peut exister de famille, de société, où il n’y ait pas de préjugés : si c'était le cas, pourrait-on alors les qualifier de rationnelles ? Et aussi, quand bien même nous vivrions dans une société sans préjugés, est-ce que chacun singulièrement, par lui-même, aurait la possibilité d’en être délivré ? Comment le pourrait-il si ce n’est en réfléchissant ?

« 1-C'est ce que montre Kant dans son opuscule Qu'est-ce que les Lumières ? . Réfléchir, faire usage de sa raison, penser par soi-même sont alorssynonymes.2- C'est ainsi que s'entend la liberté chez Kant, plus précisément l'autonomie.

Le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit la faculté de sedéterminer soi-même de par une législation rationnelle.

L'homme est lié à sondevoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.

Aucun intérêt ne vient leforcer à faire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vientle contraindre.Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre maishétéronome, c'est-à-dire sous la dépendance d'une loi qui ne procède pas delui-même.

Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté.

Être libreet moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle.Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.

Le principe suprême dudevoir est inconditionné et absolu.

La volonté n'y est pas intéressée, et ellen'est pas non plus motivée par la crainte d'un châtiment ou d'une sanction s'ily a désobéissance.

Dans l'accomplissement du devoir, la volonté est fondéesur un principe d'autonomie : "L'autonomie de la volonté est cette propriétéqu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toute propriétédes objets du vouloir).

Le principe de l'autonomie est donc : de choisir detelle sorte que les maximes de notre choix soient comprises en même temps comme lois universelles dans ce mêmeacte de vouloir." C- Etre sans préjugés conduit l'homme selon Kant vers le chemin de la morale.

1- Celui qui est autonome, qui pense par lui-même n'est pas celui qui renverse l'ordre établi : il a simplement ce quel'on peut appeler un esprit critique.2- Etre sans préjugés amène à voir les choses en vérité mais aussi les hommes tels qu'ils sont, et à les juger selondes critères non plus traditionnels(au sens d'irréfléchis) mais rationnels.

III- L'homme peut-il tout examiner par le biais de sa raison ? A- Le fait d'être sans préjugés peut apparaître comme une conception utopique.

1- L'utopie, littéralement, est ce qui n'a lieu nulle part.

Il faut se demander si l'homme peut être totalementautonome dans la mesure où il est esprit et corps.2-Le fait d'avoir un corps renvoie l'homme à son caractère sensible, et donc à la possibilité qu'il laisse ses instinctsconsidérer chaque situation plutôt que sa raison.

B- Cependant, être sans préjugé peut être une exigence que chacun se donne.

1-Même si nous sommes des êtres corporels, nous choisissons que nos instincts soient nos maîtres ou non.

Cf.Épictète.2- Si le fait d'avoir des préjugés est lié à notre caractère sensible, corporel, nous pouvons donc toujours faire ensorte de nous en délivrer le plus possible.

Cf.

Kant, ce qu'il appelle « l'idéal régulateur ».

C- On peut enfin se demander si certains préjugés ne sont pas naturels sans être irrationnels: ce que Platonappelait le bon sens.

1-Il y a des préjugés immoraux et irrationnels, mais tous ne le sont pas.2-Il faut enfin se poser la question de savoir s'il vaut mieux avoir de bons préjugés (de bon sens, cf.

la République de Platon) que de faux jugements.

Conclusion Alors qu'il semble au premier abord qu'on ne puisse être sans préjugé, et ce dans la mesure où nous héritons desidées des autres, nous voyons que l'on peut être sans préjugé si l'on pense par soi-même, et ainsi si l'on fait preuved'autonomie- au sens kantien.

Mais il faut en fin s'interroger : est-ce matériellement possible d'être sans préjugédans la mesure où l'homme est esprit et corps ? Et si ce n'était pas possible cela signifierait-il que l'homme doittoujours être dans une certaine mesure injuste envers ses semblables, si tenté que le préjugé ait nécessairementune valeur morale ?. »

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