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Peut-on mal agir sans le savoir ?

Publié le 27/02/2008

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, III, 7). Par là Aristote porte une critique lourde contre la doctrine platonicienne de la vertu-science.   Seconde partie   - Aristote montre ainsi qu?on peut dire que quelqu?un a mal agi dans deux sens : soit parce que les conséquences de son acte, imprévisibles, ont été mauvaises. Mais si l?agent de l?acte en éprouve du remords, alors on parle d?acte involontaire. Soit, au contraire, parce que le mal ne réside pas dans les circonstances empiriques de l?acte, mais dans l?intention de son auteur : il faudra alors parler d?acte non-volontaire, mais non pas d?agent irresponsable. Bref, pour qualifier l?agent d?un acte de mauvais, il faut qu?il y ait eu intention de nuire, et c?est cela qu?on juge moralement.   - Kant radicalise cette théorie qui loge le mal dans l?intention de l?agent, en affirmant, dans les Fondements de la métaphysique des m?urs, que seule la nature de l?intention permet de juger de la nature, bonne ou mauvaise, de l?acte. Il distingue ainsi l?acte fait conformément au devoir de l?acte fait par devoir. Dans le premier cas, l?agent agit, selon toute apparence, vertueusement, mais ce n?est précisément qu?une apparence, car il privilégie des mobiles empiriques au respect de la loi morale (le marchand rendra la monnaie exacte non par honnêteté, mais afin que ses clients reviennent). Or, d?une part le sentiment de la loi morale est, pour Kant, naturel : chaque homme a la conscience immédiate de son devoir ? et Kant rompt ainsi avec les conceptions antiques qui situent le mal dans l?ignorance.

« - Kant radicalise cette théorie qui loge le mal dans l'intention de l'agent, enaffirmant, dans les Fondements de la métaphysique des mœurs , que seule la nature de l'intention permet de juger de la nature, bonne ou mauvaise, del'acte.

Il distingue ainsi l'acte fait conformément au devoir de l'acte fait par devoir.

Dans le premier cas, l'agent agit, selon toute apparence,vertueusement, mais ce n'est précisément qu'une apparence, car il privilégiedes mobiles empiriques au respect de la loi morale (le marchand rendra lamonnaie exacte non par honnêteté, mais afin que ses clients reviennent).

Or,d'une part le sentiment de la loi morale est, pour Kant, naturel : chaquehomme a la conscience immédiate de son devoir – et Kant rompt ainsi avecles conceptions antiques qui situent le mal dans l'ignorance.

Mais d'autre part,il y a un mal radical au cœur de l'homme, qui l'incline à privilégier les mobiles sensibles au respect pour la loi morale, transcendante (cf.

1 e partie de La Religion dans les limites de la simple raison – pour un exposé pédagogique, cf. Miklos Vetö, « Note sur le mal radical selon Kant », in Le mal, essais et études , L'Harmattan, 2000, pp.241-251). - Faut-il pour autant considérer, avec Kant, que seule la nature de l'intentionde l'agent permet de déterminer l'aspect moral de l'acte ? Suffit-il d'avoir unebonne intention pour ne pas mal agir ? Kant refuse que l'on puisse mal agir parignorance, puisque chacun possède le sentiment naturel du devoir.

Mais nedoit-on pas dire, en nous appuyant en quelque sorte sur Aristote, qu'il estpossible de mal agir en ignorant les circonstances de son acte ? Or, si pour Aristote agir par ignorance n'était pas un mal véritable, essentiel, mais seulement contingent, ne peut-on affirmer qu'il est immoral d'ignorer lesconséquences de son acte, dans la mesure où cette ignorance peut être délibérée ? Kant a répondu a cettecritique, formulée par Benjamin Constant, dans D'un prétendu droit de mentir par humanité .

Nonobstant cette réponse à une objection, ne peut-on s'accorder avec Max Weber, qui affirme, dans La vocation et la profession de politique, que l' éthique de conviction , qui ne juge que l'intention morale de l'acte, ne peut être complètement disjointe de l' éthique de responsabilité , qui s'intéresse aux conséquences possibles de l'acte ? Selon Weber, on ne jugera ainsi la nature morale de l'acte d'un politique non pas seulement en fonction des convictions, ou del'intention, mais aussi en fonction de leurs conséquences, que le politique avait pour devoir d'envisager.

Dès lors, lepolitique est responsable d'avoir commis une faute accidentelle, dans la mesure où il se devait d'évaluer le risqueencouru (on pourrait dire que le refus de cette complémentarité entre ces deux formes d'éthique est ce qui a motivéla formule paradoxale voire sophistique du « responsable mais pas coupable » lors de l'affaire de la contamination dusang).

Or, ne peut-on étendre cette logique au-delà de la sphère politique proprement dite ? Conclusion Il est donc clair qu'on puisse mal agir par ignorance.

Mais il faut soigneusement distinguer, avec Aristote, les actescommis dans l'ignorance et les actes commis par ignorance.

En outre, il est clair qu'un acte légaliste, fait conformément au devoir, n'est pas moral, et qu'il témoigne donc de ce que Kant désigne sous le concept de « mal radical », bien qu'il préserve toutes les apparences extérieures de la vertu.

Mais ne faut-il pas aussi dire, avecWeber et contre Kant, qu'un acte dont l'intention est moralement pure, mais qui n'envisage pas les conséquencespossibles de cet acte, c'est-à-dire qui se refuse à évaluer le risque afférent à cet acte (c'est par la seule notion decette évaluation qu'on peut affirmer que le politique doit aussi bien prendre en compte les conséquencesimprévisibles de ses actes que les conséquences prévisibles), est mauvais ? En ce sens, il serait impossibled'évacuer complètement la composante empirique du mal, logée dans les circonstances particulières, et de n'évaluerque l'intention (laquelle demeure, au reste et comme l'affirme Kant, invisible aux yeux des hommes).

En outre, si onpeut sans doute généraliser cette complémentarité entre éthique de conviction et éthique de responsabilité à l'ensemble de la sphère sociale, on peut penser qu'on excusera le politique qui a mal agi par accident, c'est-à-direen ayant fait une évaluation erronée des conséquences de son acte, si et seulement si il a partagé l'évaluation durisque avec ceux qu'il soumettait à ce risque (en cas d'accident nucléaire, par exemple, on dédouanera laresponsabilité du politique si le risque assumé en poursuivant une politique de nucléarisation l'a été par la collectivitéentière, en raison des avantages escomptés ; tandis que si le choix a été confisqué par les seules instancesdirigeantes, on pourra dire qu'ils sont responsables de l'accident, puisqu'ils ont pris seuls une décision qui engageaitl'avenir de tous, même s'ils ne pouvaient pas le prévoir).. »

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