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Peut-on parler pour ne rien dire ?

Publié le 19/03/2020

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ANALYSE DE L’ÉNONCÉ

Le verbe pouvoir, en français, renvoie à deux sens distincts. Il peut signifier une capacité. (En ce sens le sujet est le même que « Peut-on vraiment parler pour ne rien dire ? ».

Il peut signifier avoir le droit de. (En ce sens il faut s'interroger s'il est légitime de parler pour ne rien dire). Dans le cas où l'on aurait pu faire admettre qu’il est impossible de parler pour ne « rien dire », il y aurait lieu cependant de se demander s'il ne peut y avoir une « dégradation » telle de l'usage de la parole que ce qui est « dit » équivaut non dans les faits mais en valeur à ce « rien » qui ne manquerait pas — en ce sens — défaire problème.

« L'homme se distingue de l'animal par le langage articulé qu'il a été capable de former et qui lui a permis de conceptualiser en un son,c'est-à-dire en un signe, les objets qui l'entourent.

Ces signes ont favorisé la communication entre des milliers d'hommes, qui ont euune base commune pour se parler, se comprendre et échanger des informations.

Parler, c'est donc utiliser un système de signes (unsignifié est associé à un signifiant) afin de transmettre une donnée à un individu receveur qui aura bien évidemment les mêmes règleslinguistiques que moi.

Par exemple, par un « parler » écrit, je viens de donner des informations sur le langage à mon lecteur qu'il a pucomprendre car il connaît le code linguistique que j'utilise.

Cependant, en sachant comme on vient de le voir que chaque mot connud'autres individus désigne forcement une chose, peut-on alors ne rien dire ? C'est-à-dire, peut-on ne vouloir apporter aucuneinformation à l'individu auquel on s'adresse ? En d'autres termes, est-il possible que des mots correctement associé selon le codelinguistique et provenant de notre pensée ne signifie rien pour autrui, que cela ne lui amène aucune représentation à l'esprit ?La réponse semble dans un premier temps être oui car si je décide d'associer à tout va les mots maison, silence, cheval, je me suisexprimée sans rien dire de signifié, c'est-à-dire sans donner d'idées.

Mais dans un second temps, il convient d'apprécier que ces motsviennent d'un sujet conscient et donc pensant et qu'ils ont donc forcément une signification certes implicite, mais belle et bien présente.

Tout d'abord, comme j'ai commencé à le montrer dans l'introduction, il paraît évident que l'on peut parler pour ne rien dire.

Leproblème qui tendra alors à se poser dans de nombreux cas est la légitimité de l'action.

C'est-à-dire est-ce que cela nuit à autrui, àl'environnement… Prenons pour commencer le cas où l'émetteur de la phrase parle de telle sorte que les signes qu'il prononce nem'évoquent rien, c'est-à-dire que ces phrases soient incompréhensibles.

Il parlera alors pour ne rien dire.

C'est le cas par exemplequand un japonais qui a un code linguistique différent du mien me parle en japonais : le message qu'il tente de me délivrer nem'arrivera jamais, à moins bien évidemment que j'apprenne le japonais.

Il en est de même pour tout le langage poétique, et lesnombreuses figures de style qu'il utilise, la seule différence étant que les phrases grammaticalement correcte sont vides de sensinformatif.

Les exemples sont en somme très nombreux, toutes les périphrases étant comme leur nom l'indique une extension deplusieurs mots inutiles au sens.

Par exemple, si ma mère me disait « Va dans ton objet à quatre pieds avec une planche et un matelasdessus accompagné d'une couette ! », cela serait totalement inutile, elle n'apporterait rien à l'ordre qu'elle tente de me donner : « Vaau lit ! » D'autant qu'elle compliquerait son propos, et rendrait son message beaucoup moins clair pour moi.

On peut rattacher cetexemple à celui des sophistes, leurs discours est incompréhensible et c'est d'ailleurs là leur art, mais il n'est d'aucune utilité car iln'apporte rien à leur interlocuteur, bien au contraire il le trompe.

C'est comme s'ils niaient l'existence des murs ; Certes leur discourstransmet une idée mais tout homme est capable de se rendre compte que les murs sont, et donc que leur discours est faux etillégitime.

Dans ce cas de figure, il faut considérer que le mot « dire » signifie prononcer un discours qui a du sens, qui est basé sur laraison, car sinon on peut admettre qu'un fou dit quelque chose alors que son discours est dépourvu se sens.

Il est un dernier cas, oùl'individu, conscient de lui, peut parler pour ne rien dire ; c'est le cas quand un individu tente d'énoncer quelque chose qui relève dumonde sensible.

En effet lorsqu'un individu prononce le mot « lit », à l'esprit de chacun vient son propre lit.

Même s'il diffère enquelques points, il s'agit toujours d'un meuble où on dort.

Mais si maintenant je prononce le mot « amour » et que je tente d'expliquercelui-ci, je parlerai pour ne rien dire, car l'amour est une « chose » sensible et personnelle.

On ne peut pas en donner une version toutà fait universelle.

Si je dis que l'amour c'est souffrir car c'est dépendre de quelqu'un, un autre individu me répondra que l'amour c'estexister à travers autrui.

Tous ces sentiments, ces mots qui cherchent à conceptualiser l'inconceptualisable ne peuvent être défini ettenter de le faire est inutile, car le discours ne sera jamais universel alors que le mot, la situation (être amoureux) l'est (de façondifférente selon les individus).

On peut, enfin, aussi parler pour ne rien dire, lorsque justement on ne sait pas quoi dire.

Souvenons–nous des premiers garçons qui s'approchent de nous, prononçant la phrase fatidique « Veux-tu sortir avec moi ? ».

A ce moment,probablement pour ne pas montrer sa gêne, commence un flot de paroles dont nous même sommes incapables de nous rappeler.

Apartir de ce que nous venons de voir, nous pouvons observer que finalement le rien dire signifie dans cette première partie un non-rapport d'information vers le receveur, qui étant inutile peut être qualifié d'illégitime, tout comme les discours mensongers.

N'est-ce pasfinalement restreindre la fonction de la parole à ce qu'elle cherche à éviter ? L'homme à créer un langage afin de se perpétuer,d'exprimer des choses autres que la douleur, exprimé par le cri, la tristesse, les larmes… Finalement les banalités de notre langagesont une chose essentielle qui font que l'homme se différencie de l'animal et donc parler pour ne rien dire est impossible car cecisignifie ne pas être humain.

Tout d'abord, « parler pour ne rien dire » semble en lui-même être une expression contradictoire.

En effet, comme cela est vudans la transition qui précède, parler, même si c'est pour dire des absurdités révèle que nous sommes des hommes, dotés d'uneculture.

Pouvant lui aussi parler, autrui se reconnaît en nous et entre en contact avec nous.

Prenons le cas d'un homme fou quirépèterait sans cesse une phrase : par le fait qu'il parle, je le considère comme proche de moi, et je viens à son aide.

Au Moyen-Age,un homme fou sachant parler avait plus de chances de rester en vie, car il était considéré comme plus proche de l'humain que le foumuet.

Même si aujourd'hui, fort heureusement pour nous, nous avons évolué, toute conversation entre deux personnes fait appel au« je » conscient de soi, et à l'environnement de chaque individu.

Prenons le cas de la formule de politesse « s'il vous plaît ».

Elle n'esten aucun cas utile au langage, elle n'apporte aucune information à l'action que doit exécuter la personne.

En effet, aujourd'hui onassocie très souvent l'impératif au groupe de mots « s'il te plaît » ce qui est contradictoire.

Mais, le « s'il te plaît » employé par unepersonne renseigne en partie sur son origine sociale.

Il en est de même pour beaucoup de discours qui pourraient apparaître commen'ayant aucune signification.

Le japonais qui me parle tente une approche de moi, il est un individu conscient et je peux déduire de sonattitude une certaine sociabilité.

Il ne faut donc pas s'intéresser qu'au sens du mot, il faut l'associer à son environnement car c'est làqu'il trouve sa signification.

Reprenons l'exemple de la poésie ou du théâtre avec la phrase « Quelles sont ces serpents qui sifflent survos têtes ? ».

La phrase, d'un point de vue informatif, ne nous dit rien, mais mise dans le contexte de la poésie, on ressent la beauté dupassage.

La poésie surréaliste était basée sur des systèmes d'écho, de résonance qui au final créent une impression de plénitude, detristesse, etc.

Dans ce cas-ci, on ne parle pas pour ne rien dire, car si le contenu informatif est quasi-nul, la tentative d'expression d'unsentiment est quant à elle pleinement réussie.

On peut même aller plus loin en disant que lorsqu'on parle pour ne rien dire, c'estsouvent notre inconscient qui s'exprime.

Le fou, qui prononce des phrases sans sens ou par ailleurs avec sens, se laisse en réalitésubmerger par son inconscient.

Il n'est plus maître de ses mots et en devient l'esclave.

Il tente par ailleurs d'exprimer quelque chose,mais les mots n'étant pas assez nombreux ou précis pour retransmettre sa pensée, ceci lui est difficile.

En effet, la pensée est undialogue avec soi même et tout ce qui est dit ne peut pas être inutile car cela provient de l'esprit.

Donc, lorsque la folie s'empare dequelqu'un, c'est peut-être que les mots frustrent la pensée.

A ce moment là, tout mot du fou devient essentiel.

En conclusion, les mots prennent tout leur sens dans leur environnement, ils en disent long sur les individus qui les emploient.

On peutdonc dire qu'il est impossible de parler pour ne rien dire.

Il est un abus de langage que de dire que l'on peut parler pour ne rien dire.. »

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