Peut-on réfléchir par L'absurde?

« Prologue I) L'écriture Absurde 1) L'origine de l'écriture absurde Martin EsslinL'écriture absurde s'est développée autour des années 50.

Elle se caractérisait par une rupture totale avec lesgenres classiques de l'époque, c'est-à-dire le drame ou la comédie.

Mais elle n'a pris son nom actuel de Théâtre del'Absurde qu'en 1961 alors qu'un dramaturge anglais, Martin Esslin, essayait de qualifier ce type de littérature enl'analysant à l'aide des textes de Camus et de Sartre.

Par ces analyses il montre que ces pièces de théâtre sontmoins extravagantes qu'elles ne paraissent et qu'elles possèdent une logique propre, cherchant à déterminer uneréalité plus psychologique que physique.

Quant à l'origine de cette pensée elle vient du traumatisme qu'a entrainé laseconde guerre mondiale.

En effet l'homme a pris conscience de toutes les horreurs de cette guerre : en plus d'uncoût humain énorme, les hommes ont été traumatisés par le bafouage des droits de l'homme, la découverte deshorreurs de l'univers concentrationnaire nazi et l'impact des bombes atomiques au Japon.

De plus après cetteguerre, les croyances religieuses sont, pour la première fois, à la baisse et l'évolution inquiétante du monde effraieles gens.

De là est venue la première idée de Camus sur l'absurdité du monde et de la place des humains dans celui-ci : « Je comprends alors pourquoi les doctrines qui m'expliquent tout m'affaiblissent en même temps.

Elles medéchargent du poids de ma propre vie et il faut bien pourtant que je le porte seul » (Le Mythe de Sisyphe). 2) Le but de l'écriture absurde Ce style d'écriture se veut être un miroir de l'époque à laquelle il est apparu, époque où les mentalités changentaprès avoir été perturbées par les guerres.

Les hommes commencent à se poser des questions sur le monde danslequel ils vivent et ces interrogations ressortent des textes absurdes de l'époque.

Ainsi, dans la plupart des pièces,les dramaturges tentent d'exposer une vision absurde de la condition humaine.

Ceci nous est d'ailleurs confirmé lorsd'un discours d'Eugene Ionesco : « l'homme comme perdu dans le monde, toutes ses actions devenant insensées,absurdes, inutiles ».

» » » »Mais ce n'est pas tout : un autre des thèmes exposés dans le théâtre de l'absurde estl'incommunicabilité : le manque de communication entre les hommes.

D'autre part, les dramaturges essaient dedémontrer l'absurdité et l'insécurité de la condition humaine et de son existence, ils dépeignent le comportementhumain qu'ils montrent dans toute son absurdité.

Dans le fond, ils essaient de critiquer leur époque et la façon dontils la vivent.

Par ailleurs les pièces absurdes peuvent parfois être des pièces engagées : ainsi dans Le Roi se meurt,Eugene Ionesco peint Bérenger à la manière des auteurs engagés, c'est-à-dire comme l'homme qu'il est vraiment.Le théâtre de l'absurde a également pour but de reprendre de manière théâtrale les idées philosophiques de Sartreou Camus par exemple même si Ionesco rejetait au début tout lien entre ses écrits et ceux de Camus.3) Etude des caractéristiques du théâtre de l'absurde Une autre notion importante du théâtre de l'absurde est qu'il s'oppose au réalisme au théâtre.

C'est donc un théâtreoù l'on peut tout oser sans se limiter à une quelconque vérité ou réalité On peut relever des caractéristiques qui lui sont propres : a) Le refus du réalisme des personnages et de l'intrigue.

Souvent on ne distingue pas de réelles intrigues dans lespièces malgré une trame narrative clairement présente ; Par exemple la pièce Le Roi se meurt ne présente pas d'intrigue apparente.

Il n'y a pas d'événements, il n'y a quedes monologues intérieurs avec leurs accélérations et leurs divagations.

b) de même le temps n'est pas clairement indiqué et peut être utilisé pour renforcer le caractère absurde par diversmoyens ; Par exemple chez Ionesco :La pendule frappe 17 coups.

Madame Smith : Tiens, il est 9h.La cantatrice chauve, Eugène Ionesco Le pompier : Et ça me rappelle que je dois partir.

Puisque vous n'avez pas l'heure, moi, dans trois quarts d'heure etseize minutes exactement j'ai un incendie à l'autre bout de la ville.

Il faut que je me dépêche.

Bien que ce ne soitpas grand-chose.La cantatrice chauve, Eugène Ionesco Marguerite : Tu vas mourir dans une heure et demie, tu vas mourir à la fin du spectacle.Le roi se meurt, Eugène IonescoMais également chez Beckett :Lendemain.

Même heure.

Même endroit.(…) L'arbre porte quelques feuilles.En attendant Godot, Samuel Beckett c) le fond des pièces a souvent pour but de faire la satire de la bourgeoisie en se moquant de son langage et de son. »