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Peut-on tout dire ?

Publié le 11/04/2005

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Il a la force de mettre un terme à la peur, d'apaiser la douleur, de produire de la liesse, et d'inciter à la pitié." De plus, il faut bien comprendre que certaines phrases ont des valeurs d'action. Comme le montre Austin, dans Quand dire, c'est faire, il y a des phrases qui ne sont pas descriptives, qui n'énoncent pas de vérité mais se substituent aux actes.  "Quand je dis, à la mairie ou à l'autel, etc., "oui [je le veux]", je ne fais pas un reportage d'un mariage : je me marie." Dès lors, la parole peut faire mal, peut être violente et contraindre l'autre. Elle a donc des conséquences concrètes et il faut réfléchir avant aux possibles effets de notre parole. c) La prudence pédagogique exige certains silences : Socrate se tait là où il ne sait pas mais désire savoir, il diffère l'énonciation de la vérité là où on ne peut encore saisir son bien-fondé. Le langage doit se faire recherche de vérité. Platon déplorait en effet que le langage devienne suffisant à lui-même.

Contrairement à l’animal, l’homme possède le langage. C'est-à-dire la capacité universelle chez l’homme d’exprimer la pensée et de communiquer avec autrui. Ainsi, en tant qu’être libre et rationnel,  le développement du langage a permis à l’homme de s’exprimer en termes de signes vocaux et lui a donné l’impression qu’il peut tout dire.

Cependant, il y a certaines réalités qui apparaissent indescriptibles par les mots comme la conscience. En effet, dès qu’il s’agit de décrire en mot nos sentiments ou nos émotions, on n’y parvient pas réellement : il semblerait que certaines réalités soient infranchissables pour le langage. C’est pourquoi, on peut se demander si nous pouvons tout dire. Le langage humain est-il infini ? N’y a-t-il pas de limites dans le langage ? Si oui, quelles sont-elles ?

 

« véracité et la signification des mots.

" C'est donc sur la définition correcte des dénominations que reposent lepremier usage de la parole, qui est l'acquisition de la science.

Et c'est sûr des définitions incorrectes ou dansl'absence de définitions que repose le premier abus, duquel procèdent toutes les thèses fausses ou absurdes."(Léviathan) Pour Bergson, chaque grande idée prend naissance dans une intuition qui n'est pas verbale, mais émotionnelle.

Ils'agit alors de déployer tous les efforts pour la mettre en mot.

Il dit ainsi des idées géniales : « si ces idées trouventdes mots préexistants pour les exprimer, cela fait l'effet d'une bonne fortune inexprimée ; et, à vrai dire, il a souventfallu aider la chance.

» La pensée se doit donc de faire des efforts pour inventer des nouveaux mots pour bienexprimer la pensée. Alors, les choses que certaines personnes déclarent ne pas pouvoir exprimer tiennent au fait d'une incompétencelinguistique, d'une pauvreté de vocabulaire. Transition : Cependant pour Bergson, les mots ne retrouveront jamais l'expression émotionnelle originelle.

Pour autant que je fasse l'effort de penser, je peux exprimer tout ce que je pense.

Mais toute la vie spirituelle est-elled'ordre intellectuel? Tout le réel est-il d'ordre rationnel? Puis-je exprimer par la parole, par les mots, ce qui se trouveen-deça des mots ? Y-a-t-il un ineffable ? 2) Le langage semble aussi apte à dire ce qui, dans la réalité, échappe au logos (discours) rationnel. a) Il y a un langage pour exprimer la singularité de la réalité vécue et sentie : La création poétique chante parévocation ce que le langage usuel, trop général, n'est pas fait pour exprimer.

Schopenhauer avait bien entrevu quela parole ne pouvait que réduire la réalité de la chose nommée.

Mais il est possible en travaillant sur le langaged'arriver à la signifier, à faire advenir l'irreprésentable.

Il faut donc selon lui faire comme les poètes, tout le tempsmêler les mots, mélanger les concepts dans une même parole pour que de ce choc, de ce mélange sorte unpressentiment de ce qu'est la réalité. "De même que le chimiste en combinant des liquides entièrement clairs et transparents obtient un précipité, demême le poète tire de la généralité abstraite et transparente des concepts, par la manière dont il les unie, leconcret, l'individuel, la représentation intuitive." ( Monde comme représentation et comme volonté ) b) Il y a un langage pour exprimer nos inconscientes et indicibles souffrances : Les libres associations de la cureanalytique, énoncées sans interdit ni impératif logique, laissent «ça» parler en moi.

L'inconscient est paru pendantcomme l'ineffable.

Pourtant Freud a élaboré une technique qui permet au patient de parler en laissant advenir lesidées inconscientes.

Il s'agit pour cela d'essayer de réduire au maximum le contrôle et le choix de nos mots, de nosparoles pour les laisser s'enchaîner les unes aux autres. Les surréalistes ont repris la technique dans leur création artistique.

Breton a ainsi essayé d'écrire en écritureautomatique certains livres.

Selon eux, cette méthode permettait de faire naître de nouvelles choses, donner auxmots ainsi enchaînés une nouvelle signification, une nouvelle importance. c) Il y a un langage pour exprimer L'Un ineffable qui est au-delà de l'intelligence : La théologie négative peut dire ceque Dieu n'est pas, exprimant latéralement son infinie transcendance."De Dieu, nous ne savons pas ce qu'il est maisseulement ce qu'il n'est pas" : cette formule thomasienne devenue emblématique vient de Plotin.

Pour GillesDeleuze, pendant tout le moyen âge s'est posé le problème de comment dire Dieu : or Dieu est au-dessus de ce quiest dicible.

Il a alors fallu inventer un langage pour exprimer Dieu parce qu'il n'est pas.

En parlant de Dieu sur lemode de la négation, je dis aussi par là ce qu'il est.

« Voilà que la théologie négative a inventé tout un langage où lanégation est affirmation parce que l'affirmation est affirmation éminente.

Dès lors, le signe, les mots de ce langage,auront fondamentalement plusieurs sens.

» Les poètes mystiques tels Angelus Silesius ont fait de très beaux poèmes sur cette approche de Dieu en jouant surle langage et ses polysémies. Transition : Si par le langage on peut tout exprimer - même ce qui est en deçà et au-delà du logos - est-ce à dire que l'on doit toujours s'autoriser à dire, dès lors que L'on peut dire ? 3) La responsabilité à l'égard de ceux à qui on parle n'autorise pas à tout dire. a) En démocratie, la liberté d'expression des opinions doit rencontrer des limites légales On s'exprime librement, tantque ses opinions ne visent pas à détruire les principes démocratiques. La déclaration des droits de l'homme pose ainsi des restrictions à la liberté d'expression, restrictions qui incombent à la loi de poser.

Ainsi, les propos racistes,homophobes ou antisémites sont interdits par la loi.

De même que la propagande pour la guerre.

C'est parce que laparole a un pouvoir et peut blesser l'autre personne.

Elle peut aussi mener à la haine et à des atrocités.

Voyezcomment l'efficacité et les effets des discours d'Hitler. Dès lors, je ne peux pas dire quelque chose qui porte atteinte à la dignité humaine et la parole est autant punie queles actes.. »

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