Devoir de Philosophie

Peut-on tout nous faire croire ?

Publié le 02/04/2005

Extrait du document

 

La question ici présente nous incite à analyser philosophiquement les notions de croyance, de persuasion, de naïveté, de pouvoir d'influence... La croyance humaine – au demeurant encore pertinente dans nos sociétés contemporaines (avec les religions ou d'autres spéculations sur une certaine réalité suprasensible) – prend alors ici une connotation péjorative car exprimée au travers de la possibilité d'un pouvoir d'influence, de manipulation, de duperie des consciences. Nous avons tous présents à l'esprit de nombreux exemples de personnes s'étant faites « roulées «, pire, « manipulées « (par des sectes, des publicités mensongères, des maîtres bonimenteurs...), et que l'on juge alors, sans doute trop rapidement, comme étant des personnes naïves. Trop rapidement car nous n'avons pas toujours la lucidité ou le courage d'admettre que nous aussi, à un moment ou un autre, nous avons également été le « dindon de la farce « de quelqu'un.

Le mérite de cette interrogation est d'engager la pensée philosophique sur la problématique du rapport entre croyance et persuasion dans le cadre des relations humaines. En effet, deux questions se posent de manière sous-jacente :

 

  • Existe-t-il une méthode de persuasion infaillible ?

  • Ou alors est-ce la nature humaine qui est fondamentalement naïve, influençable ?

 

 

I) Les méthodes de persuasion

 

II) Un humain besoin de croire

 

 

« du vouloir-vivre aveugle.

Illusion, enfin, de l' « égoïsme » forcené, lié au principe d'individuation masquant l'unitéoriginelle (la Volonté) des êtres.

Du point de vue politique à présent, rappelons-nous que les sophistes, mais surtout Machiavel (cf.

Le Prince ), posèrent les bases de ce que nous connaissons aujourd'hui dans le jeu des politiciens.

Machiavel reconnu l'usagenécessaire du mensonge et de la force pour que survive, à tous prix, l'Etat.

Le Pouvoir unitaire étatique serait alorscette nécessité légitimant la raison d'Etat, le mensonge, la tromperie et, en dernier recours, la force coercitive.

Serions-nous, alors l'espèce influençable et influencée par excellence, celle qui est dupée en son fonds et dans toutson être par un pouvoir transcendant absolu ? II) Un humain besoin de croire Ici se pose la question cruciale de la croyance.

En effet, affirmer l'existence d'une puissance transcendante, c'estposer la question de l'existence de Dieu.

Mais, à l'instar de Descartes, poser une puissance absolue de manipulation et de duperie des consciences, c'estfaire l'hypothèse d'un « malin génie » (cf.

Discours de la méthode ).

Descartes, cherchant à refonder une connaissance qui soit indubitable et certaine, se met à douter de toute chose qui ne serait pas sûre, claire,évidente.

Il érige le doute en méthode, puisqu'il ne souhaite plus croire, mais savoir vraiment.

Dès lors l'hypothèse« hyperbolique » (exagérée intentionnellement) du malin génie est posée par Descartes.

Serait-il possible que toutemon existence ne soit qu'une illusion générée par un dieu malin qui ne chercherait qu'à me tromper, se demandeDescartes ? Avec Descartes, nous pouvons, dans le cadre de notre question, nous demander si ce malin génie, cedieu malin, pourrait me rendre toute cette illusion crédible ? Descartes pousse alors le doute dans son extrême,allant jusqu'à douter de sa propre existence.

Ne serait-elle pas, après tout, comme oeuvre d'un malin génie, pure ettotale illusion ? C'est justement à cet endroit du doute extrême que Descartes va trouver le point pivot de toute saphilosophie, la certitude indubitable.

Dieu pourrait certes faire ne sorte que tout ce que je ressens, vois, crois,pense, ne soit qu'illusion.

Mais ce qu'il ne peut pas faire, c'est m'empêcher de penser à cela, de douter ! Dès lors ledoute extrême, celui qui consiste à douter de sa propre existence, délivre la clé même de la solution dans sonenchainement logique : dieu peut faire ce qu'il veut, je doute, je pense.

Et puisque je pense et que je doute, c'estla preuve que j'existe vraiment ( ego cogito ; ego sum ; ego existo : je pense ; je suis ; j'existe).

Cette logique, qui a valeur de vérité fondamentale et indubitable, me permet d'en tirer un autre enseignement.

Si je peux être certainde la réalité de mon existence, je sais alors que Dieu n'est pas trompeur.

Dès lors la connaissance devient possibleet recouvre, progressivement, toute croyance du sceau de l'enchaînement des évidences logiques, des vérités.

Enfin, remarquons un autre élément de la question qui, jusqu'à présent, était demeuré implicite.

Si l'homme estoriginellement un être ignorant et croyant, peut être que cela signifie qu'il a besoin de croire ?Kant s'est, à sa manière, posé cette question.

Cherchant, dans la perspective d'une méthode « critique »(détermination des limites et des possibilités d'une chose), à poser une théorie de la connaissance, l'allemand en estvenu à considérer l'espoir humain.

Sous la forme « que m'est-il permis d'espérer ? » Kant reconnaît qu'au-delà de laconnaissance et de la morale, l'homme a viscéralement besoin de croire en quelque chose de l'ordre d'une finalité.Pourquoi devrais-je connaître et me conduire moralement si cela ne m'apporte rien ? Kant entrouvre alors lapossibilité d'une espérance, d'un paradis supra-terrestre (un « règne des fins » ; cf.

Critique de la raison pure et Critique de la faculté de juger ), d'une contrepartie à sa souffrance et à ses obligations morales.

Le fait est que Kant lui-même, tout inscrit dans une théorie rigoureuse et limitative de la connaissance, en vient à laisser une place à lafoi et à la croyance.

Cette croyance, besoin viscéral, est sans doute un moteur permettant à l'homme d'agirconformément à la morale.

Toujours est-il que Kant reconnaît également que l'homme n'est pas moralement pur, qu'ilest fait d'un « bois courbe ».

c'est reconnaître que, dans les relations humaines, il existe toujours des trompeurs,des canailles, qui, pour servir leurs vils intérêts, sont toujours prêts à nous faire croire n'importe quoi ! Conclusion Aux pratiques et méthodes ancestrales de persuasion et de duperie, répond symétriquement un viscéral besoinhumain de croire. Reconnaissons cependant que la nature n'est pas égale, conférant à certains plus de ruse et à d'autres plus denaïveté.

Tout ce que l'homme peut accepter de croire, c'est sans doute – rappelons-nous de la leçonsophistique – ce qui répond à ses désirs les plus profonds.

On peut alors faire tout croire à celui qui veut etdésire tout.

Sans doute est-ce là la définition la plus pragmatique de la naïveté humaine.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles