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Pic de la Mirandole et l'humanisme

Publié le 01/04/2015

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humanisme

Pour être plus clair encore peut-être, ce n'est nullement le caractère traditionnel, voire réfractaire à l'innovation qu'admire Sartre (comme Lévi-Strauss ou Clastres le font), mais tout au contraire la capacité des Africains, et plus généralement des colonisés, à prendre en charge leur destin au sein de ce qu'on nomme à l'époque les «mouvements de libération nationale«, mouvements dont les idéologies doivent à peu près tout (l'idée de nation, celle de révolution, la référence au marxisme, à l'impérialisme, etc.) à l'Occident colonisateur moderne.

 

Où l'on voit comment ce premier humanisme n'est universaliste, pour ainsi dire, qu'à moitié.

 

incapable qu'elle est d'accorder à celui qui n'est pas assez entré dans l'histoire à ses yeux un statut autre que celui de l'infériorité.

 

Nous verrons, dans une autre leçon, comment ce que j'appelle le «deuxième humanisme«, celui qui fait suite à ce que j'ai aussi appelé la «révolution de l'amour«, c'est-à-dire l'invention, en Europe, de la famille moderne fondée sur le mariage choisi, non plus sur le mariage arrangé par les familles, mais choisi par les jeunes gens par et pour l'amour, n'aura, au contraire du premier, aucune difficulté à critiquer la colonisation, à dénoncer les méfaits de l'impérialisme pour faire enfin droit à l'altérité des formes de vie différentes de celles que l'Europe moderne a privilégiées.

 

Pour prendre un exemple simple, mais peu contestable, le passage de la logique coloniale à celle de l'Aide publique au développement, avec sa recherche de «financements innovants«, quoi qu'on pense par ailleurs de son efficacité, de ses insuffisances ou de ses suffisances, témoigne à l'évidence d'un changement d'attitude si profond qu'il serait vain de vouloir le nier en accusant encore et toujours les pays occidentaux de «néocolonialisme«.

 

La vérité, c'est que le colonialisme est mort et enterré.

 

Hors à l'extrême droite, ou chez quelques néo-républi-cains qui n'ont pas compris le sens de ces évolutions, on ne trouve plus guère de voix pour le défendre en Europe.

 

Le souci de l'aide, mais, bien plus profondément, le regard ethnologique sur l'altérité, a remplacé définitivement celui de l'éducation forcée et nul ne peut sérieusement contester l'importance de ce changement d'attitude radical sur le plan éthique.

 

Plutôt que de nier cette réalité, il faudra tenter de la comprendre, tenter de saisir ce qui, dans le second humanisme, a pu venir corriger les méfaits du premier tout en conservant ce qu'il avait de grandiose.

 

Mais c'est une autre histoire, sur laquelle nous reviendrons bientôt.

 

J'espère du moins vous avoir montré à quel point les principes philosophiques qui ont présidé à la naissance de cette belle tradition humaniste sont profonds, puissants, et curieusement encore aujourd'hui trop souvent méconnus.

 

Pic de la Mirandole a vécu à la fin du Quattrocento ---ces «années 1400« de la première Renaissance italienne qui constituèrent le berceau de l'humanisme.

 

Si le terme d'humanisme ne date que de la seconde moitié du xixe siècle, ceux que les historiens présentent comme les humanistes italiens du Quattrocento parlaient déjà de rinascità, renaissance, conscients qu'ils étaient de vivre une époque particulièrement créative, marquée par l'ambition de régénérer le christianisme au moyen de la redécouverte des grandes oeuvres antiques.

 

humanisme

« Nous avons vu, dans une leçon précédente, comment les grandes philosophies ont été construites, dans !'Antiquité, autour de la notion d'ordre cosmique.

Au moment où Zeus remporte la bataille contre les premiers dieux, les Titans, au moment où il établit l'ordre du monde, il instaure ce que les Grecs nomment un« cosmos »,un ordre parfait du monde, juste, harmonieux, beau et bon.

Et c'est par rapport à ce cosmos que les philosophes vont définir la vie bonne.

Nous avons vu aussi comment, dans L'Odyssée d'Homère, le premier texte écrit en grec, au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, tout le but du voyage d'Ulysse était de retrouver son lieu naturel dans cet ordre cosmique, à Ithaque, cet endroit où il a son palais et sa famille, cet endroit du monde qu'il a dû quitter à cause de la guerre de Troie, tout le sens de sa vie étant de reprendre sa place à Ithaque.

La révolution judéo-chrétienne introduira une rupture par rapport au monde grec : la vie bienheureuse ne se définira plus par rapport à l'ordre cosmique, mais par rapport à un Dieu, et tout particulièrement par rapport à la promesse faite par Jésus que nous pouvons être sauvés par l'amour.

Je n'y reviens pas.

Nous allons maintenant découvrir comment les Modernes, lors de ce que l'on pourrait appeler la « révo­ lution de l'humanisme », à partir du XV siècle, ont entre­ pris de fonder la philosophie, la morale et la définition. »

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