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Pierre Louis

Publié le 22/02/2012

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1787-1872 Deux personnages éminents en médecine ont porté ce nom. L'un était chirurgien, le baron Louis. L'autre ne fut que médecin et l'ingratitude des générations ne lui a que rarement rendu hommage. Et pourtant il a fait partie, à la suite de Bayle et de Laennec de ce petit groupe de médecins du XIXe siècle qui ont créé la pathologie moderne. Lui-même, le premier et presque seul contre tous, en a exposé les méthodes. Il était né le 14 avril 1787, à Ay en Champagne, d'une famille de petite bourgeoisie, se composant de notaires et aussi de vignerons. Son père, négociant en vins, mourut trop tôt (il n'avait que cinq ans) pour avoir sur lui la moindre influence. Pas d'influence maternelle non plus : sa mère, remariée presque immédiatement, laissa ses enfants aux soins d'une belle-sOeur qui, entraînée elle-même dans l'émigration à la suite du comte de Saint-Priest, laisse le jeune Pierre-Charles-Alexandre se débrouiller comme il pourra. Il fait tout de même des études classiques suffisantes, devient clerc d'avoué, lâche le droit pour passer à la médecine, la commence à Reims et la termine à Paris, passe une thèse sans éclat en 1813, à vingt-six ans, cherche à se créer, dans le quartier Saint-Honoré, une clientèle médicale qui ne vient pas et, en 1814, part pour la Russie, à la suite d'un des fils du comte de Saint-Priest, qui est passé au service du tsar et vient d'être nommé gouverneur de Podolie. Une fois arrivé en Russie, il cherche à nouveau sa voie, finit par s'installer à Odessa où il "réussit bien", au gré de l'opinion mais pas à son gré, car il se rend compte des défauts de son instruction médicale. Pour la compléter, il rentre à Paris, en 1820 Il y arrive sans argent, sans clientèle, mais avec ce que nous appellerions un "goût de la recherche" insatiable, auquel il sacrifie tout. A peine arrivé, il endoctrine Chomel.

« Il a été bon médecin en même temps qu'un grand médecin : un bon médecin parce qu'il faisait consciencieusementson métier, cherchant avant tout, pour ses malades, à leur rendre service, quelles que fussent leurs chances deguérison et leur situation sociale, et n'y épargnant ni son temps ni sa peine ; un bon médecin aussi, parce qu'il étaitcourtois avec ses confrères, compréhensif et cherchant à les tirer d'embarras au lieu de se faire valoir à leursdépens.

Un grand médecin, parce que les petites difficultés quotidiennes de la pratique médicale n'étaient pas pourlui le tout de la médecine, et qu'il voyait dans notre art une science que chacun de ceux qui la professent se doit deperfectionner jusqu'à la limite de ses efforts. Il était arrivé à la connaître à un moment où l'on s'apercevait enfin que les troubles fonctionnels perçus par lemalade, et souvent décrits par lui avec tant de complaisance, les symptômes en un mot, ne permettent que trèsincomplètement de distinguer les maladies les unes des autres et de les classer, L'étude des lésions des organes internes commençait à battre son plein : elle venait de servir à Laennec à créertoute une pathologie pulmonaire qui "tient" encore dans ses grandes lignes aujourd'hui.

Laennec avait montré qu'onpeut parfois découvrir la lésion des organes internes sur le vivant par des procédés d'exploration physique qui ladécèlent directement, par des signes, dont l'auscultation fournissait les plus remarquables. Lors de cette entrée de la lésion dans la pathologie, la méthode anatomo-clinique, dont elle rendait l'applicationnécessaire, n'était pas codifiée.

C'est Louis qui s'en était chargé dans les Règles de l'examen des malades et de larecherche des faits généraux.

C'est pour enseigner son application à ses contemporains qu'il les groupait dans laSociété médicale d'observation, dont il était le président perpétuel. De ses préceptes, deux idées fondamentales se dégagent : I° La nécessité de prendre des observations cliniques complètes, de faire un interrogatoire, une exploration physiquequi ne négligent aucune possibilité clinique, aucune méthode d'examen connue, si évident que paraisse le diagnosticau premier abord. 2° nécessité corrélative d'avoir des archives cliniques minutieusement tenues, où les observations soient classéesde telle façon qu'on puisse les retrouver facilement pour les comparer et, si possible, réduire en chiffres leursenseignements. Sans doute on peut faire des critiques à la méthode d'observation systématique et à la méthode numérique, à celle"qui croit, en comptant, faire de la véritable science" et qui méconnaît l'art des grands observateurs.

En fait, lesgrands observateurs qui peuvent faire des découvertes géniales en dehors de cette méthode ne sont qu'en trèspetit nombre (s'ils existent) et on ne les reconnaît qu'après coup, une fois vérifiée la valeur de leurs découvertes.

Ilfaut l'épreuve du temps pour cela.

Décrivant en quelques mots, au bas d'une page de l'Auscultation médiate, uneautopsie d'alcoolique, Laennec ouvre l'étude des cirrhoses du foie.

Mais il n'y a qu'un Laennec, et ses découvertes, ilest loin de les avoir toujours faites par intuition.. »

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