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Pourquoi obéir aux lois ?

Publié le 27/02/2005

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« La large face de la force est attaquée par la pointe de la ruse. » L'homme, rusé, s'adjoint la nature qui va donc représenter un moyen.En résumé, pourquoi obéir aux lois ? Pour les canaliser. à notre profit, pour en faire l'instrument de notre action. Toute la modernité, depuis Bacon et Descartes, relève de cette approche, de cette notion d'une domination de l'homme sur les choses. Se rendre maîtres et possesseurs de la nature, obéir à la légalité pour maîtriser " ce qui semblait un opaque destin, tel est le vrai sens de la pratique humaine. De Descartes, qui affirme que la connaissance de la physique doit nous permettre de maîtriser la nature (Descartes, Discours de la méthode, sixième partie), jusqu'à Engels, pour qui la liberté est la nécessité comprise, le même thème revient : être libre, c'est accepter l'ordre de la nature. « La liberté n'est pas dans une indépendance rêvée à l'égard des lois de la nature, mais dans la connaissance de ces lois et dans la possibilité donnée par là même de les mettre en oeuvre méthodiquement pour des fins déterminées. Cela est vrai aussi bien des lois de la nature extérieure que de celles qui régissent l'existence physique et psychique de l'homme lui-même [.

-Tout individu naît dans un cadre donné de légalité, qu'il s'agisse de lois morales, politiques ou naturelles, auxquelles il doit obéir.

-Cet état particulier de l'homme qui fait de lui un être soumis à la légalité, n'est précisément pas choisi par lui ; c'est la raison pour laquelle il peut être amené se poser la question de la légitimité d'une telle obéissance à cela même qu'il n'a pas choisi. Car si l'on ne peut pas ne pas obéir aux lois de la nature, il n'en va pas de même pour les lois morales et civiles.

-Quelle est donc la finalité de la loi pour l'individu ? Quel est le sens de sa soumission à la loi ? Quelle(s) raison(s) décisive(s) doivent-elles être arguées pour que l'individu choisisse librement d'obéir à des lois qu'il n'a pas originairement choisies ?

« régissent l'existence physique et psychique de l'homme lui-même [...].

La liberté consiste par conséquent dansl'empire sur nous-mêmes et sur la nature extérieure, fondé sur la connaissance des nécessités naturelles.

» (Engels,Anti-Dühring, Éditions sociales, p.

142)Se soumettre aux lois de la nature pour s'en rendre maîtres, fort bien.

Mais n'existe-t-il pas une loi plus proche del'esprit humain, à laquelle il nous faudrait obéir ? Toute loi désigne-t-elle bien un rapport invariable entre lesphénomènes ? B.

Pourquoi s'incliner devant la loi morale et lui obéir ? Il existe, en effet, une loi plus conforme à l'essence de l'homme, la norme morale s'imposant au sujet sous l'aspectde l'impératif catégorique Tu dois, et ceci sans condition...

Agis de telle sorte que tu puisses vouloir que la maximede ton action soit considérée comme une loi universelle.

Obéis au devoir, à la loi étrangère à tout mobile empiriquede la sensibilité. Le devoir est une loi de la raison. «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autretoujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen.» Kant, Fondements de lamétaphysique des moeurs (1785). • L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christique quant à son fondement.

En effet lecommandement d'amour du Christ vient de l'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescritl'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératif kantien vient, lui, de la raison.

C'est en nous-mêmes que nous letrouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notre moralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous commeune règle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les«aimer».

C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux la dignitéhumaine. Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel. Mais pourquoi obéir à la morale, qui humilie précisément notre libre spontanéité et nos penchants ? Être libre, n'est-ce pas précisément vivre au gré de nos désirs et impulsions, favoriser le jeu de la sensibilité et des affections ?Pourquoi l'obéissance à un devoir humiliant, comme Kant nous le montre, penchants et désirs, vie sensible etdonnées empiriques, puisque seule compte l'obéissance à une loi formelle et universelle domptant le désir ?Mais, en vérité, se soumettre à l'universel de la loi, c'est accéder à l'autonomie.

Et, en effet, l'affaiblissement del'influence des penchants, loin d'être asservissement ou esclavage, est accès à la liberté.

Être libre, n'est-ce pasaccéder à une volonté rationnelle, s'élever à un mode de vouloir proprement humain ? Or, ce mode de vouloir vaexclure la spontanéité immédiate, plus proche de l'animalité que de l'humanité.

Être libre, pratiquement, c'est serendre indépendant des penchants, des caprices, de la spontanéité telle qu'elle est donnée.

Pourquoi donc obéir à laloi morale ? Pour accéder à l'autonomie et opter soi-même pour la loi de la raison.

« L'autonomie de la volonté estcette propriété qu'a la volonté d'être à elle-même sa loi [...].

Le principe de l'autonomie est donc d'opter toujours detelle sorte que la volonté puisse considérer les maximes qui déterminent son choix, comme des lois universelles, dansce même acte de vouloir.

» (Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Lagrange, p.

90).En somme, pourquoi se soumettre au devoir ? Parce qu'alors je règle ma volonté sur l'idée formelle de loi et parcequ'ainsi j'accède à une saisie en quelque sorte « intelligible » de moi-même : indépendant à l'égard desdéterminations naturelles, à l'égard du mécanisme de la nature entière, je deviens cet être qui se soumetvolontairement à la loi de la raison, qui met à distance toute détermination externe.

Devoir, nom sublime et grand !Tel est le cri de Kant dans la Critique de la raison pratique quand se taisent tous les penchants, alors surgit la «personnalité », comme autonomie du sujet moral.Après Rousseau, Kant nous montre que l'obéissance à la loi que l'on se prescrit est liberté.

Mais cet ordre kantien dela moralité n'annonce-t-il pas l'ordre social ? C.

Pourquoi s'incliner devant la loi civile ou politique ? Tout comme la loi scientifique et la légalité éthique, la loi politique paraît m'enchaîner bien davantage qu'elle ne melibère.

Pourquoi donc s'incliner devant elle, alors qu'elle semble nous contraindre ? Émanant du pouvoir politique, etce dans le but d'organiser et de régir l'activité d'un ensemble social, n'est-elle pas de l'ordre de la contrainte ?Quand le citoyen se soumet à un ensemble légal qui le dépasse, quand il saisit que la sanction peut suivre toutetransgression, alors ne subit-il pas durement le poids des lois civiles, qui commandent pour tous ? Expressions del'organisation de la vie sociale, les lois civiles humilient et domptent la subjectivité.

Nous retrouvons ici lephénomène analysé à propos de l'impératif catégorique : les lois issues de l'État ne limitent-elles pas nos librespenchants ? Pourquoi donc s'incliner devant elles ?Toutefois, il est permis, avec Montesquieu, de poser la question : être libre politiquement, est-ce bien faire ce quel'on veut ? Est-ce bien se livrer au caprice ou à l'arbitraire ? L'arbitraire pèsera finalement sur chaque citoyen.Apparemment plaisant, semblant sauvegarder la jouissance, ne conduit-il pas finalement au despotisme ? Si chacunfait ce qu'il veut, alors la crainte s'emparera de l'ensemble de la société.

La liberté consiste donc à obéir aux lois.Pour quelle raison ultime faut-il s'incliner devant la loi ? Parce que loi et liberté sont liées : « La liberté politique ne. »

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