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Pourquoi parle-t-on ?

Publié le 27/02/2005

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La cause du langage se trouve donc ailleurs, car si les bêtes expriment des passions, il n'y a pourtant pas chez elles de véritable langage. Descartes fournit une réponse avec la thèse de l'animal-machine : étant dépourvus d'âme et de raison, l'animal se trouve naturellement dépourvu de langage, il y a donc une corrélation évidente entre la pensée et le langage ; par ailleurs, cette idée se trouve déjà, par exemple, chez Platon, qui affirmera, par la bouche de Socrate, que la pensée constitue un dialogue intérieur de l'âme avec elle-même : l'on parle donc pour penser, peu importe que cette parole soir oralisée ou non ; elle constitue une figure de dédoublement du sujet pensant, qui s'adresse à lui-même comme à un interlocuteur. La pensée trouve donc une origine qui n'a pas lieu dans les passions, contrairement aux autres animaux : l'homme emploie des signes linguistiques pour communiquer des pensées, et l'absence de ces signes chez les animaux montrent précisément qu'ils ne pensent pas. Plus que le critère politique, c'est donc le critère rationnel qu'il faut ici retenir pour déterminer la cause première du langage humain.     III. Parler, c'est activer autant la nature rationnelle que sociale de l'homme : car parler, c'est avant tout interagir (Habermas)   Habermas (Morale et Communication) : le langage implique nécessairement, d'une part, la nature sociale de l'homme ou, plus précisément, l'intersubjectivité dans laquelle il évolue ; et d'autre part, il implique aussi sa nature rationnelle, car parler c'est être rationnellement motivé par l'autre pour agir conjointement. Habermas oppose deux types d'activités humaines : d'une part, l'activité stratégique, qui constitue l'activité où l'on manipule l'autre, où l'on influe sur l'autre pour obtenir la continuation de l'interaction ; d'autre part, l'activité communicationnelle, où chacun est motivé rationnellement par l'autre pour agir conjointement. Le langage est donc essentiellement communication, et c'est à travers elle que les hommes parviennent rationnellement à une entente, laquelle est obtenue à la mesure de la reconnaissance intersubjective des exigences de validité. Ainsi, le langage est en lui-même porteur de socialité et de rationnalité, à partir du moment où les individus qui en prennent la charge acceptent d'entrer dans le communicationnel, c'est-à-dire dans le libre débat intersubjectif à partir duquel des accords pourront être noués, ces accords dépendant de certaines exigences de validité eux-mêmes fixés par le débat. Toute action, rendue possible par le communicationnel, est donc avant tout interaction.

- Parler, c'est produire par la voix un certain langage, dans une langue donnée ; et une langue, c'est un système de signes linguistiques organisés ; il n'y a donc de parole que selon un langage articulé et symbolique (cf. Aristote, De l'Interprétation, 1).

- Comme le remarque Aristote, le langage articulé est le propre de l'homme ; il est donc naturel, si l'on veut déterminer les raisons de la faculté humaine de la parole, de voir ce qui constitue encore le propre de l'homme.

- Selon Aristote, deux autres caractéristiques sont définitoires de l'homme, et ce qu'elles lui appartiennent en propre : sa nature socio-politique, et sa nature rationnelle.

- Ainsi, le langage humain tient-il à la nature socio-politique et rationnelle de l'homme ? Ou bien faut-il en rechercher la cause en amont de ces caractéristiques ? Le langage ne constitue-t-il pas une faculté qui dépasse les autres carctéristiques propres de l'homme, tout en les fondant ?

« Ne pas appartenir à la « polis », lei d'humanité, c'est être soit infra-humain, soit supra-humain.L'exposé d'Aristote reprend la conception classique de la cité au sens grec.

La cité n'est pas un Etat (forme barbare pour les Grecs), elle n'est pasliée à un territoire (comme aujourd'hui où la citoyenneté se définit d'abord par référence au sol, à la « patrie »).

La cité est une communauté d'hommes, vivant sous les mêmes mois et adorant les mêmes dieux.

L'idéal grec est celui d'un groupe d'hommes pouvant tous se connaîtrepersonnellement.

L'idéal politique est donc celui d'une communauté d'hommes libres (non asservis par le travail et les nécessités vitales, disposantde loisirs) et unis par la « philia ». Quand les contemporains parlent « d'animal social », ou quand Marx déclare que l'homme est « animal politique », ce ‘est pas au même sens que les Grecs.

La polis n'est pas une communauté économique, au contraire : elle naît quand on peut s'affranchir de la contrainte économique etdisposer de loisirs.

Ainsi les esclaves ne sont-ils pas citoyens, ainsi le statut des artisans est-il difficile (Aristote dit qu'ils sont en « esclavage limité »).

Le travail est ressenti comme une nécessité (vitale, économique) et la « polis » est un lieu de liberté. Enfin Aristote polémique avec Platon. Pour ce dernier, les liens d'autorité sont les mêmes pour le chef de famille, le chef politique, le maître d'esclaves.

Ces types de gouvernement ne différent que par le nombre d'individus sur lesquels ils s'exercent.

Or, Aristote restitue des différences,selon que l'autorité s'exerce sur un être déficient, comme est censé l'être l'esclave, des êtres libres mais inférieurs comme le seraient la femme etl'enfant, ou encore entre égaux, ce qui est le cas proprement politique.Le pouvoir politique s'exerce donc au sein d'hommes libres et égaux.

Par suite, il n'a aucune mesure avec le pouvoir paternel.

Dans unecommunauté politique, nul ne peut se prévaloir d'une supériorité de nature pour gouverner : ainsi chaque individu sera-t-il alternativementgouvernant et gouverné.

L'idéal de la « polis » exige que chacun puisse, en tant qu'homme libre, égal aux autres, prétendre au pouvoir pour un laps de temps déterminé.Les modernes renieront, en un sens, l'enseignement d'Aristote, en faisant de l'individu souverain un être autonome, indépendant, capable dedécider pour lui-même de ses actions.

Toute la tradition politique dont notre monde est issu rejettera l'idée que : « La cité est antérieure à chacun de nous pris individuellement. » II.

Mais il n'y a pas de parole sans cohérence et sans rationalité : onparle aussi et surtout pour penser (Descartes).

Descartes ( Lettre au marquis de Newcastle ) : les bêtes, contrairement à l'homme, ne parlent pas, et pourtant nombre d'entre elles sont également desêtres vivant en société.

La cause du langage se trouve donc ailleurs, car siles bêtes expriment des passions, il n'y a pourtant pas chez elles de véritablelangage.

Descartes fournit une réponse avec la thèse de l'animal-machine :étant dépourvus d'âme et de raison, l'animal se trouve naturellementdépourvu de langage, il y a donc une corrélation évidente entre la pensée etle langage ; par ailleurs, cette idée se trouve déjà, par exemple, chez Platon,qui affirmera, par la bouche de Socrate, que la pensée constitue un dialogueintérieur de l'âme avec elle-même : l'on parle donc pour penser, peu importeque cette parole soir oralisée ou non ; elle constitue une figure dedédoublement du sujet pensant, qui s'adresse à lui-même comme à uninterlocuteur.

La pensée trouve donc une origine qui n'a pas lieu dans lespassions, contrairement aux autres animaux : l'homme emploie des signeslinguistiques pour communiquer des pensées, et l'absence de ces signes chezles animaux montrent précisément qu'ils ne pensent pas.

Plus que le critèrepolitique, c'est donc le critère rationnel qu'il faut ici retenir pour déterminer lacause première du langage humain.

Tous les hommes sans exception, même fous ou stupides, sont capables de parler ou d'employer des signes pourfaire connaître leur pensée.

Au contraire, il n'existe aucun animal qui soit capable d'employer le langage, sinon pourle répéter sans le comprendre (les pies ou les perroquets par exemple).

Si les animaux ne parlent pas, ce n'est doncpas par défaut d'organes convenables - les imitations peuvent être très bonnes pour certains oiseaux -, mais ils nepensent pas ce qu'ils disent, et ne sont pas capables d'inventer un système de signes pour se faire comprendre.Seul l'homme dispose d'une raison, les animaux n'en ont aucune.

Même l'animal le plus doué n'est pas capabled'égaler l'enfant le plus stupide.

Enfin, si les animaux avaient la moindre trace de raison, ils seraient en mesure denous le faire savoir, ce qui n'a jamais eu lieu.

La faculté de langage est donc étroitement liée à la raison : elle ytrouve son origine et sa capacité de développement.

Parler ne consiste donc pas à associer des mots, mais àpenser ce que l'on dit, et à dire ce que l'on pense.

III.

Parler, c'est activer autant la nature rationnelle que sociale de l'homme : car parler, c'est avant toutinteragir (Habermas) Habermas ( Morale et Communication ) : le langage implique nécessairement, d'une part, la nature sociale de l'homme ou, plus précisément, l'intersubjectivité dans laquelle il évolue ; et d'autre part, il implique aussi sa naturerationnelle, car parler c'est être rationnellement motivé par l'autre pour agir conjointement.

Habermas oppose deuxtypes d'activités humaines : d'une part, l'activité stratégique, qui constitue l'activité où l'on manipule l'autre, où l'oninflue sur l'autre pour obtenir la continuation de l'interaction ; d'autre part, l'activité communicationnelle, où chacun est motivé rationnellement par l'autre pour agir conjointement.

Le langage est donc essentiellement communication,et c'est à travers elle que les hommes parviennent rationnellement à une entente, laquelle est obtenue à la mesure. »

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