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Pourquoi parle-t-on ?

Publié le 27/02/2008

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Nous consommons un haut débit de mots fournis par la voie de la télévision, de la radio ; par des débats, des discussions professionnelles ou entre amis, des confessions, des déclarations ; ou simplement par la voie du parler pour parler, s'entendre articuler des mots, des phrases. Nous parlons sans arrêt  et si ce n'est en proférant des paroles, c'est en nous parlant à nous même, nous pensons, avec des mots, peut être même sans. Il y en a même qui parlent en dormant. Alors peut-on oser se demander pourquoi nous parlons? Nous usons sans cesse du langage et nous allons cette fois encore répondre de ce langage en discutant avec des proches de cette question. Pourquoi en sommes nous dépendant? De quelle source naît cette nécessité? Et jusqu'où peut aller l'expression de nos pensées? oui, faut-il tout dire? C'est à l'aide de la philosophie mais aussi de la linguistique et de la psychanalyse que je vais tenter d'expliquer l'importance de l'origine du langage et ses implications dans la construction de la psyché humaine et les limites du langage parlé qui laisse place à la singularité de la pensée.

« ne sont pas régies par les mêmes nécessités.

Il existe une grande diversité culturelle et linguistique et ³chaquelangue, chaque culture, dit encore Benveniste, met en oeuvre un appareil spécifique de symboles en lequels'identifie chaque société².

Alors quelle richesse de perceptions peut être doté un enfant qui a grandi dans plusieurslangues! -le langage naît aussi avec les sentiments -les rapports maître-élève passent pas la parole vivante Au Japon, la codification de la relation à l'autre n'est pas instituée pour dire, mais pour signifier un message qui seracompris bien au delà de ce qui a été dit.

En France au contraire, la première préoccupation de ³l'émetteur² est quele ³récepteur² comprenne le message le plus fidèlement à ce qui a voulu être signifié.

Le désir le plus profond de laromancière Marguerite Duras était de trouver le mot et la formulation la plus juste et la plus fidèle à sareprésentation.

C'est ce qui définit plus ou moins la ³parole parlante² de Merleau-Ponty qui exprime l'intentionsignificative.

C'est l'énonciation de celui qui parle et qui dit.

La ³parole parlée² par contre, c'est le mot en lui même,la phrase et sa grammaire, sa syntaxe et son style.

C'est ce qu'on acquiert avec l'apprentissage.

C'est ce qu'onpeut développer par l'étude.

Mais c'est aussi ce qui demande l'effort. cf aussi Beckett (" pour une oui...

pour un non...) Car le mot est un effort.

L'articuler est un effort.

Le penser est un effort.

b Car le mot n'est pas inné, mais acquiset pour développer cet acquis, il faut s'efforcer à apprendre.

L'effort crée la limite.

Et dans l'effort, on peut aller plusloin que la limite.

En sport, elle est constamment surpassée car le but d'un sportif est de dépasser ses propreslimites en développant sans cesse ses capacités, et de dépasser celles des autres pour devenir le meilleur.

mieuxmarquer la présence du corps dans la prise de parole Et à chaque exploit, une nouvelle limite à vaincre qui s'imposecomme un obstacle.

Dans la relation à l'autre, l'entente et le dialogue sont très importants.

On ressent même lebesoin de se faire soi-même comprendre par l'autre et c'est ainsi qu'on peut vaincre ses propres peurs.

Grâce à ceteffort, on peut traverser les obstacles.

Sans cet effort, aucun dialogue n'est possible et c'est comme parler à unmur et se buter à la solitude. Parfois, on se contente en silence de laisser aller nos pensées.

Mais sommes nous, là encore, dans une constanteformulation de mots et de phrases? Il existe, semble-t-il, des ³paroles mentales², c'est-à-dire des paroles qui nesont conçues pour être entendu par une oreille externe, "un dialogue intérieur et silencieux de l'âme avec elle même"(Platon, Sophiste, 263) qui n'appartient à aucune langue, dit Augustin dans le livre XV de La Trinité, car il se tientseulement dans l'esprit.

Il n'a besoin d'être compris par personne d'autre que par soi-même.

Ces paroles donneraientainsi la possibilité d'aller plus loin dans les images non formulées et de dépasser toutes limites vers l'imaginationindividuelle et personnelle.

oui Cependant, le philosophe allemand Hegel dit que nous ne pouvons penser que par lesmots et que ce sont les mots qui permettent à la conscience d'accéder à la pensée.

Il ne croit pas à ce ³quelquechose², cet ineffable, l'inexprimable par les mots dû à un ³trop².

Il le définit comme ³la pensée obscure, la pensée àl'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve mot².

(Philosophie de l'esprit) Pourtant il est certain qu'il existe des limites à l'exprimable.

Le langage existe avec des limites qui lui sontinhérentes car le langage ne peut représenter que ce qui est représentable.

Selon Bergson, le mot ne peut exprimerque l'aspect le plus commun de nos émotions.

³Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel,celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu'il est à peu près le même, dans les mêmes conditions,pour tous les hommes².

Les émotions jusqu'à l'extrème comme l'horreur, au delà de l'imaginable, rendent le langagepauvre et impuissant à représenter l'innommable comme ce que fut la Shoa.

Tenter de dire en mot ce qu'on ressentcomme inexprimable c'est aussi quelque part trahir ce ressenti.

L'autiste est justement englué à son ressenti.

Ilrefuse de s'en détacher.

Il ne peut pas se distancier de l'idée de séparation, d'absence et de perte car il s'y refuse.Il a peur de perdre quelque chose par le langage.

a-t-il conscience d'avoir peur? Et il a quelque part raison carcomme nous l'avons dit plus haut, la parole permet de se libérer d'un poids, alors pourquoi ne nous enlèverait-ellepas la joie? Après avoir attendu si longtemps de déclarer sa flamme à son ami(e), le fait de l'avoir dit laisse quelquefois coi, comme si toute la tension amoureuse s'était évanouie dans les mots.

Le silence serait alors parfois plusrassurant et en dirait même peut être plus long sur nos sentiments.

Le silence est d'ailleurs très important pour lespsychothérapeutes.

Il est parfois plus révélateur qu'une parole. Il y a des gens qui au contraire parlent tout le temps.

la logorrhée est parfois le signe d'une détresse = parle dansune flot continuel de paroles celui qui sait qu'on ne l'écoutera jamais et qui n'a jamais été écouté Qui parlent pourparler, parlent sans rien dire, juste pour parler ou pour tout dire.

Cela cacherait peut être une peur du silence, unrappel du néant.

Le bombardage médiatique use de cet abus du tout dire.

Il n'est que remplissage pour combler lesvides.

Mais il y a un décalage entre le mot et son sens.

Le mot, signifiant, ne peut représenter que le signifié, lareprésentation du sens.

Mais il ne peut pas tout dire. L'origine du langage est, dit-on, confondue avec l'origine même de l'Homme.

Cet homme est, nous l'avons vu,caractérisé par sa capacité à symboliser chaque chose et de développer des idées autours de ces sujets.

C'est cequi fait qu'il nomme les choses et les êtres et c'est ce qui fait qu'il parle.

De plus, c'est la culture et la langue danslesquelles il a appris à articuler les signifiés par leurs signifiants qui influenceront, au plus profond de lui, sa penséeet la singularité de son expression.. »

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