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Pourquoi peut-on critiquer une morale établie ?

Publié le 17/01/2022

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morale
  • Analyse des termes:

* peut-on: renvoie soit à l'idée de possibilité, soit à celle de légitimité: a-t-on le droit ? / a-t-on la possibilité ?

* critiquer: Soumettre à l'analyse, faire un examen. Faire un examen appréciatif. Emettre un jugement faisant ressortir les défauts, jugement défavorable

* morale établie: ici, ensemble de normes reçues dans un groupe particulier, assises et en place dans la société, édifiées et installées; désigne aussi les règles de conduite existant en fait, à un moment précis, dans une société donnée.

- Quel est le sens de l'intitulé du sujet ? Pour quelle raison a-t-on le droit et la possibilité de soumettre à l'analyse et de faire un examen appréciatif, éventuellement défavorable, d'un ensemble de normes et de règles de conduite reçues dans un groupe particulier et édifiées en son sein

- Quel est le questionnement suggéré par l'intitulé ? N'y a-t-il pas une morale (ou une moralité) supérieure à la moralité sociale cristallisée ? La morale établie n'est-elle pas close, fermée, étroite ? Et si elle n'était même pas fondée en raison ? Bien plus, la morale établie n'est-elle pas en contradiction avec la libre création des valeurs ?

- Le problème essentiel est celui de savoir si une éthique libre, autonome et universelle ne transcende pas les morales figées. On saisit dès lors l'enjeu de la question, son importance décisive, puisqu'il s'agit d'examiner si une libre création des valeurs est finalement possible. Interrogation centrale, entraînant des conséquences dans le champ pratique.

- Bien entendu, vous vous apercevrez au passage que nombre de doctrines exposées (Bergson, Kant, Nietzsche) vous sont utiles pour traiter l'intitulé, à condition de bien les adapter.

  • I) On peut critiquer une morale établie.

a) La morale est au service d'une classe dominante. b) La morale est contre-nature (Nietzsche). c) La morale doit évoluer avec la société.

  • II) On ne peut pas critiquer une morale établie.

a) Le lien social repose sur la morale. b) La morale établie reflète un idéal social. c) La loi morale est transcendante et universelle.

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morale

« renonce à une situation qui a besoin d'illusions.

La critique de la religion est donc en germe la critique decette vallée de larmes dont la religion s'auréole.

La critique a dépouillé les chaînes des fleurs imaginaires quiles recouvraient, non pour que l'homme porte des chaînes sans fantaisie, désespérantes, mais pour qu'ilrejette les chaînes et cueille les fleurs vivantes." Karl Heinrich MARX (1818-1883) La morale judéo-chrétienne est contre natureNietzsche opère un radical renversement des valeurs.

Il montre que la morale judéo-chrétienne exprime larévolte des faibles contre les forts, une haine maladive de la vie.

La règle de conduite commune aux individus est la réciprocité, à la condition qu'ils appartiennent au mêmecorps social, avec les mêmes valeurs et les mêmes critères.

Chacun considère ainsi la volonté d'autrui commeégale à la sienne, s'abstient par conséquent de commettre des actes de violence, d'offenser ou de voler, afinqu'il ne lui soit pas fait de même.

Nous vivons d'ordinaire sous l'impératif de la moralité évangélique : "Ne faispas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse." Cependant, il faut considérer que ce principe établi aufondement de la vie sociale est une négation de la vie, un principe de décadence et de dissolution : "Vivre,c'est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l'étranger, l'opprimer, lui imposer durement sesformes propres, l'assimiler, ou tout au moins, l'exploiter." L'essence de la vie est la volonté de puissance,absolue et démesurée : elle vise la conquête, le déploiement de la force jusqu'à ses limites extrêmes, et nesouffre ni pondération, ni mesure, ni limitations d'aucune sorte.

Si dans une société vivante les individuss'abstiennent de faire le mal entre eux, c'est cette société elle-même qui exploitera ou tyrannisera une autresociété plus faible.

Si la moralité des moeurs est un principe de civilisation qui dompte la volonté vitale en sestendances barbares ou violentes, la vie reprend nécessairement le dessus, motivée par une volonté depuissance par laquelle les forts dominent les faibles, et par laquelle le destin de toute force est d'aller jusqu'aubout d'elle-même.L'impératif de la vie contre l'obligation moraleNietzsche, dans Aurore, décèle sous l'obligation kantienne du devoir l'expression d'une cruauté ascétique.

Ledevoir va à l'encontre de nos habitudes, il s'oppose à notre nature sensible, il se définit par la pureté del'intention.

Pour conserver toute sa valeur, il doit se montrer importun, pénible, voire douloureux.

Ne peut-onobserver, sous le commandement du devoir, un goût coupable et douteux pour la souffrance physique, unesoumission servile et craintive à l'impératif de la loi ? L'obéissance au devoir s'oppose à la vie et à ses forcespuissantes, qui commandent l'égoïsme, la préservation de nous-mêmes et plus encore l'affirmation et laréalisation de nos buts.

L'obéissance au devoir est une mortification.

Il n'apporte d'autre satisfaction que cellede l'obéissance à une loi qui n'est pas nôtre.

L'individu se sacrifie sur l'autel de l'idée et de la raison, sanstrouver d'intérêt pour lui ni pour les autres : "Une vertu est nuisible quand elle ne tient qu'à un sentiment derespect pour l'idée de "vertu" comme le voulait Kant." Contre les impératifs exsangues de la raison, Nietzscheproclame les droits de l'instinct et des puissances vitales : l'être humain vise l'affirmation de sa subjectivité etnon la soumission à une loi universelle.

Le devoir moral et l'obéissance sont les signes infaillibles d'un déclin etd'une décadence.

La nature commande à chacun de cultiver sa propre force et ses vertus en vue de laconservation de soi-même, tandis que le devoir commande des actions impersonnelles et abstraites.

Touteaction saine et vitale ne peut avoir que le plaisir pour preuve.

Le bonheur est la seule caution que l'action estbonne.

Se dresser contre la nature et le plaisir, c'est se détruire : "Qu'est-ce qui vous brise plus vite que detravailler, penser, sentir sans nécessité intérieure, sans option profondément personnelle, sans "plaisir", enautomates du devoir ? C'est tout juste là la recette de la décadence, et même de l'idiotie." Nos ancêtres en savaient beaucoup moins que nousFreud, dans L'Avenir d'une illusion, s'autorise à critiquer l'attitude qui consiste à se soumettre à des préceptesmoraux, non parce qu'ils sont bons en soi, mais uniquement parce que les générations qui nous ont précédésles ont respectés.

Issues de la tradition et du conformisme, nos règles morales méritent d'être critiquées àl'aune de la raison.

[Critiquer une morale établie revient à critiquer le fait que les hommes appartiennent à une collectivitésans laquelle l'existence individuelle n'aurait pas de sens.

La morale est le résultat d'une expérience commune.] Le lien social repose sur la moraleLes sociologues reconnaissent le caractère obligatoire du devoir, et ils essayent de l'interpréter.

Commentexpliquer ce caractère catégorique et transcendant des impératifs moraux ? C'est que, répondent-ils, cesrègles émanent de la conscience collective, elles .

ont une origine sociale.Ces philosophes partent de ce principe que seul « un être réel ou idéal, conçu comme constituant unepuissance morale supérieure à celle que nous sommes, peut avoir l'autorité suffisante pour nous imposer leslois obligatoires ».

« Or, cet être qui nous impose ses lois, c'est la Société elle-même, dont nous sommes lesmembres.

Son autorité lui vient de ce qu'elle est une véritable personne à laquelle nous devons, selon A.Comte, tout ce que nous sommes et qui est « la source et la gardienne de la civilisation ».

Comment dès lors. »

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