Devoir de Philosophie

Pourquoi un fait devrait-il être établi ?

Publié le 03/04/2005

Extrait du document

..   II ] Cependant, il ne peut pas suffire à la garantir :   Hume : contre l'empirisme, un fait ne peut jamais avoir une valeur d'universel. L'établissement d'un fait par l'expérience ou d'une théorie par l'expérimentation n'est pas une démonstration: il est impossible d'établir une tautologie entre une théorie générale et une expérimentation particulière: on ne démontre donc pas une théorie, on la confirme ou on la falsifie par une observation mesurable ou par une expérimentation. D'autre part, certains faits demandent à ne pas être établis : L'expérience esthétique n'est pas vérifiable. Il ne faut pas chercher à la démontrer, sans quoi elle disparaît. Cf l'échec du nombre d'or dans l'histoire de l'art (établissement d'une formule mathématique censée produire du beau : échec car l'expérience esthétique échappe à la rationalité). Transition : les faits donnent raison provisoirement  III ] Les faits ont en soi une certaine valeur de connaissance : Nous sommes des êtres de raison, mais aussi des être de chairs. Les sens nous apprennent. Ex : le fait de se brûler au feu apprend que le fau est dangereux. Tout enfant, tant qu'il n'en aura pas fait l'expérience, ne sera pas convaincu de cette vérité. Enfin, toute preuve s'appuie sur l'affirmation d'une existence: c'est que l'existence est épreuve de soi, mais l'existence ne se déduit pas, toute preuve reste donc en fin de compte ce qui exige la foi en ce qui est dit.

La formulation du sujet proposé suppose qu'une fait, pour être recevable, doit être établi, c'est-à-dire qu'on doit y apporter des preuves, des justifications. Pourtant, quand on est témoin d'un fait, il nous semble inutile d'y ajouter quoique ce soit : j'ai vu une voiture passer devant moi, c'est un fait que j'ai constaté, je n'ai pas à le prouver puisque j'y étais. Mais précisément, parce qu fait est particulier, il ne peut être connaissance, qui elle, réclame l'universalité. Ainsi, seul un « fait établi « peut faire office de preuve non réfutable.

Cependant, doit-on nécessairement établir tous les faits ? N'y en a-t-il pas certains qui ne doivent pas appuyer ni s'appuyer sur une connaissance ?

 

« Énoncé simple, sous forme directement interrogative.

En réalité, pour poser une pareille question, il a fallu savoir (etadmettre) qu'un fait avait besoin d'être établi.

Nous avons donc le droit et le devoir de nous demander d'abord si unfait a besoin d'être établi, ou mieux, si tous les faits ont besoin d'être établis, ou encore, quand un fait a besoind'être établi; enfin, question encore plus « primitive », ce que c'est qu'établir un fait.

L'expression est usuelle; nousdevons nous demander ce qu'elle signifie. L'ordre des questions à poser serait donc :1° Qu'est-ce qu'« établir un fait »? Comment établir un fait ? N'y a-t-il pas différentes façons d'établir un fait?2° Un fait a-t-il besoin d'être établi? Tous les faits ont-ils besoin d'être établis ? Sinon, quels faits ont besoin d'êtreétablis ?3° Pourquoi ? En réalité, il serait sans doute inutilement minutieux de traiter une à une, séparément, ces différentes questions;mais vous devrez vous rappeler qu'elles se posent et vous demander, une fois votre dissertation achevée, si vousavez bien répondu à toutes, et dans un ordre logique.Nous allons examiner tous les exemples que nous pourrons trouver en les choisissant aussi variés que possible, etsans nous préoccuper pour l'instant de les ordonner. B - Discussion. 1° Dans une cour de justice, le juge ou le ministère public pourront être amenés à dire, par exemple, que les débatsont « établi » qu'un accusé a été complice d'un vol, parce qu'il a aidé le voleur à transporter et à cacher le produitde son vol.

C'est un fait qu'il est complice, mais il a fallu établir ce fait.

Comment ? Par l'interrogatoire de l'accuséqui a nié, qui s'est contredit, qui s'est rétracté, par les dépositions des témoins qui ne s'accordent pas toujoursentre elles, par l'examen que des experts ont fait des pièces à conviction, etc.

La culpabilité de l'accusé apparaîtdonc comme la conclusion de toutes sortes de raisonnements et de discussions.

Si le tribunal avait pu voir l'accuséau moment où il transportait le portefeuille et le cachait dans un meuble de son appartement, le fait aurait étébeaucoup plus facile à établir.

Mais ce n'est là qu'une différence de degré.D'une façon générale, n'importe quel fait historique est reconstitué avec plus ou moins de facilité, avec uneprobabilité plus ou moins grande, au moyen des documents que nous possédons, documents d'ailleurs innombrables,car on ne sait jamais d'avance tout ce qu'on pourra tirer d'un texte, d'une inscription, de la découverte d'une tombeou d'un édifice en ruines. 2° Quand il s'agit de faits auxquels nous assistons, que nous voyons, ne peut-il nous arriver de nous tromper ? Ilnous arrive maintes fois de nous méprendre sur l'identité d'une personne ou d'une chose, sur une couleur, uneforme, une distance, un mouvement.

Les erreurs de perception sont fréquentes; nous ne pouvons nous fier à unepremière impression, nous devons sans cesse corriger, rectifier; même lorsqu'il ne s'agit pas proprement d'erreurs,nous pouvons n'avoir aperçu l'événement que partiellement, sous un certain angle, nous avons été attirés parcertains caractères, et les autres sont passés inaperçus.

On sait qu'en général nous ne voyons que ce qui nousintéresse, c'est-à-dire ce que nous cherchons à voir; percevoir, c'est attendre une réponse à une question que l'onpose, ce n'est pas recevoir passivement des impressions variées.

Il nous arrive parfois même d'êtrede mauvaise foi, de ne pas voir ce qui crève les yeux à d'autres, d'accueillir certaines informations aveccomplaisance, et de « fermer les yeux » sur certains détails.

Pour toutes ces raisons, un fait a besoin d'être établi,c'est-à-dire que nous devons contrôler, compléter, rectifier, préciser au moyen d'instruments peut-être ou enfaisant appel au témoignage d'autrui, ce que nous avons pu observer nous-mêmes. 3° Ces analyses ne se rapportent qu'à la manière dont nous exécutons bien ou mal, sommairement ouattentivement, à l'étourdie ou avec soin, l'opération que l'on appelle perception.

C'est en effet par la perception quenous établissons un fait, à condition de bien voir.

Mais il y a plus; l'expression « établir un fait » prend un sens plusintéressant encore si nous interrogeons la perception dans son fonctionnement même.

Un fait n'est pas « donné »;c'est-à-dire qu'il n'existe pas comme tel dans la réalité, pour être ensuite présent dans notre pensée.

Ce qui estdonné, c'est l'impression sensible; si je perçois l'arbre qui est devant ma fenêtre, c'est bien parce que j'éprouvecertaines sensations, mais je n'éprouve pas «la sensation d'un arbre ».

Percevoir, c'est penser un objet ou un fait,c'est-à-dire me servir de concepts.

Le concept est ce qui « donne forme » au donné sensible.

Aussi bien un faitn'existe que parce que je puis l'énoncer, l'exprimer par la parole :« Une voiture est passée dans la rue », « L'horloge a sonné six coups »,« Voici le facteur », « L'hiver approche ».

Le fait est présent dans un discours qui a un sens, et il a un sens parcequ'il est formé de concepts.

Que je me trompe ou non en décrivant un fait, je ne puis décrire un fait qu'au moyen deconcepts.

Or, les concepts sont des instruments de pensée dont je dispose, que je forge moi-même selon mesbesoins et mes moyens, dont je choisis, selon les circonstances, l'un ou l'autre.

Par exemple, pour énoncer le mêmefait, je puis dire : « La lampe s'allume» ou : «Le courant passe ».

De là naît l'idée qu'il y a une différence entre lefait scientifique et ce qu'on a appelé « le fait brut », à tort d'ailleurs, puisque le fait brut est lui aussi la mise enforme d'un donné par un concept, seulement par un concept différent des concepts scientifiques.

S'agit-il là, àproprement parler, de« l'établissement » des faits ? Le cas n'est pas le même que précédemment.

certes; mais il est bien plusremarquable, car il s'agit ici véritablement de la constitution, de la construction d'un fait.

Un fait est caractérisé parsa structure; cette structure lui est conférée par une opération de l'entendement, et, encore une fois, uneopération dans laquelle l'entendement dispose d'une liberté de choix.

Pour prendre un exemple simple, des arbres. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles