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Pourquoi un fait nécessite-t-il d'être fondé ?

Publié le 21/02/2011

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DIRECTIONS DE RECHERCHE

• Peut-être convient-il, pour savoir ce qui peut être en cause dans le sujet tel qu'il est posé, de distinguer préalablement entre différentes espèces de « fait « : — le fait « événement «; — le fait « spectacle «; — le fait « historique «; — le fait « scientifique «... • De quel(s) fait(s) peut-il s'agir ici pour que le sujet ait un sens? (On ne nous demande pas, en effet, si « un fait exige d'être établi, mais pourquoi.) • Pourquoi « exigence «; par rapport à quoi? Que peut signifier ici « être établi «? • En quoi les problématiques suivantes peuvent-elles être sources de réflexions pour le sujet précis posé : — Problématique du fait « purifié «; — Problématique du fait « interprété «; — Problématique du fait « polémique «; — Problématique du fait « réalisé « par le scientifique; — Problématique du fait solidaire d'une méthode et d'une théorie voire d'autres faits.

« car on ne sait jamais d'avance tout ce qu'on pourra tirer d'un texte, d'une inscription, de la découverte d'une tombeou d'un édifice en ruines. 2° Quand il s'agit de faits auxquels nous assistons, que nous voyons, ne peut-il nous arriver de nous tromper ? Ilnous arrive maintes fois de nous méprendre sur l'identité d'une personne ou d'une chose, sur une couleur, uneforme, une distance, un mouvement.

Les erreurs de perception sont fréquentes; nous ne pouvons nous fier à unepremière impression, nous devons sans cesse corriger, rectifier; même lorsqu'il ne s'agit pas proprement d'erreurs,nous pouvons n'avoir aperçu l'événement que partiellement, sous un certain angle, nous avons été attirés parcertains caractères, et les autres sont passés inaperçus.

On sait qu'en général nous ne voyons que ce qui nousintéresse, c'est-à-dire ce que nous cherchons à voir; percevoir, c'est attendre une réponse à une question que l'onpose, ce n'est pas recevoir passivement des impressions variées.

Il nous arrive parfois même d'êtrede mauvaise foi, de ne pas voir ce qui crève les yeux à d'autres, d'accueillir certaines informations aveccomplaisance, et de « fermer les yeux » sur certains détails.

Pour toutes ces raisons, un fait a besoin d'être établi,c'est-à-dire que nous devons contrôler, compléter, rectifier, préciser au moyen d'instruments peut-être ou enfaisant appel au témoignage d'autrui, ce que nous avons pu observer nous-mêmes. 3° Ces analyses ne se rapportent qu'à la manière dont nous exécutons bien ou mal, sommairement ouattentivement, à l'étourdie ou avec soin, l'opération que l'on appelle perception.

C'est en effet par la perception quenous établissons un fait, à condition de bien voir.

Mais il y a plus; l'expression « établir un fait » prend un sens plusintéressant encore si nous interrogeons la perception dans son fonctionnement même.

Un fait n'est pas « donné »;c'est-à-dire qu'il n'existe pas comme tel dans la réalité, pour être ensuite présent dans notre pensée.

Ce qui estdonné, c'est l'impression sensible; si je perçois l'arbre qui est devant ma fenêtre, c'est bien parce que j'éprouvecertaines sensations, mais je n'éprouve pas «la sensation d'un arbre ».

Percevoir, c'est penser un objet ou un fait,c'est-à-dire me servir de concepts.

Le concept est ce qui « donne forme » au donné sensible.

Aussi bien un faitn'existe que parce que je puis l'énoncer, l'exprimer par la parole :« Une voiture est passée dans la rue », « L'horloge a sonné six coups »,« Voici le facteur », « L'hiver approche ».

Le fait est présent dans un discours qui a un sens, et il a un sens parcequ'il est formé de concepts.

Que je me trompe ou non en décrivant un fait, je ne puis décrire un fait qu'au moyen deconcepts.

Or, les concepts sont des instruments de pensée dont je dispose, que je forge moi-même selon mesbesoins et mes moyens, dont je choisis, selon les circonstances, l'un ou l'autre.

Par exemple, pour énoncer le mêmefait, je puis dire : « La lampe s'allume» ou : «Le courant passe ».

De là naît l'idée qu'il y a une différence entre lefait scientifique et ce qu'on a appelé « le fait brut », à tort d'ailleurs, puisque le fait brut est lui aussi la mise enforme d'un donné par un concept, seulement par un concept différent des concepts scientifiques.

S'agit-il là, àproprement parler, de« l'établissement » des faits ? Le cas n'est pas le même que précédemment.

certes; mais il est bien plusremarquable, car il s'agit ici véritablement de la constitution, de la construction d'un fait.

Un fait est caractérisé parsa structure; cette structure lui est conférée par une opération de l'entendement, et, encore une fois, uneopération dans laquelle l'entendement dispose d'une liberté de choix.

Pour prendre un exemple simple, des arbresplantés en quinconce, on peut les voir comme des alignements longitudinaux, ou des alignements transversaux, oudes alignements obliques soit vers la gauche, soit vers la droite. 4° L'analyse des différentes structures peut nous conduire, notamment, à distinguer le « fait scientifique » et le «fait historique », qu'il serait intéressant d'étudier en détail.Le fait scientifique est l'énoncé d'une loi.

C'est un fait que les corps s'attirent en raison directe du produit de leursmasses et en raison inverse du carré de leur distance; or, c'est là la loi de la gravitation.

L'eau bout à 100° à lapression ordinaire; le phosphore fond à 44°; le rapport du sinus de l'angle de réfraction au sinus de l'angled'incidence est constant, ce sont là des faits, et ce sont des lois.

Or ces lois sont des relations abstraites entre lesconcepts abstraits que sont la masse, la force, l'angle, le sinus de l'angle, l'eau (H2O), le phosphore, etc.

Et cesconcepts sont ou ne sont pas utilisés selon qu'on a décidé de se référer à telle théorie scientifique ou à telle autre.Selon qu'on admet la théorie corpusculaire de la lumière ou la théorie ondulatoire, on rend compte des mêmesapparences visuelles au moyen de concepts et de lois différentes.

Mais les formules dont on se sert constituenttoujours des énoncés de faits.

La gravitation est un fait, mais un fait que l'on constate chaque fois qu'un voit uncorps tomber, ou que l'on observe le mouvement de la Lune et des Planètes; c'est pourtant un fait bien différent decelui que représente un enfant qui traverse une rue, ou une balle qui est renvoyée par une raquette, ou une feuillemorte qui tombe de la branche; on dira que c'est un «fait général », « un fait qui se répète »; en réalité ce qui estgénéral (et que nous répétons) c'est l'énoncé de la loi de la chute des corps, ou des lois de la balistique; on diraencore « fait théorique », le « fait pratique » étant justement l'événement singulier de la chute de cette feuille deplatane.

De quelque nom qu'on le désigne, il reste que c'est sans contestation possible un fait, et qu'on est amené àconcevoir l'existence de cette classe de faits parce que l'entendement humain est ainsi fait qu'il saisit le donné parle concept, le concret par l'abstrait.5° Les faits historiques ont une autre structure; ils sont toujours, si mesquins ou si vastes soient-ils, singuliers,c'est-à-dire datés et localisés.

L'assassinat de Henri IV par Ravaillac est un fait historique, la guerre de Cent Ans enest un autre, ou les Croisades, ou la Révolution de 89.

Or, la Révolution de 89, par exemple, bien que constituant unfait hist9rique contient, ou domine, une infinité de faits historiques : la réunion des États-Généraux, le serment duJeu de Paume, la fuite du roi, la levée en masse, l'émigration, etc.

Et chacun de ces faits, à son tour, contient oudomine une infinité d'autres faits; et pourtant on ne peut concevoir qu'un « fait d'ensemble » — appelons-le ainsi —soit simplement la succession et la somme de plusieurs faits de détail.

A chaque échelle, nous sommes en présencede faits dont chacun a son unité et sa structure; et la structure propre à une certaine échelle n'est pas l'analogue,l'homothétique de celle d'une autre échelle.. »

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