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« Pourquoi vouloir le vrai ? »

Publié le 15/01/2013

Extrait du document

La réflexion sur la valeur respective de l’opinion et de la connaissance par rapport à la vérité paraît

sous-entendre alors que la vérité est désirable. Mais à y regarder de plus près, cette valorisation du vrai

ne pourrait-elle pas bien aussi être une opinion dès lors que ce préjugé en faveur du vrai pourrait bien ne

pas valoir plus que les autres opinions que la connaissance, précisément, prétend supplanter ? N’auraiton

pas érigé la vérité en valeur tellement inconditionnelle qu’elle occulterait l’ensemble des exigences

pratiques d’une existence qui, somme toute, ne saurait demeurer dans l’expectative d’un absolu, d’une

abstraction, dès lors que l’on a voulu voir en la vérité un vecteur agissant concrètement sur le cours de

nos vies en tentant d’y accéder par le biais des différentes applications évoquées plus haut, justement en

substituant le pouvoir à cette même vérité qui s’avère ainsi un truchement davantage qu’un savoir qui

n’aurait d’autre fin que lui-même ; car n’est-ce pas là la définition du « vrai «, c’est-à-dire une activité de

même nature que le jeu ? La considérer comme auxiliaire ou facteur d’amélioration n’en fait-il pas par là

même sa propre négation dans la mesure où il n’y aurait de savoir qu’intéressé ? Notre propension à voir

un sens en toute entité rationalisable et intellectualisable soumise à notre jugement en tant

que sujet désirant soumettre l’univers alentour au pouvoir de notre intellection ne nuit-il pas aussi

sûrement à l’intelligibilité de la vérité, et, par conséquent à sa réception même que si nous la fuyions

sciemment ?

En effet, il semblerait que l’homme ne fût garanti de sa réelle existence que par cette habitude de se

représenter à lui-même, qu’il a contractée par la découverte d’une faculté de penser et d’embrasser par

les moyens réflexifs de sa raison l’ensemble des propriétés phénoménales qu’il collationne avec la

certitude de ce qu’il est mû par un entendement régi par des règles qui lui permettent d’éviter l’erreur, de

dissiper l’illusion, condamner le mensonge, et, par la connaissance de la vérité qui découle de

« fondatrice et génératrice ayant pour pendant une mise en perspective du sujet par l’idée de finalité qui interroge l’occurrence d’un tel impératif animant notre être et quels en sont les ressorts.

De ce fait, comment appréhender le rapport de l’homme au vrai, dans la mesure même où la perfection de l’homme lorsqu’il atteint le « vrai » absolu relève pleinement de la conformité de sa connaissance avec l’existence intrinsèque de la chose, absolument indépendante de lui ? N’y a-t-il pas un paradoxe à voir un sujet connaissant dont le fruit, précisément la connaissance, serait absolument indépendante de son auteur ? Partant, le « vrai » est-il intrinsèque ou extrinsèque à l’homme en ce qu’il se réfère à un champ d’expérience où, certes, nous nous éprouvons, mais qui demeure irréductiblement hors de nous par la concrétude de sa manifestation ? Si la recherche obstinément intarissable de l’homme à l’endroit du « vrai » constitue une perspective de transcendance en ce qu’il lui réussit dans sa compréhension de lui -même, celle-ci demeure -t-elle véritablement nécessaire au sens où la viabilité d’une telle démarche qu’entreprend tout individu en vue de se saisir dans la plénitude de son être est susceptible d’occulter ce propos qu’il s’assigne pour tâche d’accomplir comme visée suprême de son existence ? C’est la raison pour laquelle nous nous demanderons dans un premier temps, dans quelle mesure, le « vrai » est susceptible d’agir sur le réel en tant que représentation concrétisée de l’intellection de tout un chacun, à travers une volonté de s’éprouver à travers une raison toute-puissante qui apprend progressivement à l’homme à comprendre et maîtriser ce dont il avait pris conscience.

Aussi s’agira -t-il en un second lieu de montrer de quelle manière les ressorts de cette recherche de la vérité réside non pas tant dans une saisie de la nature à travers notre faculté de transformation que dans celle dont nous sommes doués en la conformant à des impératifs ontologiques d’une pensée qui s’affirme par le biais d’un « vrai » possédant par lui -même une certaine force de conviction qui s’impose à nous, et dont il conviendra de décliner les potentialités dans ses résultats ; après quoi il sera question de savoir si cet empire que nous semblons vouloir exercer sur l’obtention du « vrai » à travers la satisfaction conjointe de nos besoins et de nos désirs que meut notre aspiration à la compréhension est conciliable avec ce parti -pris enraciné dans la subjectivité profonde de l’homme, et si son accessibilité à l’état de valeur érigée en absolu demeure conciliable avec l’intelligibilité même de son adéquation avec notre orientation irrésistible à voir un sens, à savoir, une signification et un dessein d’achèvement, à notre existence.

Il semblerait que comprendre l’ordre du monde et s’approprier ses modes de représentation résumât la propension de l’homme à vouloir s’extraire de la contingence pour exercer une prise nécessaire sur le cours des choses et l’évolution d’un environnement donné.

Le « vrai » se définit alors comme objectivité, mais l’objectivité n’est plus ce qui existe en soi, ni ce sur quoi tout le monde nourrit un avis convergent : est objectif alors ce qui est structuré par l’activité synthétique du sujet connaissant ; à savoir, finalement, l’homme en tant que dans son comportement à l’égard du monde humain et extra-humain au sein duquel il se décide librement, en ceci qu’il est déterminé à agir en donnant à soi-même ainsi qu’au monde ambiant une fonction régulatrice qui lui est adjointe par la raison.

Partant, par rapport à la raison, ou quant à ce que nous estimons être la « non-raison », quelle est notre position vis-à-vis de notre condition de sujets, nous qui nous donnons pour libres dans l’accession au « vrai », que nous envisagerons en premier lieu comme objet que nous poursuivons dans la visée de l’établissement d’un principe de non-contradiction de nos jugements ? Ce dernier conforterait alors l’accord et l’identification de mes énoncés avec un donné matériel en instaurant une mise en forme du savoir et de la puissance de la raison qui en fait la condition d’accès au « vrai ».

En effet, l’intériorisation d’une recherche de la vérité par le biais de l’assertion de ce qu’il y a pensée implique corrélativement qu’il y a « quelque chose qui pense », et ce ne serait, à tout prendre, qu’une manière de raisonner propre à notre automatisme grammatical qui suppose à tout acte un sujet agissant, lequel s’il a plus ou moins de mémoire, plus ou moins d’imagination ou de vivacité d’esprit, ne peut pas. »

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