Proudhon et le vol
Publié le 12/09/2015
Extrait du document
Dans mes premiers mémoires, attaquant de front l’ordre établi, je disais, par exemple : la propriété, c’est le vol! Il s’agissait de protester, de mettre pour ainsi dire en relief le néant de nos institutions. Je n’avais point alors à m’occuper d’autre chose [...]
Dans le Système des contradictions économiques, après avoir rappelé et confirmé ma première définition, j’en sÿoute une toute contraire, mais fondée sur des considérations d’un autre ordre, qui ne pouvaient ni détruire la première ni être détruites par elle : la propriété, c’est la liberté. La propriété, c’est le vol; la propriété, c’est la liberté: ces deux propositions sont également démontrées et subsistent l’une à côté de l’autre dans le Système des contradictions.
«
certitude de n'être pas entendu, bien que cette seconde
proposition ne soit que la première
transformée?»
Proudhon affirme que c'est seulement l'évidence qu'il
révèle à
chacun, l'incontestable vérité qui triomphera
demain:
«Lecteur, rassurez-vous : je ne suis point un agent de
discorde, un boutefeu de sédition.
J'anticipe de
quel
ques jours sur l'histoire; j'expose une vérité dont nous
tâchons en vain
d'arrêter le dégagement; j'écris le
préambule de notre future constitution.
»
Quel raisonnement Proudhon nous propose-t-il pour
démontrer la vérité de ce qui ne semble d'abord qu'un
paradoxe sans contenu? Il commence par démontrer
que, dans une société, les richesses sont produites par
une force collective qui, naissant de la convergence et
de la combinaison des forces individuelles, .
leur est
infiniment supérieure :
«Deux cents grenadiers ont en quelques heures dressé
l'obélisque de Luqsor
sur sa base; suppose-t-on qu'un
seul homme, en deux cents jours, en serait venu à
bout .•.
Eh bien, un désert à mettre en culture, une
maison à
bâtir, une manufacture à exploiter, c'est
l'obélisque à soulever, c'est une montagne à changer de
place.
La plus petite fortune,
le plus mince établisse
ment, la mise en
train de la plus chétive industrie, exige
un concours de travaux et de talents si divers, que le
même homme n'y suffirait
pas.»
Toute l'injustice vient de ce que la richesse produite
par la force collective, cette démultiplication des forces
individuelles,
n'est pas distribuée aux travailleurs mais
monopolisée
par le propriétaire.
Celui-ci empoche, en
effet, le produit de la force collective et il ne rémunère,
en salaires, que la valeur- nettement inférieure -des
forces individuelles
que les travailleurs ont engagées.
Il
s'approprie ainsi la différence que Proudhon nomme.
»
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