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Puis-je être amené à désirer ce qu'autrui désire que je désire ?

Publié le 27/02/2008

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Le désir est censé être ce qu'il y a de plus personnel, de plus secret, profond et propre à chaque sujet. En cela, il se distingue du besoin, qui est également un manque, mais un manque qui peut être assouvi ; bien souvent on donne pour exemples typiques des besoins les besoins physiologiques : boire, manger, dormir, se protéger des intempéries sont des besoins. Une fois ces besoins assouvis, ils sont éliminés. Les désirs semblent au contraire infinis : nul objet ne saurait les satisfaire, car la satisfaction n'aboutit à rien d'autre qu'au report du désir sur un nouvel objet. Le donjuanisme est le plus bel exemple de cette infinité du désir : Don Juan ne veut que les femmes qu'il n'a pas encore, et une fois qu'il les a séduites, elles perdent tout attrait à ses yeux. À première vue, nous partageons donc nos besoins avec les autres êtres humains (ils ne nous sont pas propres), tandis que nos désirs sont résolument nôtres. Pourtant, nous voyons bien que nos désirs sont bien souvent influencés par les autres : la publicité parvient tous les jours à éveiller en nous de nouveaux désirs, désirs qui n'ont plus rien de personnel, mais que nous partageons avec bien d'autres personnes ayant le même âge et les mêmes centres d'intérêts que nous. Notre comportement de consommateurs nous montre tous les jours à quel point notre désir peut être provoqué par autrui. Pourtant, cela n'en reste pas moins paradoxal, en effet, si l'on définit le désir comme un manque, on voit bien qu'il est étrange de prétendre que l'on puisse créer du manque, amener quelqu'un à ressentir un malaise, une insatisfaction s'il était réellement satisfait au départ. L'homme est donc certes un être de désir, mais le désir, justement parce qu'il n'a pas d'objet prédéfini, peut-il être aisément soumis au contrôles d'autrui, à son propre désir ? Suis-je le maître de mes désirs ?

« cassette d'or représente à cet égard le désir à l'état pur : le désir qui n'est pas déçu car pas actualisé, maisqui reste à l'état de virtualité.

C.

S'il est vrai que mon désir peut être commandé par le désir d'autrui, autrui ne peut en aucun cas le fixer. Les experts en marketing ont bien compris cela, puisque 1° les publicités nous assaillissent sans cesse : neplus être exposé aux publicités conduirait à un relâchement du désir.

2° en innovant sans cesse les produitsqui nous sont proposés : le désir étant fuyant, certains groupes préfèrent créer plusieurs marques, enapparence « en concurrence » entre elles pour mieux capter le désir et toujours maintenir la flamme duconsommateur éveiller. III. Autrui, source ultime de désir A.

René Girard dans son ouvrage Mensonge romantique et Vérité romanesque a montré que le désir est toujours mimétique, autrement dit, que ce que l'on désire, on ne le désir pas seulement en soi, mais aussi etsurtout parce que d'autres le désir.

Ainsi, Proust dans La Prisonnière écrit-il qu'une femme n'est jamais voulue par un homme seulement pour elle-même, mais aussi toujours parce que les autres hommes ladésirent.

Même ce que nous pensons être le plus personnel et le plus intime, notre désir, n'est donccompréhensible que dans le cadre de notre relation à autrui.

« Tout désir est désir d'être » écrit-il : le désir d'autrui est donc un moteur de mon propre désir (bien que parfois autrui ne veuille pas que je désire ce quelui-même désire) uniquement parce que, bien que les objets de mon désir puisse faire tendre à croire que jedésire avoir, je n'ai en réalité qu'un seul désir, celui d'être.

B.

Cela nous montre plusieurs choses : tout d'abord, qu'autrui tient une place fondamental dans le désir, qui n'est jamais bipolaire (sujet – objet) mais toujours triangulaire (sujet – autrui – objet possédé par autrui).Cela veut dire que je désire en fonction de ce qu'on les autres, mais aussi et surtout que ce que j'ai (et parlà, il faut entendre « ce que je suis ») n'a de valeur que parce que d'autres le désirent.

Je peux donc êtreamené à désirer ce que d'autres désirent que je désire, mais plus important encore, ils ont besoin, pour euxmême désirer, que je désire le même objet.

Autrement dit, en retour, ce que j'ai ne vaut que parce qued'autres le désirent.

Mais en même temps, si autrui a besoin pour désirer que je désire ce qu'il possède et cequ'il est, mon désir représente une menace, car je peux alors être en mesure de lui prendre son bien.

C'estpourquoi chez Girard le désir est un des ressorts essentiels de la violence entre les hommes. Conclusion Nous avons donc vu que, non seulement les mécanismes du désir font que l'on peut effectivement êtreamené à désirer ce qu'autrui désire que l'on désire (la séduction et la publicité en sont les meilleurs exemples), maisque cela est au cœur du désir même.

En effet je ne peux désirer un objet sans désirer en dernier recours, à traverscet objet, être et par là même être autrui (l'autrui imaginairement perçu comme entièrement satisfait).

Et autrui nepeut lui-même se satisfaire de ce qu'il possède sans tenter d'éveiller mon désir.

Mon désir est nécessaire au désird'autrui, autant qu'autrui est nécessaire à mon désir.. »

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