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Qu'apporte la technique à l'artiste ?

Publié le 27/02/2008

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technique
Qu'apporte la technique à l'artiste ?
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« 3) Un art à l'heure de la technique ? À la fin du XIXe siècle, on se rendit compte que notre environnement n'était plus composé d'objets artisanaux maisd'objets industriels, et qu'il fallait donc trouver les moyens de donner à ceux-ci les qualités humaines de ceux-là.Étant donné la situation spirituelle de l'époque, dominée par la bourgeoisie et le socialisme post- romantiques, il étaitnormal que ce surcroît fût entendu comme « beauté », et que cette beauté fût cherchée dans une correspondance,sinon avec les formes, du moins avec les mouvements de la nature.

Dans les Arts and Crafts et le Modern Style , les matériaux industrialisés s'attachèrent, selon le vœu de William Morris, à réaliser des objets « aussi naturels, aussicharmants que le champ vert, la rive du fleuve ou le silex de la montagne ».

Encore en 1934, dans Technique et civilisation , Lewis Mumford vantera certaines machines en rapprochant leur allure de celle de l'oiseau, du poisson ou de la plante.

Par la suite, le mouvement Bauhaus né après la première guerre mondiale en Allemagne estime queréduire la machine à un moyen de produire plus vite et à moindres frais des formes ancestrales, c'est ne pas avoirsaisi la révolution de structures qu'elle comporte.

Pour Gropius, l'industrie introduit un ordre nouveau.

Elle engendreun univers composé d'éléments selon des combinatoires, et cela quant à la ligne, la couleur, la construction, lafonction, le maniement.

Il y a d'ailleurs un rapport intrinsèque entre combinatoire et élément : plus l'élément est pur,plus la combinatoire est riche, et réciproquement.

On voit ainsi ce que le Bauhaus entend par fonction : non pas lasimple adaptation à des fins utilitaires, mais la capacité pour un système d'éléments (un objet) de renvoyer àd'autres, de s'y articuler, de s'y substituer, de leur faire signe, de les signifier Le terme de beauté n'est pas rejetémais redéfini : plus les objets sont fonctionnellement riches, plus ils constituent des systèmes ouverts etcommuables, et plus ils sont « beaux ».

Les conséquences culturelles de ce programme sont incalculables.

Tous lesobjets du monde, espère-t-on, vont s'harmoniser, puisqu'ils s'obtiendront à partir des mêmes éléments.

Les hommess'harmoniseront aussi, puisque créateurs et ouvriers travailleront les mêmes données avec les mêmes moyens.

Plusradicalement : le réel n'est plus un ensemble de substances, mais de relations ; la forme cède le pas à la structure.Le fonctionnalisme bien compris ouvre le XXe siècle.

4) Un art sans technique ? L'œuvre aujourd'hui n'est plus, ne peut plus être ce qu'elle a été ; les mutations de la pratique artistique évoquéesprécédemment sont irrécusables, et elles ont produit un changement tout aussi décisif du sens et de la fonction del'art.

Mais il n'est pas sûr pour autant que la philosophie doive proclamer la mort de l'œuvre : reste l'opération,individuelle ou collective, et souvent le produit de cette opération, attestés par une expérience qu'il faut bienencore spécifier comme esthétique. L'œuvre n'est pas nécessairement objet, comme la statue ou le monument.

Ne peut-elle aussi être événement ? Au vrai, l'œuvre a toujours été solidaire de l'événement : si elle s'accomplit commeobjet esthétique, c'est dans l'événement de l'exécution, de la représentation, de la lecture, du regard ; sa vérité nevient au jour que dans l'instant ou elle est jouée, où le sensible se recueille dans une conscience.

Et c'est bienpourquoi il faut souhaiter et vouloir que l'art sorte des musées et investisse l'ambiance de la vie quotidienne.

Mais si,dans l'épiphanie de l'œuvre, l'avènement de l'objet esthétique est événement, peut-on dire que l'événement soitœuvre ? Oui, dans la mesure où cet événement est opération, c'est-à-dire où ce qui advient – le feu d'artifice, ladanse, tout ce qui est happening – suppose un ouvrier, l'exécutant lui-même, le spectateur qui est acteur, parfoisun maître d'œuvre.

Sans doute, l'œuvre improvisée ne laisse pas de traces, sinon dans la mémoire des participants.Si surprenants, si bâclés, si violents, si éphémères que soient les produits de l'opération, il y a œuvre – entendons,encore une fois, œuvre d'art – si et seulement si ce produit sollicite le goût (et même s'il sollicite aussi l'intelligence,l'imagination ou l'affectivité), autrement dit si l'œuvre aspire toujours à être chef-d'œuvre.

5) Voire sans artiste ? De ce point de vue, l'art à l'époque de la consommation de masse a vu remettre en question le statut de l'artiste,l'art contemporain à partir du surréalisme et du dadaïsme a peu à peu évacué l'idée même d'artiste.

Par les procédésde l'écriture automatique, par l'hypnose, retire par ce biais le pouvoir à l'artiste d'être l'origine consciente del'œuvre.

Le mouvement Dada avec Duchamp et ses ready-made détruit l'image de l'artiste comme créateur et comme fabricant d'objet.

Les arts du recyclage du Nouveau Réalisme qui ressemble plus à de la récupérationinaugure une période de l'art sans artiste.

L'heure des happenings, des performances, de l'art brut laisse penser qu'ilest possible de créer des œuvres d'art sans être artiste.

Le simple défoulement d'instincts, des lacérations de toiles,d'affiches, le simple déplacement d'un objet dans un autre contexte que son contexte d'origine suffit à élever unobjet au rang d'objet artistique.

Il devient difficile de distinguer ce qui différencie un artiste d'un autre individu.

L'artpopulaire et naïf est sans artiste.

A l'exemple des œuvres de l'artiste Ben qui donnent le sentiment que chacun peutréaliser des œuvres d'art.

A la différence près que c'est désormais l'artiste de par sa renommé dans le milieuartistique qui donne une valeur à un objet insignifiant.

Aussi, ce n'est plus tant la technique qui est admirée dansl'œuvre d'art mais le concept mis en forme, l'idée créatrice qui est née dans l'esprit de l'artiste.

Conclusion.

Il apparaît donc difficile d'imaginer un art sans technique.

Même les œuvres d'art moderne basées sur le principe dela récupération d'objets, l'art naïf, les graffitis, les tâches ont besoin d'une technique pour naître.

Ellesn'apparaissent pas par miracle dans la nature.

Elles sont l'œuvre d'une technique mais qui ne constituent plusl'intérêt premier des objets dits « esthétique ».

C'est désormais plus la teneur émotionnelle d'œuvre, son caractèreprovocateur, sa capacité à nous faire réfléchir qui prime.

Tout le monde n'est pas artiste, ou n'a pas une penséeartistique.

Détourner les codes de l'art et ses techniques , c'est encore faire de l'art.. »

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