Quel gain y a-t-il à travailler ?

La réalité du travail semble paradoxale : elle est à la fois recherchée et à la fois évitée. En effet, le travail, qui est l'acte de transformer la nature pour satisfaire les besoins de l'homme, se présente comme une condition nécessaire de notre réalisation sociale et personnelle. Pourtant, il apparaît aussi comme un contrainte, un châtiment. Alors, pourquoi travailler ? Que gagnons-nous à travailler ? A cette question, on peut d'abord répondre que le travail semble nous donner les conditions de notre survie, voire de notre vie en société. Cependant, l'homme n'a pas tout à gagner, il peut aussi se perdre dans le travail. A quelles conditions l'homme peut-il alors gagner sa dignité, se réaliser dans le travail ? Il est un fait indéniable : en travaillant, l'homme gagne les conditions de sa survie. En effet, en transformant la nature, l'homme répond à ses besoins vitaux. L'homme travaille car la nature est insuffisante à répondre à tous ses besoins. Il gagne alors la possibilité de survie grâce à l'effort qu'il produit. Grâce au travail, l'homme est rémunéré, avec cette rémunération, il peut se loger, manger, se vêtir, etc. Le travail consiste en une transformation de la nature. Il se comprend au sein d'un système de besoins. Ainsi, l'économie classe le travail en secteur primaire, secondaire, tertiaire, selon le caractère graduel de lutte avec la nature. Par exemple, la cueillette peut être considérée comme un degré presque zéro, la raffinerie comme un degré très élevé de transformation de la nature. Le travail est donc un intermédiaire entre l'homme et la nature. Mais l'homme ne se contente pas de transformer la nature. A son contact, il se transforme aussi, grâce à la technique qu'il crée et qu'il emploie. Il gagne son autonomie. Il n'est plus soumis à ses besoins vitaux. Ainsi, paradoxalement, en cherchant à répondre aux besoins de la nature, l'homme va s'arracher à elle et gagner sa liberté.