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Quelle est la valeur du passé par rapport au présent ?

Publié le 27/02/2005

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Il parait évident que nous connaissons mieux le présent, dans lequel nous sommes, que le passé qui n'est plus. Mais cela lui confère-t-il pour autant une plus grande valeur ? Quelle peut être la valeur de quelque chose d'aussi impalpable que le temps ?   I La valeur du passé en termes d'existence : Seul le présent semble exister : le passé n'est plus et le futur n'est pas encore. Mais pour Saint-Augustin, le présent n'existe pas plus que le passé. En effet, sauf s'il s'éternise le présent disparaît à chaque instant pour devenir passé, il ne fait que s'enfuir, à peine on en parle qu'il appartient déjà au passé. Il semble alors que le passé « inexistant » est plus facile à cerner que le présent : même si nous supposons qu'il n'est pas, nous nous représentons le passé comme « tout ce qui n'est plus » ; il a paradoxalement plus de consistance que l'instant limite du présent. Mais comment justifier que nos souvenirs soient si présents à notre esprit s'ils appartiennent à une dimension qui n'existe pas ?   Le présent du passé Pour Saint Augustin, seul le présent est mesurable. Il considère qu'on ne peut mesurer que le temps en train de passer, en ayant conscience qu'il se passe ; on ne peut pas mesurer le néant, à savoir le passé et le futur.

« encore.

Car nous parlons de peu de choses correctement, de la plupart incorrectement, mais on voit bien ce quenous voulons dire.» Augustin, Confessions, Livre XI, chap.

XX La valeur du passé comme existence spécifiqueNous avons tendance à définir le passé en référence au présent (temps antérieur au présent).

Or tout commel'avenir n'est pas un présent en attente, le passé ne se résume pas à un présent révolu.

Il a son existence propre, iln'a pas moins de valeur d'être que le présent. Henri Bergson considère le passé comme contemporain, comme un présentvirtuel. Selon Bergson la mémoire est « coextensive à la conscience », cette dernière nepouvant à la limite qu'être conscience du passé.

En effet toute perception, « siinstantanée soit-elle, consiste en une incalculable multitude d'élémentsremémorés, et à vrai dire, toute perception est déjà mémoire.

Nous nepercevons pratiquement que le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrèsdu passé rongeant l'avenir ».

Mais il convient de distinguer deux états deconscience :— la conscience attentive, qui est celle de l'action.

Elle se tourne vers le réel,adhère à la situation présente en vue de réaliser une tâche, une action qui seprépare.

Pour cela, elle ferme la porte au passé (ou en un sens, crée le passé,car celui-ci « est cette partie de notre histoire qui n'intéresse pas notre actionprésente ») pour n'en retenir que ce qui peut être utile à l'action présente ;— la conscience rêveuse, en revanche, se détache du réel, s'en désintéresse,tend vers ce que l'on nomme une « perte de conscience », au point de conduireau sommeil.

Évoluant dans la durée, elle ne se ferme pas au passé maiscoïncidant avec lui, devient pure mémoire.

C'est pourquoi « un être humain quirêverait son existence au lieu de la vivre tiendrait sans doute ainsi sous sonregard, à tout moment, la multitude infinie des détails de son histoire passée ». Edmund Husserl donne encore plus de spécificité au passé, qui existe en tant qu'il est irrévocable, et non commeune dimension du présent.

Le passé a une valeur de conscience, et en cela il nous influe continuellement.

Le passé comme exempleContrairement au présent qui est en train de se faire, le passé est entièrement accompli ; il est antérieur etirrévocable.

C'est une « base de données » stable, à laquelle on peut se fier.

Nous pouvons chercher dans le passédes souvenirs utiles à notre présent, en tirer des leçons.

Il a donc une valeur d'exemple de référence.

Le passé, àl'instar d'un vieux sage dont on écouterait les conseils, peut nous servir de guide pour le présent que nous vivons.

Il faut cependant voir que l'avenir n'est rien s'il n'existe pas de passé pour ledéfinir.

"Le présent est gros de l'avenir : le futur se pourrait lire dans lepassé." Leibniz.Ainsi ce que l'homme a vécu le détermine à faire un choix plutôt qu'un autreet lui fournit les moyens de parvenir à ses fins.

Jean Ortega affirme que "lepassé est le seul arsenal qui nous fournisse les moyens de façonner l'avenir."."c'est cette connaissance[ du passé] seule qui lui procure une intelligenceplus nette du présent et lui permet même de formuler des inductions pourl'avenir'." SchopenhauerDe plus, Bergson montre que le présent n'est rien d'autre que l'instant reliantle passé au futur, il ne peut dès lors pas y avoir une existence humaine sansune mémoire qui prolonge " l'effet utile du passé dans le présent." Sansmémoire, il n'y a pas de conscience.

Pour Schopenhauer, sans la mémoire, laconscience n'aurait pas plus d'unité "qu'un miroir dans lequel se réfléchittantôt ceci tantôt cela.", il n'y aurait pas de possibilité de connaissance et derelation entre deux choses.Être conscient, c'est donc savoir ce que j'ai vécu.

En effet, ce que nousconsidérons comme un individu dans le présent n'est en fait rien d'autre quele résultat de la formation progressive d'un sujet, qui s'est faite dans lepassé.

L'individu est le résultat d'une longue histoire.

Notre passé déterminedonc ce que nous sommes.Ainsi apprendre à oublier tout le passé nous amènerait à ne plus savoir ce quenous sommes et même ce qu'est le monde A lire : Saint Augustin, Confessions XI. »

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