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Quelle est l'importance en morale du Connais-toi toi-même de Socrate ?

Publié le 02/06/2011

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morale

 

Exorde. — La philosophie grecque, à ses débuts, s'était perdue dans toute espèce de spéculations sur le monde matériel, de sorte qu'elle avait eu un caractère essentiellement cosmologique. Socrate lui donna un but précis, l'étude de l'âme humaine et s'appropria en quelque sorte l'inscription que l'on voyait sur le frontispice du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même «, disant que cette connaissance était fort utile dans la vie pratique; il avait raison.

Proposition. — L'homme qui se connaît sait quelle est la portée de ses facultés et quelles sont leurs limites; — c'est en se connaissant que l'homme prend une conscience nette de ses devoirs, puisque la nature d'un être détermine sa destinée; — enfin la connaissance de nous-mêmes nous élève à la connaissance de Dieu.

 

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« devoirs qu'il a envers lui-même et envers ses semblables.

S'ignorer soi-même, avoir de sa nature une idée fausse ouimparfaite, c'est courir le risque de n'être ni honnête ni heureux; deux faits prouvent bien que le bonheur et lamoralité dépendent de la manière dont l'homme envisage et comprend sa nature.

Les épicuriens, mettant l'hommetout entier dans le corps, ne voyaient en lui qu'un être doué de sensibilité et lui assignaient le plaisir comme le butde tous ses actes; il est clair que dans un pareil système il ne peut être question d'un devoir quelconque ni enversla famille ni envers la patrie ni envers l'humanité; en outre, comme il ne dépend pas de nous d'arriver au plaisir, qui,pour l'épicurien, est la seule raison de vivre, il est clair que la glorification du suicide est une conséquence fatale de l'épicurisme ; tout sombre donc avec ce système.

Les stoïciens, au contraire,ne voyant dans l'homme que la raison, excluent la sensibilité et prétendentque la vertu suffit au bonheur, qu'elle est à elle-même sa propre récompense;les faits démentent encore cette théorie; en outre, la tension continuelle,l'effort sans but, qui, pour le stoïcien, constitue la vie, aboutit fatalement à lafatigue, au découragement; de là, cette apologie du suicide que l'on trouvechez beaucoup de stoïciens.

Ainsi, par une connaissance imparfaite de lanature humaine, épicuriens et stoïciens aboutissent également à uneabdication.

Une étude complète de notre être montre que l'homme n'est pastout entier dans la raison; sans doute la raison est la faculté essentielle del'homme et elle lui assigne la vertu comme le but de la vie humaine; maisquand le devoir a été accompli, quand nous avons été vertueux, la sensibilitéréclame et nous avons la conviction profonde que nous avons droit à unerécompense, que la vertu doit être heureuse : aussi des peines et desrécompenses sont-elles réservées au vice et à la vertu, et ces sanctionsn'enlèvent à la vertu ni son désintéressement ni son mérite.

De cane façon,toute notre nature est satisfaite, la raison d'abord, la sensibilité ensuite.Platon a donc eu raison de dire : « Se connaître soi-même, c'est la sagesse». Cette connaissance de soi-même peut encore avoir, dans la vie pratique, lesrésultats les plus heureux.

En nous révélant nos infirmités et nos vices, elle nous permet d'en essayer la guérison, etelle nous dispose ensuite à l'indulgence envers autrui; en nous révélant aussi notre grandeur, elle nous inspire lecourage de résister à nos mauvais instincts et nous préserve des défaillances coupables.

Pascal a résumé cesavantages dans une pensée pleine de justesse : « Il est dangereux de trop faire voir à l'homme combien il est égalaux bêtes, sans lui montrer sa grandeur.

Il est encore dangereux de lui trop faire voir sa grandeur sans sa bassesse.Il est encore plus dangereux de lui laisser ignorer l'une et l'autre.

Mais il est très avantageux de lui représenter l'uneet l'autre.

» Et à la suite de cette pensée, il ajoutait cette espèce de variante : « Il ne faut pas que l'homme croiequ'il est égal aux bêtes ni aux anges, ni qu'il ignore l'un et l'autre, mais qu'il sache l'un et l'autre. Troisième partie. — Enfin, la connaissance de l'âme humaine nous conduit à la connaissance de Dieu ; c'est une vérité que tous les philosophes ont proclamée depuis Socrate jusqu'à Descartes.D'abord, nous trouvons en nous des idées nécessaires et éternelles, qui ne peuvent appartenir à l'homme éphémèreet contingent, qui ne peuvent appartenir qu'à un être qui soit, comme elles, éternel et nécessaire; c'est dire qu'ellesviennent de Dieu et sont une preuve de son existence.

Mais la connaissance de nous-mêmes ne nous permet passeulement d'établir que Dieu existe; elle nous aide aussi à nous faire une idée de sa nature, puisque l'homme estl'oeuvre la plus parfaite de la divinité.

En se saisissant comme une force intelligente, il sent que cette intelligenceest bornée et ne porte pas en elle-même le principe de son existence; il faut donc que, en dehors de lui, il admetteune cause souverainement intelligente qui ait créé l'homme et lui ait donné comme un rayon de sa propre lumière.Car si tout effet a une cause, il est aussi évident que toutes les perfections qui se manifestent dans l'effet, doiventse trouver dans la cause; il est contraire à toutes les règles de l'induction de supposer des êtres intelligents quin'auraient point une cause intelligente.

Il en est de même pour d'autres qualités, comme la liberté, la puissance et labonté, que nous trouvons en nous-mêmes et que nous attribuons à Dieu en les portant à l'infini. Conclusion. — On peut donc affirmer qu'aucune science n'est plus utile que la connaissance de soi-même.

En effet, l'homme qui s'est bien étudié et observé, sait exactement de quoi il est capable et ce qu'il lui est impossible de faire;il connaît ses facultés, leur portée et leurs limites; il connaît aussi ses devoirs, sa destinée, le but vers lequel il peutet doit tendre, car notre conduite morale dépend de la solution des questions relatives à la nature humaine; enfin, «la connaissance de nous-mêmes, a dit Bossuet, nous élève à la connaissance de Dieu «.. »

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