Quelle vous paraît être la valeur philosophique de l'évidence ?
Publié le 18/01/2004
Extrait du document
L'évidence apparaît comme ce qui se présente d'emblée à l'esprit,
avec clarté, et est immédiatement et intuitivement saisi comme vrai. L'évidence
semble ainsi d'emblée pouvoir être comprise de deux manières radicalement
opposées dans le discours philosophique : la première en fait un critère
immédiat et certain de la vérité, qui la rapproche d'une révélation, d'un savoir
qui dépasse le mode de raisonnement et de démonstration généralement
caractéristique de notre mode de connaissance. La seconde manière de percevoir
l'évidence la renvoie au contraire à ce qu'il faut d'emblée soupçonner : ce qui
nous paraît évident nous semble en général ne pas exiger de justification, et
peut ainsi dissimuler une illusion, un cliché, un préjugé, que nous pouvons
remettre en question lorsque l'on s'interroge sur son fondement : l'évidence
serait ainsi ce qui se présente à nous de manière immédiate, mais n'est pas
nécessairement vrai. Poser la question de la valeur philosophique de l'évidence
exige ainsi de s'interroger sur la capacité des caractéristiques de l'évidence,
à savoir sa clarté et son immédiateté, à valoir comme des critères de vérité :
le fait qu'une chose se présente à mon esprit comme immédiatement et
complètement claire est-il une condition nécessaire et suffisante pour que je la
tienne pour vrai, ou, au contraire, ce fait m'indique-t-il que je dois me méfier
d'une telle représentation ? S'interroger sur la valeur philosophique de
l'évidence amène ainsi à se demander sur quoi repose une évidence, sur ce qui
peut fonder son assimilation à un critère de vérité. Après avoir montré que la
sagesse philosophique peut se concevoir comme se construisant contre toute
évidence, nous verrons que l'évidence peut au contraire apparaître comme le
fondement de toute vérité philosophique, avant d'affirmer qu'une évidence ne
peut revêtir une valeur philosophique que si elle est confirmée par la
démonstration.
1° La sagesse se construit contre
l'évidence
La perspective sceptique,
défendue notamment, dans l'Antiquité, par Pyrrhon, postule que nous ne pouvons
jamais être certains de pouvoir atteindre avec certitude une vérité : en effet,
sur une même question, il y a contradiction entre les jugements, et les sens
peuvent se révéler trompeurs. La sagesse consiste alors à douter, et à suspendre
notre jugement, en nous abstenant de conférer aux choses une valeur, de vérité
ou de justice, car nous ne pouvons être certains que cette valeur soit fondée.
Selon cette perspective, ce qui s'offre à nous comme une évidence, qu'il
s'agisse d'une donnée fournie par nos sens ou d'une idée, d'une opinion, loin de
revêtir une valeur philosophique, est au contraire ce contre quoi doit se
construire la sagesse philosophique : pour que l'évidence puisse revêtir une
valeur, il faudrait que ce qui la fonde comme vrai nous soit accessible avec une
certitude absolue, mais, comme une telle certitude ne peut être atteinte par
nous, nous ne pouvons jamais savoir si ce qui nous apparaît comme évident est
bien une vérité, ou est au contraire une illusion.
2° L'évidence intellectuelle comme
critère de la certitude et comme fondement de la philosophie
La perspective sceptique
récuse la valeur philosophique de l'évidence pour la raison qu'elle ne peut être
fondée sur une vérité absolue qui nous serait accessible.
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