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Quels sont les dilemmes de l'humanisme athée ?

Publié le 11/06/2009

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Tous les arguments contre l'existence de Dieu sont les effets d'une volonté de « ramener la philosophie du Ciel sur la Terre « selon l'intention qu'on rapporte traditionnellement à Socrate, et de nier la Transcendance. Le but avoué de Lucrèce, «débarrasser les hommes de la présence des Dieux « reste le but de tous les systèmes athées. La Terre n'appartient qu'aux hommes et ils sont seuls maîtres de leur Destin. La libération de l'homme doit commencer par « la mort de Dieu « selon la forte expression que Nietzsche met dans la bouche de son Zarathoustra. — I— Ces philosophies se fondent sur 3 thèmes principaux 1 — La confiance en notre propre valeur. Nous nous sentons responsables de nos oeuvres ; elles dépendent de nous et, en tant que nous pouvons nous proposer d es buts, nous nous sentons créateurs de certaines valeurs. De là, s'élève l'affirmation de la valeur de l'homme : « En tant que principe et sujet de la Raison, dit Kant dans « Fondements de la métaphysique des moeurs «, l'homme est au-dessus de toute estimation «. Il est donc une fin en soi et, au lieu de dévier vers la morale kantienne, on peut en déduire que l'homme n'a d'autre fin que lui-même. L'estime de soi renforce cette affirmation et contribue ainsi à identifier le réel et la valeur.


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« 2 — La construction de l'immanentisme. Que proposent en fait les philosophies de « l'Humanisme athée » si l'on convient d'appeler ainsi l'ensemble des philosophies athées constructives ? Elles donnent une profondeur à laRéalité.

L'Être qu'elles refusent sous l'aspect d'une Transcendance Absolue, est placé dans la Réalité comme uneVirtualité secrète que le Progrès ou l'Action va déployer dans le Temps ou dans l'Histoire, et sur laquelle se fondentà nouveau les valeurs. A — La notion de Progrès implique un dépassement incessant de la Réalité.

« Soit que l'on considère le Progrès comme une pénétration dans une réalité qui jusque-là nous était refusée, soit que l'on considère, dansl'activité même qui progresse, un surplus de puissance par rapport à son exercice actuel, on voit que dans les deuxcas, il y a, au-delà de notre expérience, quelque chose de transcendant qui est la condition supposée de sonenrichissement ».

(Lavette.

« De l'Acte ».).

Le Progrès implique la réalisation d'un « mieux », il est, dans un certainsens, mécontentement du réel actuel, désir de transformation, d'amélioration.

D'où l'homme tire-t-il la pensée desValeurs ou des principes au nom desquels il juge le réel et le présent insuffisants ou injustes ? De la Société ? Dansce cas d'où tire-t-il l'intention de transformer la Société ?Selon Comte, comme selon Marx et Durkheim, le révolutionnaire lutterait pour la transformation de la société au nomd'une société à venir qui réaliserait un plus juste équilibre, mais puisque cette Société future n'existe pas encore,c'est bien d'un idéal que viennent les motifs de l'action.

Il y a donc bien en l'homme « de quoi aller plus loin ».D'autre part, le parallélisme du progrès de la connaissance et du progrès moral suppose dans l'homme uneorientation virtuelle vers le Bien.

La connaissance de la sociologie suffirait, d'après Comte, pour déterminer lesentiment sacré de l'Humanité ; la connaissance de l'économie politique aurait le même effet d'après Marx ; cethème, cher à Socrate comme à Descartes et à Spinoza ne se comprend que parce qu'il implique l'existence enchaque homme d'une volonté aveugle vers le bien, d'une bonne volonté, disons d'aspirations humanitaires qui «attendent » les lumières de la connaissance pour voir clairement ce vers quoi elles tendaient obscurément. B — Les philosophies du « dépassement ». Il est une formule de Guyau dans une de ses poésies qui résume d'une manière frappante les conclusions de ses ouvrages personnels (« L'irréligion de l'avenir », « Essai d'une moralesans obligation ni sanction .) et aussi les conclusions des humanismes athées : « Regarder vers le Ciel, même en lecroyant vide ».La générosité que nous propose Guyau en échange des impératifs moraux reniés, la volonté de se surmonter quepropose Nietzsche, l'amour de la Justice dont fait état Proudhon, le sentiment de l'Humanité de.

Comte, les qualitésque Marx exige du prolétaire, préfiguration de l'Homme Nouveau de la Société future, sont, en fait, autantd'impératifs moraux dans les philosophies qui croyaient avoir piétiné la morale.

La différence, à leurs yeux, est queces impératifs ne viennent plus « de l'extérieur », mais que l'homme les découvre au plus profond de lui comme desforces latentes qui vont entrer en action. C — Par là l'humanisme athée retrouve une transcendance immanente et renoue avec la tradition desphilosophies de l'immanence. « L'expérience elle-même », dit Édouard Le Roy, dans un article célèbre (avril 1905) où il développe l'immanentisme absolu, « n'est point du tout une acquisition de choses qui nous seraient d'abordtotalement étrangères ; non, niais plutôt un passage de l'implicite à l'explicite, un mouvement nous révélant desexigences latentes et des richesses virtuelles, ...

un effort de développement organique mettant des réserves envaleur ou éveillant des besoins qui accroissent notre action...

».Cette puissance infinie de connaissance, de renouvellement, de création, d'action a été aussi appelée Dieu : c'est leLogos immanent auquel l'homme participe par la Raison, selon les Stoïciens ; c'est « la Nature ou Dieu » selonSpinoza, c'est l' « Esprit » selon Hegel, c'est l'Élan Vital bergsonien, la Conscience dans la philosophie deBrunschvicg. En conclusion. L'infini, l'homme le porte en lui comme une aspiration, comme une nostalgie, et comme une volonté. La négation absolue de toute transcendance se nie elle-même dès qu'elle propose aux hommes un mouvement versun mieux, mouvement qui fait fonds sur des idéaux dont la définition même est d'être des dépassements du réel.Transcendance et immanence se rejoignent donc sur ce thème que, dans la mesure où les hommes acceptent le réelcomme un donné, leur moi tel qu'il est, et leur condition comme un destin, ils trahissent leur humanité, ...

et qu'ilsdoivent et peuvent se transcender.

« Il n'y a qu'un monde, le nôtre, et nous n'avons pas le droit de mépriser notreterre dit Lavelle, a elle est pour nous un séjour et un chemin ; c'est en elle et non hors d'elle que le transcendant sedécouvre à nous ».. »

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