Qu'est-ce que le beau ?
Publié le 21/01/2004
Extrait du document
«
agréable; il en est ainsi non seulement pour...
mais aussi pour...
Il en va tout autrement du beau; ce serait (précisément à l'inverse) ridicule si quelqu'un se piquant de bon goût, pensait s'en justifier en disant : ...beau pour moi.
Car...
mais quand il dit...
il ne juge pas seulement pour lui, mais au nom de tous et parle alors de la beauté comme d'une propriété des objets ; il dit donc...
et ne compte pas pour son jugement de satis- faction sur l'adhésion des autres parce qu'il...
mais il exige cette adhésion..., et ainsi on ne peut pas dire que chacun ait son goût particulier.
Cela reviendrait à dire...
»
QUELQUES DIRECTIONS DE RECHERCHE
• De quoi part le raisonnement (et l'analyse) de Kant aussi bien dans le premier paragraphe que dans le second?• Différence entre « goût » et « bon goût »? • Pourquoi la notation : « précisément à l'inverse »? • Pourquoi « on ne peut pas dire que chacun ait son goût particulier »? • Quelle(s) fonction(s) ont ici les raisonnements par l'absurde?
éléments d'explication
Pour Kant, le jugement du goût, qui énonce si une chose est belle ou non, n'est pas un jugement de connaissance.Il n'est donc pas logique mais esthétique, c'est-à-dire que « son principe déterminant ne peut être que subjectif »{Critique du jugement, § 1).
Cet élément subjectif qui détermine le jugement du goût, c'est une satisfaction.
Maiscette satisfaction est désintéressée.
En effet, lorsqu'on me demande si je trouve telle chose belle, « ce qu'on veutsavoir c'est seulement si la seule représentation de l'objet est accompagnée en moi de plaisir quelle que soit monindifférence pour l'existence de l'objet de cette représentation » (id., § 2).
En d'autres termes, je puis juger qu'unechose est belle sans désirer la posséder ou même en la condamnant : je puis dire qu'un palais est beau sans désireraucunement y habiter ou en estimant que sa construction ayant coûté beaucoup de souffrance au peuple, il eûtmieux valu ne pas le bâtir.
La satisfaction qui accompagne le jugement du goût est donc bien « un plaisir pur etdésintéressé » (id.).
Par là le beau se distingue du bon et de l'agréable, lesquels sont liés à un intérêt.
(Kants'oppose ainsi à la tradition gréco-latine qui ramenait le bon au bien, comme chez Platon , et/ou à l'agréable (êdu)et à l'utile (ôphelimon), comme chez Aristote).
L'agréable est en effet « ce qui plaît au sens dans la sensation » (id.,§ 3) tandis que le bon est « ce qui, au moyen de la raison, plaît par simple concept ».
Dans le bon « il y a toujoursle concept d'un but, le rapport de la raison à un vouloir (tout au moins possible) ; par suite une satisfaction causéepar Y existence d'un objet ou d'une action, c'est-à-dire quelque intérêt » ( id., § 4).
Ainsi donc, l'agréable et le bonsont liés à la faculté de désirer alors que « le jugement du goût est simplement contemplatif » ( id., § 5).En résumé « on nomme agréable ce qui donne du plaisir; beau ce qui plaît simplement ; bon ce qui est estimé(approuvé), c'est-à-dire ce à quoi l'on attribue une valeur objective » (id.).
Mais seule la satisfaction procurée parle beau est « désintéressée et libre car ici aucun intérêt ni des sens, ni de la raison ne nous oblige à donner notreassentiment » (id.).
Nous pouvons donc donner une première définition du beau de la manière suivante :« Le goût est la faculté de juger un objet ou un mode de représentation par la satisfaction ou le déplaisir d'unefaçon toute désintéressée.
On appelle beau l'objet de cette satisfaction.
» (Id.).Mais dès lors il apparaît que la satisfaction causée par le beau ne peut être qu'universelle, puisque tout intérêt enest absent.
» Car l'objet qui donne une satisfaction dont on a conscience qu'elle est exempte d'intérêt, ne peut êtrejugé que comme contenant un motif de satisfaction pour tous.
En effet, celle-ci n'est pas motivée par quelqueinclination du sujet (ni quelque autre intérêt réfléchi), et le juge se sent entièrement libre par rapport à lasatisfaction qu'il trouve dans l'objet; aussi ne peut-il trouver comme motifs à sa satisfaction des conditionspersonnelles auxquelles tienne son sujet seul ; il faut donc qu'il la considère comme motivée par quelque chose qu'ildoit supposer aussi en tout autre ; par suite il doit penser qu'il a raison d'attribuer à chacun une satisfactionsemblable.
(...) Mais ce n'est pas de concepts que cette universalité peut résulter; car de concepts, on ne peutpasser au sentiment du plaisir ou de la peine ( sauf dans les pures lois pratiques, mais elles contiennent un intérêt; ilne s'en joint aucun au pur jugement de goût) ».
Donc, est beau ce qui plaît universellement sans concept..
»
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