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Qu'est-ce que le mauvais goût ?

Publié le 07/01/2004

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Celui-ci est marqué d'abord par la création d'un style, plus ou moins éphémère et, parallèlement, par l'apparition de modes, de « manies », d'engouements, qui s'épuisent par leur excès même. On comprend que dans la définition même du goût, il n' y a pas uniquement des prérogatives subjectives, mais le goût est façonné par l'entourage proche ou par la société.      b. Selon Kant dans la Critique de la faculté de Juger, l'essentiel est sans doute un déchiffrage de l'énigme du goût : tout en affirmant qu'il ne faut pas en disputer, chacun gardant le sien sans prétendre à l'assentiment d'autrui, c'est un fait que les hommes ne se résignent pas à déserter ce domaine de la communication, puisqu'on peut les voir se contester incessamment la valeur de leur goût, comme s'ils croyaient au fond qu'un accord devrait être possible. Cette apparente contradiction a sa raison profonde : il est bien vrai que le jugement de goût ne saurait prétendre à la même objectivité que le jugement logique dans la connaissance, car il ne se fonde pas comme lui sur des concepts ; il est esthétique et il se rapporte à un sentiment, comme tel inaliénable en connaissance, celui d'une satisfaction éprouvée dans l'appréhension d'une forme. S'il prétend néanmoins exiger comme nécessaire un assentiment universel, c'est que ce sentiment n'est pas subjectif au même titre que celui de l'agréable, suscité par la seule sensation. Il doit être éprouvé par tous parce qu'il est désintéressé, indifférent à l'existence de la chose, qui est simplement contemplée, sans devenir l'objet d'aucune connaissance ni d'aucun désir, et qu'il est la conscience d'une espèce d'appropriation de la nature à l'homme se manifestant dans le jeu libre et harmonieux de l'imagination et de l'entendement, qui sont les conditions universelles de la faculté de juger. Le principe de cette harmonisation des facultés en nous, et de l'appropriation de la nature hors de nous à notre faculté de juger, est le suprasensible, qui fonde la liberté et l'unité des fonctions théoriques et pratiques de la raison. La faculté de juger s'y rapporte comme à une norme indéterminée, celle d'un sens commun à tous, sur lequel elle règle sa réflexion et qui lui permet, lorsqu'elle décide de ce qui rend le sentiment universellement communicable, d'exiger l'assentiment de tous comme une sorte de devoir.   II.

Le sens commun affirme qu’ « On ne discute pas des goûts et des couleurs. « En d’autres termes, on pense que les goûts sont quelque chose de personnel, de subjectif et qu’on ne peut remettre en cause par une discussion argumentée et rationnelle. Les goûts proviendraient de l’histoire personnelle de la personne comprenant son éducation, son niveau social, qu’une simple discussion ne pourrait de toute évidence modifier. Mais c’est justement ignorer des relations sociales, de la discussion, des débats dans la construction du goût. Cela serait ignorer aussi qu’il existe le mauvais goût, un goût contestable dont on peut disputer.

« reproductions d'art à bon marché.

Kitsch veut dire aussi : « vendre en dessous du prix » ou de kitschen « rénover, revendre du vieux », d'abord « ramasser des déchets dans la rue » Le mot a ensuite resurgi dans le vocabulairesuivant les besoins du temps .

Il ne faut donc pas qualifier de kitsch un objet ou un bâtiment si l'idée et surtout le contexte qui a vu émerger cette notion n'existaient pas.

Jean Duvignaud définit ce phénomène dans Baroque et kitsch : « Kitsch, mot qui apparaît à la fin du siècle dernier, en Europe centrale quand l'industrialisation esquisse une redistribution des bénéfices de la production.

Les salariés achètent quelques bribes d'une culture à laquelle jusque- là ils n'avaient aucune participation.

Les amateurs éclairés font la grimace : ces gens se pavanent dans lapacotille, dans un ersatz de grand art, et se laissent séduire par une musique dégradée, une peinture pervertie etles facilités commerciales du tape-à-l'œil, le kitsch n'est-il que cela ? » On aperçoit ainsi l'étroite imbrication entre la sociologie et l'histoire, dans la mesure où le goût « populaire » apparaît souvent comme une imitation, décalée dansle temps, de ce qui, une génération auparavant, pouvait appartenir au goût « bourgeois » – comme le montre bienPierre Bourdieu dans La Distinction , à propos, par exemple, des tableaux de Bernard Buffet ou des Quatre Saisons de Vivaldi.

c.

À l'époque des Lumières, le style gothique était jugé barbare et de mauvais goût.

Le Moyen Âge n'était que le siècle de l'ignorance.

On disait souvent «Tout ce qui n'est pas dans le goût antique, s'appelle barbare ougothique.

» On pensait donc que ce style a été introduit par les barbares qui seraient venus du nord de l'Empireromain.

La théorie selon laquelle le gothique est d'origine nordique remonte à Vasari (1550).

Aussi en 1697, le poèteJ.

Evelyn dans Account of architecte and architecture écrivait «Les édifices gothiques sont lourds, sombres et mélancoliques, sans aucune juste proportion comparé au véritable style des anciens.

On confond aussi à cetteépoque le style sarrasin et le style gothique.

» Les édifices gothiques sont jugés sans simplicité rationnelle.

Pour lescritiques du XVII et du XVIII e siècle, le style gothique s'est éloigné de la nature, il n'emploie pas les règles de la symétrie issues de Vitruve.

C'est le romantisme qui va opérer ce renversement de pensée.

Le gothique seradésormais jugé comme plus conforme à la nature que le style classique.

Aussi d'un style jugé barbare, le stylegothique est devenu un style que les plus grands intellectuels du temps ont apprécié.

Goethe, Hegel ont fait dustyle gothique, le style artistique à suivre.

L'histoire de l'art connaît ces permanentes fluctuations entre le bon et lamauvais goût.

De même, le style rococo qu'on juge surchargé et kitsch était de bon goût à l'époque de sonapparition.

Conclusion On ne peut porter un jugement vrai sur le bon et le mauvais goût, comme l'a bien remarqué Kant, les jugements degoût ne peuvent réclamer la même exactitude que les jugements scientifiques.

L'art évolue avec le temps, ce quiétait de bon goût à une époque ne l'est plus à une autre.

Ceux qui dictaient les jugements de goût ne sont paséternels, et le public change.

Au final, il n' y a pas de vérité à donner sur les goûts artistiques.

Un artiste commeMarcel Duchamp exposant un bidet comme une œuvre d'art a fait preuve de mauvais goût mais il a fait avancerl'histoire de l'art, et il est encore reconnu comme artiste digne de ce nom.. »

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