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Qu'est-ce que le moi ?

Publié le 14/06/2009

Extrait du document

Le grand psychologue MAINE DE BIRAN rapporte qu'on lui posa un jour la question inopinément et qu'il en fut d'abord tout déconcerté : « On m'a demandé brusquement : qu'est-ce que le moi? Je n'ai pu répondre ; il faut se placer dans le point de vue de la conscience : ayant alors présente cette unité qui juge de tous les phénomènes en restant invariable, on aperçoit le moi; on ne demande plus ce qu'il est. Le moi est, en effet, par excellence la réalité de l'esprit vécue d'une façon immédiate dans son intériorité la plus profonde et la plus familière, au centre de subjectivité d'une personne concrète qui s'interroge sur elle-même ou simplement se surprend au miroir de la conscience. Ce qui apparaît très vile à la réflexion c'est qu'il y a plusieurs aspects du moi et même une pluralité de moi parmi lesquels il faut retrouver l'unité de la personne et son centre d'existence. a) Le moi physique. C'est ce que je possède, ce qui est mien ou ce que je déclare tel : des objets, des livres, des choses diverses dont je dis qu'elles sont à moi. Mais, pour parler comme GABRIEL MARCEL, c'est là notre avoir et notre avoir n'est pas notre être : nous pouvons nous en détacher sans cesser d'être ce que nous sommes, encore que le sacrifice puisse nous coûter. Toute possession est accidentelle et contingente.

« peut ébranler puisque douter c'est penser encore.

Si je doute c'est que je pense et si je pense c'est que je suis,comme nous l'enseigne DESCARTES qui découvre le Cogito : « Ce moi c'est-à-dire l'âme.

par laquelle je suis ce queje suis.Le je se distingue du moi comme le sujet observant du sujet observé à l'intérieur de soi, comme la conscienceréfléchissante de la conscience réfléchie, Mais ce je, lui-même, quel est-il?• On peut craindre que la réduction du moi au je n'aboutisse à une conscience impersonnelle, à une penséeabstraite et générale qui penserait en moi.

Mais ce serait oublier que j'ai conscience de mon existence personnellepar un acte de pensée que personne ne peut faire pour moi.

Le Cogito est à la première personne.• Le je pense ne s'identifie pas davantage avec ce que KANT appelle le sujet transcendantal, c'est-à-dire l'activitésynthétique a priori qui lie entre elles les représentations et unifie les lois de la pensée — ni avec le sujettranscendantal hors du temps et de l'espace, hors du monde dont parle HUSSERL dans sa Phénoménologie.• Le je se distingue du moi de la façon suivante : le moi est l'ensemble des phénomènes intérieurs, des faits deconscience — le je est ce qui transcende ce torrent de phénomènes, cette histoire intérieure.

J.

VIALATOUX faittrès bien la distinction en parlant d'un dédoublement du moi en un moi-objet, empirique ou phénoménal et en un je-sujet transcendantal ou métaphysique.

Mieux vaudrait dire cependant : le moi-sujet et le je-sujet car l'objet, entant que tel, est extérieur à cette dualité.Le je pense c'est la conscience, c'est-à-dire la présence de l'esprit, avec toute sa richesse, dans une personneconcrète.Il est bien évident que le je ne reste jamais séparé du moi puisqu'il est précisément le centre de la personnalité, sonunité vivante ; il est le moi lui-même dans cette fonction.

Voilà pourquoi il n'aura pas de peine à retrouver les diversmoi que nous avions mis entre parenthèses pour atteindre au coeur de la personnalité.

'fous ces moi — physique —organique — social — psychologique — lui appartiennent en ce sens qu'il définit lui-même la façon dont il lespossède et dont il les vit.Nous écarterons ici comme trop spéciale l'étude des démarches par lesquelles le je s'approprie son propre moi, tellesque les conçoivent les grands philosophes.En fait le je dépasse toutes les explications qu'on peut en donner, les perspectives qu'on prend sur lui; c'estpourquoi la personnalité garde son mystère.

De plus le je ne se suffit pas à lui-même, il se sent incomplet, imparfait,ouvert sur l'être auquel il aspire par-delà l'existence sans pouvoir l'obtenir de lui-même.

DESCARTES et saintAUGUSTIN s'accordent pour dire avec profondeur que la personne porte en elle le signe de l'Absolu et que c'est Dieuqui est en moi plus moi-même que moi. f) Complexité du moi. A la question : quelle idée peut-on se faire du moi? on pourrait répondre de bien des façons :• Le moi, c'est ce qui fait que je suis unique et personnel.• C'est la conscience sans laquelle je ne saurais pas que j'existe, la conscience, c'est-à-dire cette présence de soià soi et aussi cette distance qui me permet de me voir au miroir intérieur.• C'est la dualité du je et du moi.• C'est ce monde psychique où l'on découvre le moi superficiel et le moi profond au sens bergsonien; le sur-moi, lemoi et le ça au sens freudien; le moi inférieur et le moi supérieur au sens moral.

C'est l'être connu et familier maisaussi inconnu et inquiétant.• C'est le sujet de la contemplation pure qui regarde toute chose en spectateur et se mire en lui-même au miroir dela conscience, mais aussi le sujet actif et agissant qui inscrit son action dans le monde.• C'est l'être libre et responsable.• C'est le sujet qui reste identique à travers ses changements.• C'est l'être qui porte en lui tout son passé mais tend sans cesse vers l'avenir et qui aspire à être, qui estdépassement et transcendance.Ces contradictions et bien d'autres constituent la dialectique du moi.. »

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