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Qu'est-ce que le passé ?

Publié le 15/03/2004

Extrait du document

► Un « monde sans justice « peut désigner soit un monde sans système juridique, soit un monde sans idéal de justice, soit encore un monde où domine l'injustice. Puisqu'il existe des sociétés humaines sans organisation juridique (sociétés dites primitives), la question n'a d'intérêt philosophique que prise en son deuxième ou troisième sens (nous départagerons ces deux sens dans l'introduction).

► Un monde est « humain « si les hommes peuvent y vivre humainement. Le terme d'humanité n'est pas pris ici en son sens biologique d'appartenance à l'espèce humaine mais en sa signification éthique de civilisation (le contraire de la barbarie). L'humain, c'est l'homme ouvert sur l'autre homme, l'humain de l'humanisme ou de l'engagement humanitaire. Nous pouvons donc reformuler la question : la société doit-elle se référer à la justice pour que les hommes y soient vraiment sociables ? La civilisation peut-elle se passer de la norme de justice ? L'oubli ou la transgression de la justice conduisent-ils à la barbarie ou bien la notion de justice n'est-elle pour l'homme qu'une fiction dont il pourrait se passer ?

Introduction

  • Un monde sans justice est inhumain

A-En quoi consiste l'oubli de la justice ? B - Le droit peut-il remédier à l'effacement de l'exigence de justice dans les consciences ?

  • Le monde doit se libérer de l'exigence de justice pour être humain

A-Critique de l'idée de justice B - L'exigence de justice est-elle vraiment un verrou contre la violence ?

  • Nous avons besoin de juges pour nous débarrasser de l'exigence de justice

A-L'idéal de justice conduit à l'injustice B-Le renoncement à l'idéal de justice, condition de l'humanité

Conclusion

« Analysons mieux l'exemple choisi.

Mon travail présent, ai-je dit, s'explique par mon travail passé.

Il fait intervenir ungrand nombre de souvenirs, d'habitudes motrices ou intellectuelles.

Tout cela qui est pourtant passé, me sert àprésent, et pour l'avenir.

Le passés'actualise » dans le présent.

Le mot « actualiser » contient bien, étymologiquement, le mot actuel, synonyme deprésent, mais aussi le mot acte, action.

C'est dans l'action, la conduite, que passé, présent, avenir s'unissent etpourtant se distinguent.

Ce qui est passé, totalement passé à l'heure où j'écris, c'est ce que mon action présenten'a pas besoin d'actualiser.

Je ne saurais donc rechercher le passé en dehors de l'action, sans m'exposer à leconfondre avec le présent ou sans en faire un mythe.

Le passé, c'est à la fois mon oubli et mon souvenir, ce qui mesert et ce qui ne peut me servir parce que je l'ai écarté de ma vie, consciemment ou non, volontairement ou non.

Jedois donc chercher la réalité du passé dans ce monde dont je suis une partie, et qui est à la fois du temps et del'action.Le temps passe non seulement dans ma conscience où je perçois, quand j'y prends garde, l'écoulement d'une duréepure, mais pour moi, pour mon être physique et intellectuel, pour le monde.

Ce temps qui passe pour moi me permetd'acquérir de l'expérience ; je puis trouver qu'il passe vite, que je vieillis trop et pourtant je ne saurais acquérir cesens de la vie, cette culture que je puis avoir, sans y passer du temps.

Il est donc futile de se plaindre que le tempspasse, puisque de toutes façons il passe et que mes plaintes ne l'arrêteront pas : mieux vaut songer à l'employer lemieux possible, à ne pas le gaspiller.

On se désole de vieillir, et la crainte du temps n'épargne pas les adolescents ;on se désole moins — et moins sincèrement — de le perdre, non au sens proustien, mais au sens du bons sens.

Cen'est pas payer trop cher l'expérience, la connaissance de la vie de la perte de ce qu'on appelle les avantages de lajeunesse, c'est-à-dire en général une certaine insouciance.

« Il est permis de ne rien connaître à rien, disait Mme deStaël, mais il ne faut pas en abuser.

» Le temps n'est pas seulement ma réalité, il est aussi celle de tous les hommeset du monde.

Le temps commun au monde, à autrui et à moi, c'est d'ailleurs ce qu'on appelle l'histoire. Depuis le philosophe allemand Hegel, cette dimension historique a acquis ledroit de cité en philosophie.

Ce n'est que par abstraction que l'on peutconsidérer les activités humaines en dehors de cette dimension essentielle etil n'est pas exclu que le parti pris de l'omettre ne parvienne à fausser l'analyseapparemment la plus sérieuse.

L'objectivité, dans les sciences humaines nesaurait consister à considérer l'homme comme un objet inanimé et non-pensant, puisque, en fait, il pense et vit ; l'objectivité, si elle existe, ce doitêtre de considérer l'homme comme un être qui vit dans le temps, qui y naît,s'y développe et meurt, et qui n'est pas seul dans ce cas.

Mais il faut donner,à partir de cette remarque, une importance accrue à l'histoire ; nous nedevrons plus appeler histoire la connaissance de grands événements,militaires ou individuels; il y aura histoire toutes les fois qu'on parlera del'homme et de son activité : histoire des individus, sans doute, mais aussihistoire des peuples, des civilisations, des techniques, des sciences.. »

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