Qu'est-ce que le totalitarisme ?
Publié le 15/12/2009
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Le terme est d'emploi courant depuis 1945 et s'applique aussi bien aux États qu'aux partis ou aux idéologies. Il désigne en effet un pouvoir autoritaire et dictatorial, dont le caractère principal est d'instituer une dynamique de perpétuation du régime par le musellement a priori de toute contestation. Les exemples de systèmes totalitaires ne manquent pas, mais c'est sans aucun doute la bureaucratie soviétique, mise en place par Staline de 1934 à 1953, qui a fait couler le plus d'encre. Celui qu'on appelait « le petit père des peuples « est parvenu, en s'appuyant sur les dogmes du marxisme-léninisme et sur la pratique intensive des déportations, tortures et exécutions, à instituer un Etat monstrueux, un « tout-Etat « qui ne saurait souffrir aucune réforme, condamné à demeurer toujours identique à lui-même, enfermé dans sa rigidité monolithique.
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Les philosophes, dans cette seconde moitié du XXe siècle, n'ont pu ignorer le phénomène totalitaire.
CornéliusCastoriadis et Claude Lefort fondent dès 1948 la revue Socialisme ou barbarie, qui déjà présente le systèmesoviétique comme un nouveau régime d'exploitation et de domination des masses s'appuyant sur une bureaucratiedévorante.
Hannah Arendt montre en 1951, dans Les origines du totalitarisme, qu'il s'agit en effet d'un « nouveautype de régime » qui substitue à la loi positive une loi prétendument naturelle, propre à justifier l'extermination desindividus s'opposant aux progrès de la nature et de l'histoire.
Edgar Morin et Kostas Axelos créent en 1956 la revueArguments qui s'est vouée, alors même que commençaient la désacralisation et la profanation de Staline, à la «révision » du mode de penser marxiste.
Karl Popper, de son côté, a plutôt tenté de retrouver les racinesphilosophiques du totalitarisme dans les œuvres de Platon, Hegel et Marx ; tout comme les « nouveaux philosophes» français, qui n'hésitent pas à rejeter la responsabilité de la barbarie qu'il engendre sur les maîtres à penser de laphilosophie du XIXe siècle.
On a appelé «totalitarisme» la forme politique prise par le gouvernement de l'Allemagne nazie, entre 1933 et 1945, etpar le gouvernement soviétique stalinien, entre 1929 et 1953.
Caractérisé par une forme de domination totale, cerégime diffère toutefois radicalement de la tyrannie et de la dictature.
Nazisme et stalinismeLe IIIe Reich se caractérise par le mythe raciste qui s'est forgé autour de lui, sa volonté de puissance vitaliste (un«Reich de mille ans») qui devient projet de domination universelle et ne recule devant aucune forme de destruction,de la «guerre totale » au génocide.
Il demeure le «modèle» du totalitarisme.
Symbolisé par son « homme nouveau »,son idéal mécaniste et son déni de la réalité, le stalinisme liquidera aussi en masse ses opposants et recourraégalement à une propagande permanente.
L'État totalitaireCes régimes totalitaires présentent le point commun d'être fondés sur un semblable mépris des lois — jusqu'auxsiennes propres — et de la personne humaine.
L'État totalitaire se dispense de lois stables susceptibles d'entraversa marche en avant : il leur préfère des règles arbitraires, sans cesse modifiables.
Les seules lois — scientifiques,économiques, historiques — reconnaît sont celles d'un monde fictif, passé, présent et futur.
L'État totalitairenécessite une police puissante et bien organisée, destinée à faire régner la terreur.
Le rejet de la démocratie, de lanotion même de délibération, ainsi que de la personne humaine et de ses droits élémentaires, est une autre de sescaractéristiques.
L'État totalitaire s'efforce de sceller un lien indéfectible entre des « masses » qui doivent êtreprêtes à tout lui sacrifier et des chefs absolus, seuls clairvoyants et détenteurs du sens.
Entre eux, il n'est pas deplace pour l'« individu ».
Enfin, non contents d'asservir la population du pays où ils triomphent, ces régimes sontaussi totalitaires dans la mesure où ils cherchent à exporter leur modèle dans le monde entier, par tous les moyens.
L'absolutisme n'est pas le totalitarisme
L'absolutisme du souverain n'est pas le pouvoir personnel d'un individu mais une fonction sociale indépendante de lapersonne qui l'exerce.
Cette fonction d'origine divine impose des devoirs plus encore que des droits.
Le roi absolu dedroit divin n'était ni le tyran de la Renaissance ni le despote des régimes totalitaires modernes.
Certes, Hobbesjustifie la toute-puissance de la monarchie, mais avec cette réserve toutefois qui fait toute la différence entrel'absolutisme et le totalitarisme: le prince peut tout dans l'exacte mesure où il protège l'intégrité corporelle de celuiqui lui est assujetti; son pouvoir absolu n'est pas total: il s'arrête là où commence la propriété privée du corpspropre.
Si le souverain ordonne à un homme, même justement condamné, de se tuer, de se blesser, de se mutiler oude ne pas résister à ceux qui l'attaquent, écrit Hobbes, cet homme a la liberté de désobéir..
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