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Qu'est-ce que l'intelligence ?

Publié le 19/06/2009

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INTRODUCTION. — A l'époque où la psychologie était conçue principalement comme l'étude des facultés de l'âme, elle comprenait normalement trois parties consacrées respectivement à la sensibilité, à l'intelligence et à la volonté. « Sensibilité » désignant dans, ce cas l'ensemble des fonctions affectives, toutes les fonctions cognitives, depuis la sensation jusqu'à l'intuition rationnelle et au raisonnement, dépendant de l'intelligence. « Intelligence » devenait donc synonyme de « connaissance ». Mais si cette acception figure encore dans les vocabulaires de philosophie, elle n'est pas et n'a jamais été usuelle, même chez les philosophes. Il faut donc voir dans l'intelligence un mode particulier de connaître. Mais lequel ? « Celui que mesurent mes tests », déclarait un psychotechnicien prudent et surtout humoriste. Mais que mesurent-ils ? Nous répondrons à ces questions en réfléchissant sur l'usage du mot à définir. « Intelligence », en effet, se rencontre dans des contextes assez divers nous attribuons une intelligence prompte ou lente à un élève, mais encore au chien ou aux singes supérieurs. On parle aussi de l'intelligence des langues étrangères ou des mathématiques. De personnes qui ont de fréquents rapports on dit qu'elles vivent en bonne ou en mauvaise intelligence; « être d'intelligence » avec quelqu'un consiste à s'entendre avec lui, principalement pour duper les autres; les tribunaux militaires ont à connaître de la demi-trahison qu'on dénomme « intelligence avec l'ennemi ». I. — L'INTELLIGENCE « AVEC » DES PERSONNES Pour « être d'intelligence » avec quelqu'un ou vivre en bonne intelligence avec lui, il n'est pas nécessaire d'être fort intelligent. On ne voit pas que les génies se distinguent par leur esprit d'équipe et qu'ils soient particulièrement sociables. Toutefois un individu inintelligent serait incapable d'être d'intelligence avec un autre, car cette « intelligence » suppose qu'on comprend l'objet de l'entente, le but visé, les moyens à mettre en oeuvre et surtout les signes d'intelligence » de son collaborateur. Il ne peut pas y avoir « d'intelligence » entre des fous, aussi n'a-t-on pas à craindre dans les asiles d'aliénés les révoltes qui se produisent dans les prisons.


« es relations humaines.

Mais ce savoir-faire ne comporte pas, comme le tact d'une judicieuse maîtresse de maison,une intelligence véritable de ce glui se passe dans l'objet qu'il manie.

Cette intelligence est conditionnée Par lascience : elle suppose la connaissance des propriétés physico-chimiques de la matière et de ses lois.Il ne faudrait pas croire cependant que l'intuition n'ait rien à faire dans l'intelligence des choses.

D'abord touteconnaissance, en définitive, se fait par intuition : c'est par intuition que les faits d'expérience nous sont donnés;l'évidence des jugements comme celle de la légitimité des conclusions est également intuitive.

Ensuite, dans laconstitution et même dans l'apprentissage de toutes les sciences intervient une autre forme d'intuition analogue àcelle qui nous fait deviner ce qui se passe dans l'âme d'autrui : c'est grâce à cette intuition débordant laconnaissance conceptuelle que le savant découvre l'hypothèse, puis synthétise le savoir acquis en un systèmecohérent; c'est grâce à elle encore que l'étudiant comprend l'exposé du maître avec une rapidité qui révèle sonintelligence.

Par suite, s'il est impossible d'être savant sans un certain niveau d'intelligence, ce niveau n'est pasproportionnel au savoir et au pouvoir d'explication qu'il donne.On peut donc distinguer deux composantes dans l'intelligence des personnes et surtout des choses : uneintelligence conceptuelle qui range le donné soifs des concepts et permet son explication; une intelligence intuitivequi anticipe et guide l'intelligence conceptuelle puis unifie ses acquisitions. III.

-- L'INTELLIGENCE PRISE ABSOLUMENT Nous entrevoyons déjà comment répondre à la question relative à l'intelligence, abstraction faite des divers emploisde ce substantif.

Deux mots, au cours des exposés qui précèdent, sont intervenus pour expliquer en quoi consistel'intelligence avec les personnes et l'intelligence des personnes ou des choses : « comprendre » et « intuition ».Nous pouvons donc donner, au moins à titre provisoire : l'intelligence est une intuition compréhensive. Intuition. En tant qu'intuitive, elle se rapproche de la perception qui atteint l'objet lui-même et se différencie de l'entendementet de la raison.« Entendement » est parfois synonyme d' « intelligence » : on peut dire : « cela dépasse l'intelligence » aussi bienque : « cela dépasse l'entendement ».

Mais, à proprement parler, on « entend » par concepts.

« Entendre » unelangue, c'est pouvoir mettre un sens sous chacun de ses mots; mais l'intelligence dans la façon de la comprendresuppose autre chose que la simple traduction mot à mot; elle permet de deviner le sens des mots mal connus et delire entre les lignes ce qui n'est pas explicitement formulé, parce que, au-delà des mots et des concepts dont cesmots sont le signe, elle atteint les choses elles-mêmes.

En d'autres termes, tandis que l'intelligence est intuitive,l'entendement opère au niveau de la pensée conceptuelle : il est discursif.Il en est à fortiori de même de la raison qu'on peut définir la faculté de raisonner.

Le raisonnement ne porte pas surles chose elles-mêmes, mais sur les idées des choses, ou plutôt sur les affirmations les concernant.

Il consiste dansune mise en rapport de propositions données pour en déduire quelque proposition nouvelle.

Nous avons en lui e typemême de la pensée discursive qui opère sur des concepts symbolisés par des mots.

Au contraire, c'est la vuedirecte des choses elles-mêmes, sans aucun recours à des notions générales, qui donne l'intelligence des faits,faisant percevoir, par exemple, des rapports de causalité que la pensée conceptuelle justifiera ensuite par l'adagepost hoc, ergo propter hoc. Compréhensive. Intuitive comme la perception, l'intelligence va au-delà de celle-ci : elle fait comprendre, et dans la mesure où celuiqui perçoit comprend, l'intelligence intervient dans son acte perceptif.

Or la compréhension consiste à voir au-delàdu donné le comment et le pourquoi.

Ce comment et ce pour quoi s'explicitent au moyen de termes généraux et delois scientifiques, mais cette explication a été précédée d'une compréhension intuitive, irrationnelle, puisqu'elle n'estpas fondée sur des raisons, et cependant intelligente : l'intelligence que nous reconnaissons à l'animal s'arrête à cestade, à l'insight.

Mais il y a une différence entre l'animal et l'homme : chez ce dernier, la compréhension intuitiveimplique une certaine vue ou même une anticipation des raisons qui la justifient, et l'élaboration discursive de lacompréhension intuitive n'est qu'un passage de l'implicite à l'explicite; l'animal, au contraire, en reste au stadepurement empirique, enregistrant des séquences sans entrevoir de vrais rapports. CoNclusion.

— « Intelligence » n'est donc pas un terme univoque : l'intelligence de l'animal n'est pas celle de l'homme; chez l'homme, elle ne procède pas de la même manière avec les personnes et avec les choses, dans ledomaine concret des techniques et dans le domaine abstrait des mathématiques ou de la philosophie.

Cependant ceterme n'est pas équivoque : il y a quelque chose de commun dans les différents emplois que nous avons signalés.

Endéfinitive, l'intelligence consiste à voir.

Non pas les couleurs, les formes et les mouvements enregistrés par la rétineou par les autres organes sensoriels, mais la signification de ces données : l'intelligence est essentiellementcompréhension.

Le théoricien de la physique ne comprend pas la marche d'un moteur comme le mécanicien; pour lechien, comprendre les ordres de son m,aître se réduit à une réaction correcte, tandis que l'employé saisit le but deses chefs, la raison des moyens prévus et par suite est capable d'adapter à des circonstances imprévues lesdirectives données.

Néanmoins, au sens propre, « intelligence » désigne cette saisie du rapport des choses; c'estpar analogie que l'animal, réagissant comme s'il percevait ces rapports, est considéré comme intelligent.

C'estpourquoi nous pouvons terminer en définissant l'intelligence comme la faculté de percevoir des rapports.. »

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