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Qu'est-ce qu'être majeur ?

Publié le 27/02/2005

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On deviendrait en ce sens réellement libre au moment de la majorité. L'homme majeur est celui qui n'est pas contraint, celui qui se détermine lui-même, qui fait ce qui lui plaît. Ainsi la majorité se confondrait avec la liberté au sens primitif du terme - faire ce qu'on le veut. Néanmoins cette définition primitive de la liberté que l'on qualifie de « licence » n'est pas réellement LA liberté ; de même la majorité n'est pas simplement le droit de faire ce qu'on veut.    3. Remise en question de la liberté comme indépendance La liberté comme indépendance semble un sophisme, une fausse liberté. NIETZSCHE « Aussi longtemps que nous ne nous sentons pas dépendre de quoi que ce soit, nous nous estimons indépendants : sophisme qui montre combien l'homme est orgueilleux et despotique. Car il admet ici qu'en toutes circonstances il remarquerait et reconnaîtrait sa dépendance dès qu'il la subirait, son postulat étant qu'il vit habituellement dans l'indépendance et qu'il éprouverait aussitôt une contradiction dans ses sentiments s'il venait exceptionnellement à la perdre. »   Transition : si la majorité n'est pas le droit de faire ce qu'on le veut, qu'est ce alors ?   II.

Cette question est importante dès lors que, si on en reste au sens premier de la majorité,  la majorité est un âge charnière – il est soit l'objet d'espérance, soit l'objet d'inquiétude. Espérance car il semble signer l'heure de la liberté totale, de la libération à l'égard de la tutelle parentale. Inquiétude car il renvoie à l'idée d'autonomie et de responsabilité. Ainsi la liberté qui semble être le corrélat de la majorité n'est pas une liberté-licence, mais une liberté-responsabilité – avec des droits certes mais aussi des devoirs à l'égard des autres comme de soi-même. Finalement cette notion qui semblait dans un premier temps appréciable, connotée positivement, apparaît comme équivoque et ambivalente.  l'inquiétude liée à la majorité peut dans certaines circonstances devenir trop forte. Certains font tout pour revenir au stade de mineur, autrement dit font tout pour échapper à leurs responsabilités pour trouver un tuteur, tuteur symbolique ou réel. Par symbolique, nous entendons comme Kant les croyances, les préjugés ; par réel, nous pouvons penser aux cas de personnes qui incapables de gérer, diriger leurs propres vies, demandent parfois ou sont dans l'obligation de choisir un tuteur afin de régulariser leurs situation ou bien aux gens qui cherchent leurs voies et pensent la trouver dans l'autorité d'un gourou et donc dans les sectes. D'où notre question : dans quelle mesure la majorité est-elle un concept équivoque qui plane entre espérance en une liberté plus grande et inquiétude à l'égard d'une responsabilité trop importante ?

« La liberté comme indépendance semble un sophisme, une fausse liberté. NIETZSCHE « Aussi longtemps que nous ne nous sentons pas dépendre de quoi que ce soit, nous nous estimonsindépendants : sophisme qui montre combien l'homme est orgueilleux et despotique.

Car il admet ici qu'entoutes circonstances il remarquerait et reconnaîtrait sa dépendance dès qu'il la subirait, son postulat étantqu'il vit habituellement dans l'indépendance et qu'il éprouverait aussitôt une contradiction dans sessentiments s'il venait exceptionnellement à la perdre.

» Transition : si la majorité n'est pas le droit de faire ce qu'on le veut, qu'est ce alors ? II.

La majorité comme autonomie et responsabilité 1.

La majorité = autonomie vs la minorité = hétéronomie KANT, Qu'est ce que les lumières ? « Accéder aux Lumières consiste pour l'homme à sortir de la minorité où il se trouve par sa propre faute.

Êtremineur, c'est être incapable de se servir de son propre entendement sans la direction d'un autre.

L'hommeest par sa propre faute dans cet état de minorité quand ce n'est pas le manque d'entendement qui en est lacause mais le manque de décision et de courage à se servir de son entendement sans la direction d'un autre.Sapere aude! [Ose savoir!] Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Telle est la devise desLumières.

[...] Il est donc difficile pour chaque homme pris individuellement de s'arracher à la minorité, qui estpresque devenue pour lui une nature.

Il y a même pris goût et il est pour le moment réellement incapable dese servir de son propre entendement, parce qu'on ne lui en a jamais laissé faire l'essai.

Préceptes etformules, instruments mécaniques permettant un usage raisonnable ou plutôt un mauvais usage de ses donsnaturels, sont les entraves qui perpétuent la minorité.

Celui-là même qui les rejetterait ne franchirait le plusétroit fossé que d'un saut encore mal assuré, parce qu'il n'est pas habitué à une semblable liberté demouvement.

C'est pourquoi il n'y a que peu d'hommes qui soient parvenus à s'arracher à la minorité enexerçant eux-mêmes leur esprit et à marcher malgré tout d'un pas sûr.

2.

La majorité est donc autonomie au sens de responsabilité KANT « La volonté est une sorte de causalité des êtres vivants, en tant qu'ils sont raisonnables, et la liberté seraitla propriété qu'aurait cette causalité de pouvoir agir indépendamment de causes étrangères qui ladéterminent ; de même que la nécessité naturelle est la propriété qu'a la causalité de tous les êtresdépourvus de raison d'être déterminée à agir par l'influence de causes étrangères.

La définition qui vientd'être donnée de la liberté est négative, et par conséquent, pour en saisir l'essence, inféconde ; mais il endécoule un concept positif de la liberté, qui est d'autant plus riche et plus fécond.

Comme le concept d'unecausalité implique en lui celui des lois, d'après lesquelles quelque chose que nous nommons effet doit êtreposé par quelque autre chose qui est la cause, la liberté, bien qu'elle ne soit pas une propriété de la volontése conformant à des lois de la nature, n'est pas cependant pour cela en dehors de toute loi ; au contraire,elle doit être une causalité agissant selon des lois immuables, mais des lois d'une espèce particulière, carautrement une volonté libre serait un pur rien.

La nécessité naturelle est, elle, une hétéronomie des causesefficientes, car tout effet n'est alors possible que suivant cette loi, que là savoir quel quelque chose d'autredétermine la cause efficiente à la causalité.

En quoi donc peut bien consister la liberté de la volonté, sinondans une autonomie, c'est-à-dire dans la propriété qu'elle a d'être à elle-même sa loi ? Or cette proposition :la volonté dans toutes les actions est à elle-même sa loi, n'est qu'une autre formule de ce principe : il nefaut agir que d'après une maxime qui puisse aussi se prendre elle-même pour objet à titre de loi universelle.Mais c'est précisément la formule de l'impératif catégorique et le principe de la moralité ; une volonté libre etune volonté soumise à des lois morales sont par conséquent une seule et même chose.

» Etre majeur, c'est donc être autonome et responsable de soi.

La majorité est donc effectivement synonymede liberté mais une liberté alliant droits et devoirs. III.

La majorité absolue – un idéal régulateur : la majorité ne peut faire l'économie d'une certaineforme de minorité 1.

La majorité dès lors qu'elle est l'heure des responsabilités est source d'inquiétude et peut doncpousser les hommes vers la minorité KANT « La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que lanature les a affranchis depuis longtemps d'une direction étrangère, restent cependant volontiers leur viedurant, mineurs, et qu'il soit si facile à d'autres de se poser en tuteurs des premiers.

Il est si aisé d'êtremineur ! Si j'ai un livre qui me tient lieu d'entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un. »

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