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Qu'est-ce qui fait le moi ?

Publié le 15/05/2012

Extrait du document

De même, devant les souvenirs de mon enfance, je me suis dit en moi-même : « Comment ai-je pu éprouver ce sentiment, être 1 'ami de ce garçon que je trouve aujourd'hui sot et antipathique P Dire que j'ai joué aux soldats de plomb ! « Et la conclusion revient, toujours semblable, couvrant ces souvenirs d'un voile de mépris : " Comme c'est bête les enfants, tout de même! « Du haut de mes dix-huit ans, je renie et méprise ce's heures d'un passé qui peut-être, un jour, me trouvera plus sensible à son charme, " car la meilleure part de nos souvenirs est dans la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui, quand toutes nos larmes semblent taries, sait nous faire pleurer encore. «

« 102 PSYl.llOLOGIE * ** Souvent, devant la photo d'un poupon joufflu, je me suis extasié : " Comment, c'est moi, çà P Cette frimousse ronde et rose, à fossettes et à triple menton P » Ce n'est qu'à la kngue que, rn 'examinant daus la glace, j'ai retrouvé une vague ressemblance, un sourire, une grimace conservés.

De même, devant les souvenirs de mon enfance, je me suis dit en.

moi­ même : « Comment ai-je pu éprouver ce sentiment, être 1 'ami de ce garçon que je trouve aujourd'hui sot et antipathique P Dire que j'ai joué aux soldats de plomb! » Et la conclusion revient, toujours semblable, couvrant ces souvenirs d'un voile de mépris : " Comme c'est bête les enfants, tout de même! » Du haut de mes dix-huit ans, je renie et méprise ce's heures d'un passé qui peut-être, un jour, me trouvera plus sensible à son charme, " car la meilleure part de nos souvenirs est dans la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui, quand toutes nos larmes semblent taries, sait nous faire pleurer encore.

» Si tout ce passé d'enfant n'entre guère dans 1 'idée que je me fais de moi-même, certaines associations d'idées font remonter en moi comme une bouffée joyeuse qui me pousse dans un état d'euphorie vague vers la source fraîche des années écoulées : la ritournelle d'un aveugle évo­ que pour moi une chanson de mon enfance; certaine rue, certaine mai­ son même me rappellent ce coin du vieux Paris familier.

J'ai conservé aussi des habitudes et des manies de mon enfance (celle, par exemple, de couper mon pain en petits carrés empilés les uns sur les autres), et parfois, rn 'en rendant compte, je me dis : " C'est bien moi l Je n'en fais jamais d'autres.

Comme je suis enfant! » Je me retrouve alors, je reconnais mon " moi »; ces petits travers, je les considère en effet comme caractéristiques de ce que je suis.

De plus, il est certains ~ouvenirs, certaines images qui entrent plus particulièrement dans l'idée que je me fais de moi-même.

Ce sont celles qui touchent aux êtres chers, ·à mes• amitiés.

Ce,s affections ancienne8 enrichies par le souvenir constituent 1 'essence même de mon " moi » bien plus que son acquis : ne dit-on pas d'un ami ou d'un être cher que c'est un alter ego ? Ces affections diverses, indépendamment de leur caractère social, sont les faits psychiques les plus expressifs de mon être : elles sollicitent ma volonté, orientent mes espoirs et la vie tout entière.

Mais, mises à part ces affections que la mémoire semble rajeunir, le retour de mon passé dans le champ de ma conscience sous forme de sou­ venirs ou de sentiments me laisse quelque peu insensible.

Je n'ai pas, comme MussEr, Je fantôme évoqué d' " un pauvre enfant vêtu de noir » pour peser sur ma destinée.

L'avenir rn 'hypnotise et rn 'abstrait du monde présent, pour me faire vivre par imagination les rêves de mon adolescence.

* * * Gomme un écran dont on •S'e rapproche trop, ma vie, considérée dam son cours rprés,e;nt, ne m'offre de mon être que des images floues, san:s dessin ni contours.

D'abord, le présent est rempli de petits faits, de ces. »

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