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Qu'est-ce qu'une connaissance objective ?

Publié le 19/02/2004

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1° Elle exige d'abord l'élimination des éléments purement subjectifs, c'est-à-dire de ceux qui tiennent seulement à l'individu et à ses particularités physiologiques et psychologiques. - 2° « Ce qui varie lorsque nous faisons varier les conditions de la connaissance manifeste par -là même sa dépendance à l'égard de ces conditions.« En ce sens, «le meilleur indice de l'objectivité d'une connaissance réside pour le savant dans la convergence des résultats obtenus par des méthodes différentes... L'objectivité de la connaissance se définit donc par son invariance à l'égard des moyens qui nous permettent d'y accéder « (R. BLANCHE, La Se. physique et la réalité, p. 133-134). - 3° On peut ajouter, avec G. BACHELARD (L'activité rationaliste de la physique contemp., p 13 et 15), un troisième critère : la précision : « L'engagement objectif se fortifie dans une échelle de précision, dans la succession d'approximations de plus en plus fines « et l'on peut dire que « c'est dans les connaissances fines que se détermine vraiment l'objectivité «.

« C.

— Que sera donc l'objectivité ? « Ce ne peut être, continue LACHELIER, que ce qui est le fondement même del'accord des esprits, c'est ce qui est EN SOI dans notre esprit et dans tout esprit...

C'est ce qu'on a raison de sereprésenter, parce qu'il y a une raison pour qu'on se le représente, raison tirée, non d'un état antécédent de tel outel esprit, mais de la nature même de la chose : c'est, en un mot, une représentation de droit par opposition à unereprésentation de fait.

» C'est à peu près à la même conclusion qu'aboutit HAMELIN à la fin de ses Élémentsprincipaux de la représentation : « L'objectif, écrit-il, c'est ce qui est impersonnel, ce qui, tout en ne se réalisantque dans une volition personnelle, la dépasse comme en étant la condition...

La réalité extérieure n'est jamaisatteinte à titre d'objet que dans la mesure où elle revêt l'aspect d'une raison, d'une condition des états internes.

Ensomme donc, l'objectivité, c'est le déterminisme, c'est la nécessité.

» — Au fond, c'est bien ainsi que l'entendentégalement Kant et Poincaré dans les passages cités ci-dessus.

Si, pour Kant, l'objectif, c'est l'universel c'est parceque l'universel, c'est aussi le nécessaire : les « formes » universelles de la pensée, l'espace, le temps, les catégoriesde l'entendement sont en même temps les conditions nécessaires de toute pensée.

De même, selon Poincaré,l'objectif n'est pas seulement « ce qui est commun à plusieurs », c'est « ce qui pourrait être commun à tous » :autrement dit, c'est ce qui a valeur d'universalité ; c'est, comme le dit Poincaré lui-même, «l'harmonie exprimée parles lois mathématiques ». D.

— Mais il nous faut préciser encore la nature de cette nécessité qui définit l'objectivité.

Si l'on en croit GabrielMARCEL (Journal métaphysique), «penser l'objet, c'est penser quelque chose pour quoi je ne compte pas...

L'objet,c'est ce qui est pensé comme ne tenant pas compte de moi ».

De telles formules nous paraissent équivoques ; ellesrisquent de faire apparaître l'objet comme un pur donné et la nécessité qui lui est immanente comme une nécessitéde fait, étrangère à la pensée.

Or, comme l'a fortement marqué LACHELIER, il s'agit, non d'une nécessité de fait,mais d'une nécessité de droit, d'une nécessité rationnelle.

C'est ce que nous comprendrons mieux en étudiant le rôlede l'idée d'objectivité dans la science. III.

Rôle et valeur de l'objectivité dans les sciences. A.

— Nous n'insisterons pas sur les Mathématiques.

Dans la mesure où il est permis d'y parler d'objectivité, il esttrop clair que les objets dont il y est question, sont des objets d'ordre rationnel, telles ces notions abstraites dontparlait HERMITE et qui lui semblaient s'imposer à l'esprit « avec le même caractère de nécessité que les choses de laréalité objective ». B.

— C'est surtout à propos des Sciences de la nature, des Sciences expérimentales, que la question se pose.

Ici, lavérité se définit bien par l'objectivité, et celle-ci par la concordance avec le réel, tel du moins que nous le donnel'expérience.

Mais ce serait une erreur de concevoir cette objectivité comme une conformité de la pensée à un objetabsolu, à une sorte de « chose en soi ».

Claude Bernard nous en avertissait déjà, : la science ne recherche pas«l'essence des choses»; le réel lui apparaît comme un tissu de rapports.

La vérité scientifique, dans les Sciencesexpérimentales comme ailleurs, est une vérité construite.Les progrès de la physique et spécialement de la microphysique ont montré d'ailleurs qu'une objectivité absolue estimpossible, puisque les procédés employés pour l'étude des phénomènes à l'échelle microscopique introduisent uneperturbation dans les phénomènes eux-mêmes.

Mais ceci n'atteint que cette objectivité mal comprise que nousavons reconnue illusoire au § II A.

En réalité, l'objectivité peut se définir ici en fonction de trois critères.

1° Elleexige d'abord l'élimination des éléments purement subjectifs, c'est-à-dire de ceux qui tiennent seulement à l'individuet à ses particularités physiologiques et psychologiques.

— 2° « Ce qui varie lorsque nous faisons varier lesconditions de la connaissance manifeste par -là même sa dépendance à l'égard de ces conditions.» En ce sens, «lemeilleur indice de l'objectivité d'une connaissance réside pour le savant dans la convergence des résultats obtenuspar des méthodes différentes...

L'objectivité de la connaissance se définit donc par son invariance à l'égard desmoyens qui nous permettent d'y accéder » (R.

BLANCHE, La Se.

physique et la réalité, p.

133-134).

— 3° On peutajouter, avec G.

BACHELARD (L'activité rationaliste de la physique contemp., p 13 et 15), un troisième critère : laprécision : « L'engagement objectif se fortifie dans une échelle de précision, dans la succession d'approximations deplus en plus fines » et l'on peut dire que « c'est dans les connaissances fines que se détermine vraiment l'objectivité».

La microphysique, en particulier, nous découvre «de nouvelles racines de l'objectivité» qui sont « dans ce qu'onne voit pas, dans ce qu'on ne touche pas ».

Une double conclusion se dégage de cette analyse en ce qui concerneles Sciences de la nature, a) Loin de définir l'objectivité par l'objet, on est amené à dire que « l'objet, c'est ce quiest connu quand la connaissance est objective», b) L'objectivité doit être sans cesse plus approchée : elle estmoins une qualité absolue que « la limite idéale vers laquelle tend tout le travail à' objectivation » (R.

BLANCHE).

C.— Ces précisions nous permettent de faire justice des objections qu'on a élevées contre l'objectivité dans lesSciences morales.

Dès lors qu'on renonce à la fausse conception d'une objectivité statique et absolue et qu'on yvoit la limite vers laquelle tend le travail d'objectivation, il n'y a plus de raisons pour que ce travail ne s'effectue pasdans ces sciences aussi bien que dans les Sciences de la nature.

La difficulté apparente vient ici de ce que lesSciences morales font intervenir le psychisme humain.

D'où : 1° la tentative pour substituer à l'explication objectiveune prétendue méthode de compréhension qui, en effet, les entacherait irrémédiablement de subjectivité ; mais ilest facile de montrer qu'une telle méthode est illusoire et que, là comme partout, la compréhension véritable,l'intelligence des faits ne peut être obtenue que grâce à l'explication objective ; — 2° l'emploi exclusif de méthodessubjectives, telles que l'introspection en psychologie ou certaines constructions, purement gratuites, de sociologiesubjective ; mais les méthodes objectives se sont introduites en psychologie comme dans les autres sciences, desorte que l'objectivité y est réalisable comme ailleurs ; l'introspection elle-même peut atteindre une certaineobjectivité pourvu que des recoupements soient établis entre ses résultats et ceux des méthodes objectives :l'objectivité se définit alors comme partout par « la convergence des résultats obtenus par des méthodes différentes», selon la formule de R.

BLANCHE citée ci-dessus ; quant à la sociologie, les faits qu'elle étudie présentent un. »

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