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Qu'est-ce qu'une illusion ?

Publié le 03/04/2005

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illusion

L'illusion et l'erreur sont donc deux sortes de tromperie : la première ne peut être réduite par le savoir, la seconde si. L'illusion me donne donc une apparence trompeuse de la réalité. Il s'agit dès lors de réfléchir sur cette réalité tronquée. Car une fois de plus, la doxa se méprend. L'apparence n'est ni fausse ni vraie (comme l'indique le dictionnaire) mais ne correspond pas à la réalité. Aussi faut-il considérer avec sérieux le rapport qu'entretient l'illusion avec la réalité. Transition : Si l'illusion me trompe sur la réalité, est-ce à dire que je ne peux pas connaître la réalité et qu'elle me paraît à tout jamais déformée ? 2) Là aussi, il faut se défaire d'une synonymie trop rapide car l'illusion n'est pas hallucination. Dans ce dernier cas, le réel est entièrement reconstruit, ce qui débouche sur une pathologie mentale. C'est ce que nous explique Freud dans L'avenir d'une illusion.

1) La pensée commune confond volontiers erreur et illusion ; le dictionnaire Le petit Robert (sans publicité aucune...) rend synonyme les deux termes : « c'est une erreur de perception causée par une fausse apparence «. Mais l'illusion n'est pas réductible à l'erreur comme nous le montre Kant dans la Critique de la Raison pure, introduction à la dialectique transcendantale. L'erreur est simplement faute d'inattention, une incohérence par rapport aux règles de la logique. Ainsi, l'erreur quand on en prend conscience est corrigée. Ce qui n'est pas le cas de l'illusion. La connaissance, la prise de conscience de l'illusion ne la fait pas disparaître. J'ai beau savoir que la lune est à environ 400 000 kilomètres de la terre, il n'empêche que je ne peux faire qu'elle me paraisse à portée de main... L'illusion et l'erreur sont donc deux sortes de tromperie : la première ne peut être réduite par le savoir, la seconde si.

L'illusion me donne donc une apparence trompeuse de la réalité. Il s'agit dès lors de réfléchir sur cette réalité tronquée. Car une fois de plus, la doxa se méprend. L'apparence n'est ni fausse ni vraie (comme l'indique le dictionnaire) mais ne correspond pas à la réalité. Aussi faut-il considérer avec sérieux le rapport qu'entretient l'illusion avec la réalité.

Transition : Si l'illusion me trompe sur la réalité, est-ce à dire que je ne peux pas connaître la réalité et qu'elle me paraît à tout jamais déformée ?

illusion

« celui qui est appelé à juger de cette croyance, il la classera parmi les illusions ou parmi les équivalents d'une idéedélirante.

[...

] Ainsi nous appelons illusion une croyance quand, dans la motivation de celle-ci la réalisation d'undésir est prévalente, et nous ne tenons pas compte, ce faisant, des rapports de cette croyance à la réalité, toutcomme l'illusion elle-même renonce à être confirmée par le réel.

» FREUD, L'Avenir d'une illusion, P.U.F.

p.

44-45 Ordre des idées 1) Freud oppose erreur et illusion: une illusion n'est pas nécessairement une erreur.- Exemples d'erreurs : des idées scientifiquement dépassées, qu'on a crues en accord avec le réel et dont on adécouvert qu'elles ne l'étaient pas.- Caractère majeur de l'illusion : elle est faite d'idées qui sont inspirées par le désir ; leur vérité ou leur fausseté estalors inessentielle.

La vraie distinction entre l'erreur et l'illusion apparaît au montent de la réfutation.

On expliqueainsi pourquoi l'illusion survit à sa réfutation.

A l'inverse de l'erreur, qui une fois rectifiée disparaît.

Par exemple, onpeut aisément faire comprendre à quelqu'un que de la double affirmation : les poissons vivent dans l'eau, la baleinevît dans l'eau on ne saurait logiquement conclure que la baleine est un poisson, car la première proposition ne ditpas que seuls les poissons vivent dans l'eau.

Tout le monde peut comprendre qu'un syllogisme de ce genre(syllogisme dit de la « deuxième figure », parce que les deux premières propositions ont le même attribut ici « viventdans l'eau ») ne peut avoir de conclusion que négative.

Il est correct de dire : Les poissons vivent dans l'eau.

Orl'écureuil ne vit pas dans l'eau, donc l'écureuil n'est pas un poisson.

Lorsque la règle logique a été vraimentcomprise, on ne commet plus l'erreur. Selon Freud la plupart des illusions sont le produit de nos désirs.

Ce sont des croyances suscitées par le désir, par lebesoin impérieux de satisfaire nos pulsions.

C'est donc le principe du plaisir, et l'oubli du principe de réalité qui est àla racine de l'illusion. 2) Freud différencie alors illusion et délire.a) Caractère de l'idée délirante : par définition, elle est perception non conforme au réel, en contradiction avec cequi est.b) Caractère différent de l'illusion : inspirée par le désir, elle peut être réalisable (même si c'est rare).

Par exemple,une jeune fille de condition modeste qui est convaincue qu'un jour ou l'autre un prince viendra la chercher dans son taudis et l'épousera.

Cela esttrès peu probable, mais cela s'est déjà produit ! Un autre exemple qui montre qu'une illusion ne soit pas loin de la vérité, comme le rêve alchimiste –la transmutation du plomb en or – dont nous savons, depuis que nous connaissons la formule atomique des métaux, qu'il était raisonnable...

sansle savoir ! L'illusion reste toujours dans les limites du possible, aussi éloigné soit-il.

Exemples d'illusions:- réalisables en droit : qu'une souillonne épouse un prince charmant (cf.

ci-dessus);- qu'il est difficile de différencier du délire : la croyance en la venue d'un Messie ; 3) Définition de l'illusion, au sens strict : une idée tenue pour vraie non parce qu'on a vérifié sa conformité avec leréel mais parce qu'on désire qu'elle soit vraie. Transition : L'illusion engendre donc une fausseté dans notre jugement sur la réalité.

Mais est-ce bien uniquement le caractère ambigu du donné qui est à l'origine de l'illusion ? Sommes-nous toujours passifs face à ce phénomène ?Il semblerait que la réponse ne va pas de soi.

3) En effet, si le caractère trompeur de la réalité sensible est assez évident car nos sensations, réceptacle passif du divers phénoménal, n'est pas un gage de certitude comme nous pouvons en faire l'expérience au travers del'illusion d'optique, comment expliquer l'illusion intellectuelle ? Comment notre esprit se laisserait-il abuser puisque laraison apparaît comme toute puissante ? Il faut alors réfléchir sur le fait que l'on peut s'illusionner : réfléchissons surcette forme du verbe qui peut être pronominale.Lorsque l'on s'illusionne, l'adage populaire dit que « l'on prend ses désirs pour des réalités ».

Il y a là un indice sur lacause de cette illusion intellectuelle : les désirs.

Tout se passe comme si nos désirs faussaient notre appréhensionde la réalité.

Il y a donc non plus une source objective dans l'illusion mais subjective.

Plus nos désirs sont puissantsplus l'illusion est forte.

Dans cette perspective on comprend mieux la force de l'illusion puisqu'elle la puise en nous-mêmes.

Revenons à L'avenir de l'illusion, chapitre VI et à l'exemple du très fort désir qu'avait Christophe Colomb dedécouvrir une nouvelle route maritime vers les Indes.

Selon Freud, il fut victime d'une illusion lorsqu'il découvrit par hasard les Amériques.

Et c'est le désir intercalé entre lui et sa découverte qui l'a empêché de s'apercevoir de sonerreur.

Si donc la réalité doit être propice à l'illusion, elle n'est pas suffisante pour en expliquer les causes.

L'illusionnous montre alors notre intimité et nos désirs les plus profonds.

Transition : Si l'illusion tire sa source de nos désirs alors d'où viennent-ils ? Seraient-ils consubstantiels à nous- mêmes ou pouvons-nous y échapper et ainsi éviter l'illusion? Pouvons-nous changer afin de ne pas tomber dansl'illusion ?. »

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