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Questions Plotin, traité 10, chap. V

Publié le 07/05/2014

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1.      Expliquez ce que signifie pour Plotin le terme « immobilité «. Pourquoi l’Un doit-il rester immobile ?

               L’immobilité de l’Un peut s’entendre de deux façons. Tout d’abord, l’Un ne veut pas (il n’a pas de volonté, de désir), donc il ne se meut pas, il ne se tourne pas vers une autre chose pour l’engendrer. Ainsi, autour de l’Un il y a l’Intellect, sans que l’Un l’ait voulu. De plus, l’Un ne sort pas de lui-même (car sinon ce ne serait plus l’Un, il se diviserait) : il reste transcendant tout en produisant. Et c’est ici que Plotin vient éclairer ses propos avec l’exemple du soleil : le soleil ne bouge pas, il est immobile, et pourtant une « lumière resplendissante « l’environne. Cette lumière émane du soleil comme une image émanerait d’un modèle, comme le dit Plotin à la ligne 35 de la page 162. L’auteur prend ensuite l’image du feu d’où émane la chaleur, puis l’image de la neige qui produit du froid et enfin l’image des « objets odorants « (ligne 1 page 163). Cependant, pour les exemples pris par Plotin, ce n’est qu’une fois que les choses (soleil, feu, neige, odeurs) sont parvenues à une certaine  perfection qu’elles produisent quelque chose. Or l’Un est parfait de toute éternité, par conséquent, il engendre sans cesse, sans jamais se mouvoir. C’est donc dans la nature même des choses parfaites que d’engendrer. Et si c’est la nature de l’Un que d’engendrer, s’il le fait malgré lui, alors cela explique qu’il n’ait pas besoin de se mouvoir pour produire.

 

               L’Un doit rester immobile car sinon ce qui naitrait de lui avant toute réalité serait le mouvement. Or le mouvement n’est pas une hypostase chez Plotin. Ainsi, pour que quelque chose vienne directement après (« après « est à prendre au sens de relation de causalité, pas de succession temporelle) l’Un, il faut que celui-ci reste immobile. 

 

 

« interne), ne peut pas ne pas faire émerger de chaleur (à l’extérieur de lui : chaleur externe).

De même, la neige produit du froid, qui est à son image et qu’elle ne garde pas en elle -même : ainsi, quelque chose é mane de la neige à proportion de son état initial.

Plotin dit pour appuyer cela que « toutes les choses qui sont, tant qu’elles subsistent, produisent nécessairement grâce à leur réalité propre et en vertu de la puissance qui est présente en elles, une réa lité indépendante » (lignes 30 à 33, page 162) et plus loin que « toutes les choses, une fois qu’elles sont parvenues à la perfection, engendrent » (lignes 5 -6, page 163).

Mais l’auteur insiste ensuite sur la subtilité de l’Un, et nuance l’analogie.

En effet, l’Un ne produit pas à partir d’un moment donné et durant une durée déterminée (comme c’est le cas pour les réalités sensibles qui ne produisent qu’une fois parvenue à leur propre perfection et cela uniquement tant qu’elles subsistent - durant un temps limité donc), l’Un ne s’épuise pas .

L’un est toujours parfait, il l’est de toute éternité, c’est pourquoi il produit, il procède de toute éternité.

De plus, pour rester lui -même (c’est -à -dire une puissance parfaite) , il ne peut qu’engendrer une réalité qui lui est inférieure : il va produire de l’être (cela n’est possible que parce que lui -même est du non -être : il est plus que de l’être ), par exemple.

Par ailleurs, l’Un est une réalité absolument simple, tandis que ce qui émane de lui est compliqué .

Autrement dit, la puissance de l’Un suppose qu’il ne soit pas ce qu’il produit.

La relation de l’Un avec les réalités qu’il produit n’est ni une relation temporelle, ni une relation spatiale.

Il s’agit d’une relation de causalité.

Ainsi, l’Un surabonde, il « déborde » de lui- même (créant alors les réalités inférieures) , tout en restant en lui-même.

Il y a donc en quelque sorte deux actes : l’acte premier, qui est celui de la substance elle -même, et l’acte second, qui émane de la substance.

De l’Un émane quelque chose : l’Intellect.

Comme nous l’avons vu précédemment, cette émanation est spontanée, elle se fait sans que l’Un y travaille.

L’Un produit par sa nature même.

3.

Pourquoi l’Intellect doit -il « garder son regard posé sur l’Un » (comme l’Ame avec l’Intellec t) ? Que désigne ce phénomène selon Plotin ? Le fait que l’ Intellect doive « garder son regard posé sur l’Un » (ligne 27), tout comme l’Ame doit garder son regard posé sur l’Intellect (ligne 26) désigne le phénomène de conversion.

Ce phénomène, comme nous allons le constater en tentant de répondre à la question, et le phénomène de procession (voir réponse précédente) sont « conjoints » dan s la théorie de Plotin.

Ainsi, si l’Intellect doit garder son regard posé sur l’Un, c’est qu’il ne peut pas en être a utrement : si l’Intellect ne se « retournait » pas vers le principe dont il émane (l’Un), s’il n’y avait pas ce phénomène de conversion, la procession ne s’arrêterait pas.

L’Un irait jusqu’à son propre épuisement sans jamais produire de réalité nouvelle, s ans jamais produire l’Intellect.

Or comme nous l’avons vu, l’Un ne s’épuise pas dans la théorie de Plotin.

Ce mouvement de conversion permet ainsi de préserver la transcendance de l’ Un tout en permettant la constitution d’un monde, de diverses réalités.

Par ailleurs, nous avons vu que l’Un ne donne rien de lui -même, et qu’il est du non -être alors même qu’il produit de l’être.

Par conséquent, il n’y a pas dans l’Un quelque chose que l’on pourrait également trouver dans l’Intellect.

L’ Un ne peut rien donner de lui -même puisqu’il est au -delà de tout.

Ainsi, on va retrouver dans l’Intellect ce qu’est l’Un, mais sous une autre forme.

L’ Intellect aura par exemple une certaine unité, puisqu’il est une unité de totalité (ce qu’en revanche l’Un n’est pas).

De plus, l’Un n’a pas de formes intelligibles, or l’Intellect en est constitué.

Elles sont donc le fait de la conversion.

Dans la théorie de Plotin, le principe ne produit jamais une réalité telle qu’elle est : l’Un produit quelque chose d’indéterminé qui devient quelque chose de déterminé par la conv ersion. »

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