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Qui parle?

Publié le 17/01/2014

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Qui parle ? 1) La parole/ C'est la communication d'une pensée, au moyen de sons articulés. Communication : transmission d'un message entre un émetteur et un récepteur. La parole a une dimension sociale : une dimension fondamentale de la parole, peut-être plus importante dans certains cas que la transmission. D'où la phrase : « Parler pour ne rien dire » Pour pouvoior parler, il faut pouvoir penser : mais quelle pensée ? Les abeilles communiquent, mais n'ont pas de langage. Le mot parole n'a pas qu'un sens littéral : il peut aussi avoir des sens dérivés, métaphoriques. Plusieurs expressions peuvent venir à l'esprit : « Laisser parler son coeur », « La parole divine », « La parole de l'Etat ». Notre corps transmet beaucoup de mimiques. « Le langage du corps ». Ce ne sont pas toujours des individus concrets, physiques, qui parlent. 2) La forme de la question « qui »/ À ne pas confondre, avec « qui est-ce que ». Cela fait appel à des caractéristiques, des définitions, des instances de la parole. Quels sont ceux qui disposent de la capacité de parler ? Qui est en nature de parler, voire qui est autorisé à parler ? La capacité ou le pouvoir renvoie d'abord à une compétence physique ou biologique : pour pouvoir parler, encore faut-il en avoir les moyens physiologiques. La capacité peut ensuite renvoyer à une compétence cognitive : pour pouvoir parler, encore faut-il disposer de capacités intellectuelles, pour proférer des paroles douées de sens. Que faut-il entendre par pensée pour pouvoir inclure dans la parole « les hommes les plus hébétés » (Descartes) et exclure de la parole les perroquets. De plus, une compétence psychologique est requise. Il faut avoir conscience de ses pensées. La capacité à dire « je » est la première condition de la personnalité. Une des conditions de la pensée est donc la conscience. Mais n'y a-t-il que des pensées conscientes, et des paroles conscientes ? Il y a aussi des paroles que je prononce, mais sans savoir et sans vouloir les prononcer. C'est ce que Freud appelle lapsus. La capacité à parler n'est pas seulement dépendante des choix et de la situation individuelle. Des structures sociales préexistent aux individus et déterminent les conditions de la prise de parole, la valeur de la parole et les modalités de la parole. C'est ce que Bourdieu nomme « marché linguistique ». I-Qui dispose de la capacité physiologique-cognitive de parler ? Il y a des performances dans le monde animal, comme la communication des abeilles (est-ce un langage ?). L'animal peut également parler, comme le perroquet (est-ce...

« Benveniste nous dit que le langage humain possède au moins deux caractéristiques, qui justement le rendent iréductible à un simple système de communication.

Tout d’abord, c’est la rupture par rapport au réel.

En effet, il n’y a message chez les abeilles qu’en cas de réalité correspondante.

Ici, le message donne lieu à un comportement, que Benveniste oppose à un dialogue qui serait caractéristique à un langage humain.

La spécificité du langage humain est justement la capacité à échanger indépendamment du réel.

C’est la fonction phatique, ou le fait de différencier le fait de parole du fait d’échanger une information : on peut parlerpour ne rien dire, on peut mentir, faire de l’humour, de la fiction...C’est la capacité à introduire une réalité strictement linguistique, sans rapport avec la réalité extérieure.

C’est la capacité de doubler la réalité extérieure d’une réalité inventée linguistiquement.

Les mots du langage humain sont inféodés à la réalité, on peut décrire la réalité de plusieurs manières : la version ou le thème en sont l’exemple.

Deuxième caractéristique, c’est la capacité à inventer une infinité d’énoncés.

Je ne suis pas inféodé au réel, je peux donc inventer une infinité de contenus.

Alors que le langage des abeilles ne porte que sur la distance et la direction d’une source de nourriture.

Cette illimitation des contenus est liée à la complexité de la pensée.

Mais outre la complexité de la pensée, il y a une dimension vocale au langage humain, qui lui donne une dimension articulée : par définition, ce qui est articulé peut être désarticulé puis réarticulé.

Grâce à notre système phonatoire, à cette dimension articulée, on peut multiplier les significations à l’infini, à l’opposé de la communication des abeilles.

Benveniste tire la conclusion suivante : le système de communication n’est pas comparable à un langage, mais avec le Code de la route.

Chaque panneau est coréllé à une réalité sur la route, des messages symboliques et peu complexes, qui ne sont en aucun cas un langage.Ainsi, même s’il y a des systèmes de communication chez les animaux, ce ne sont pas des langages.

A ce moment-là, seul l’homme parle.

3) La maîtrise par certains animaux de signes linguistiques humains.

On peut prendre l’exemple de Washoe.

Cette femelle a réussi à maîtriser une centaine de signes du langage des sourds-muets, qui lui permettent d’inventer des énoncés nouveaux.

Ce qui caractérise l’usage de la parole par Washoe, c’est qu’elle est réduite à sa dimension injonctive: Washoe n’utilise le langage que pour exprimer des besoins, physiques ou biologiques.

L’usage de la parole par Washoe révèle l’incapacité à produire des énoncés spéculatifs ou abstraits, et donc sans rapport avec le réel, des besoins.

C’est ce que Descartes appelle “la dichotomie entre les passions et la pensée.” Les performances animales sont toujours associées à l’expression d’une passion, d’un affect.

Au contraire, dit Descartes, la pensée humaine est caractérisée par son affranchissement à l’égard des besoins et de leur expression.

Ces énoncés abstraits sont irréductibles à des besoins idéologiques, et donc à une besoin de conservation.

Chez l’homme, le langage est un outil d’investigation du réel.

Chez l’animal, c’est un outil d’expression des besoins réels.

L’animal, aussi exceptionnel soit-il, est donc incapable d’accéder à un niveau purement abstrait.

Le langage humain est irréductible aux performances des animaux.

Ainsi, seul l’homme parle au sens propre du terme, parce que seul l’homme dispose d’un pensée abstraite et spéculative, sans rapport avec ses passions, ce dont le langage et ses énoncés temoignent.

Conclusion: seul l’homme parle.

II-Qu’est-ce qui, en l’homme, parle ? Quel est cet homme qui parle ? On peut s’interroger sur la nature et la subjectivité humaine. 1) Le sujet conscient et rationnel.

C’est lui qui parle, car l’expérience du langage nous apprend que lorsque nous parlons, nous savons que nous parlons, et nous savons de quoi nous parlons : ce savoir-là, c’est la conscience.

Dans « Principes de la philosophie », Descartes dit « par le mot de penser, j’entends tout ce qui se fait en nous, de telle sorte que nous l’apercevions immédiatement nous-mêmes ».

Pas de pensée sans conscience.

Locke, dans « Essai sur l’entendement humain » dit, « il est impossible à quiconque de percevoir sans percevoir qu’il perçoit».

Penser présupose l’aperception, le fait d’être aperçu.

Il n’y a pas de pensée sans conscience.

Il y a une simultanéité entre pensée et conscience : au moment même où je pense, j’en ai conscience.

Si la parole présuppose la pensée, et que la pensée présuppose la conscience, alors la parole présuppose la conscience.

Cependant, il peut y avoir une dissociation entre le sujet et la parole : le lapsus en est un exemple.

Certaines paroles sont prononcées par le sujet, mais non maîtrisées par celui-ci.

D’une certaine manière, il n’y a pas que le sujet conscient qui parle.

La théorie liant parole et conscience est donc incomplète.

Nietzche dit, dans « Par-delà bien et mal » : « Une pensée se présente quand elle veut, et non pas quand je veux, de telle sorte que c’est falsifier la réalité que de dire que je est le sujet du prédicat pense.

» Le fait d’associer toujours la pensée à la subjectivité : l’association entre pensée et subjectivité serair selon lui non pas un fait mais une interprétation.

Il y a une relative. »

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