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Qui sont les autres ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

La littérature fournit de nombreux exemples de révélations tardives, de retournements de situation qui manifestent que l'autre n'était pas connu dans sa vérité. Ainsi dans Lorenzaccio de Musset, comment Alexandre de Médicis aurait-il pu soupçonner que son compagnon de débauche ( celui qui lui fournissait tant de jeunes filles) l'assassinerait sans autre intérêt que la vertu, l'honneur et l'intérêt général de la République.... "Songes-tu que ce meurtre c'est tout ce qu'il reste de ma vertu ! " Dès lors, si nos semblables restent un mystère comment se décident les appartenances communautaires par lesquelles « les autres » sont distingués des « nôtres » ? Comment procèdent cette exclusion et, parallèlement, la constitution d'une communauté d'identité ? En plus de la dimension définitionnelle ( désignation et connaissance), la question " Qui sont les autres ?" intègre une portée politique et culturelle. Ce que manifeste un autre exemple : le désappointement des soldats envoyés par Bonaparte pour mater la révolte de Saint -Domingue quand ils se retrouvèrent à combattre, comme ennemis de la Révolution, les noirs coalisés autour de Toussaint- Louverture et qui entonnaient les mêmes chants révolutionnaires que les soldats de Bonaparte. Qui sont les frères d'armes de la Révolution ? Qui sont les contre-révolutionnaires ? Qui est notre semblable, notre prochain ? Et, corrélativement, « Qui sont les autres? » Derrière la formule interrogative « Qui sont les autres ? » il y a donc deux grandes directions de questionnement : - la direction qui s'interroge sur la possibilité, pour un sujet, de cerner la vérité émotive et psychologique d'un autre que soi - la direction politico-culturelle qui pointe les conditions de l'inscription communautaire par laquelle nous distinguons « les autres », des « nôtres ».

« Exemple de rédaction d'un développement Remarque préalable : ne pas douter de l'existence des autres Remarquons d'abord que pour se demander " Qui sont les autres? " il faut ne pas douter de leur existence.

Cettequestion ne peut surgir que pour une conscience pour laquelle il y a des autres, une conscience prise dans un réseaud'intersubjectivités même si les autres sont d'emblée frappés d'indétermination. Si le bon sens a toujours refusé la mise en doute systématique de l'existence des autres (et donc l'hypothèse dusolipsisme mise en place par Descartes au début des Méditations métaphysiques), la sagesse des nations comme laréflexion philosophique et psychologique, s'accorde à souligner les mystères que réserve l'altérité.

La pensée, lessentiments, l'intériorité des autres nous échappent.

Nous sommes chacun un mystère pour les autres et nous nepouvons que l'être. En effet si autrui m'était donné tel qu'il est présent à lui-même, il y aurait fusion de son ego et du mien ; saconscience et la mienne ne feraient plus qu'une ; l'altérité disparaîtrait.

Je ne peux, par principe, accéder, del'intérieur, à une autre conscience sinon elle ne ferait qu'une avec ma propre conscience. Connaître/comprendre : la critique des tendances réductrices de la connaissance Est-ce à dire que les autres échappent irrémédiablement à toute connaissance ? Pour Lévinas, oui ! Et il faut seméfier de la connaissance.

Elle procède toujours par réduction de la différence, par assimilation de l'inconnu auconnu." L'instinct de connaissance procède de l'instinct d'appropriation et de conquête " disait Nietzsche.

Laconnaissance ne peut que louper l'autre en tant qu'il est à jamais Autre, absolument autre,(ce que nous enseignel'expérience du visage dans son dénuement ; voir à ce propos notre analyse de Ethique et infini). La connaissance ne nous fournit que des caricatures grossières, des simplifications.

Elle nous met face à des cas,des types sociologiques ou pathologiques: l'étudiant, le syndicaliste, le délinquant, le terroriste, le névrosé etc. Mais dire que l'autre n'est pas connaissable comme une chose peut être définissable ( et qu'il faut donc se méfierdes procédures d'examen qui le réduisent au statut de cobaye) ce n'est pas dire qu'il est inaccessible et que nousne pouvons rien comprendre de lui. La compréhension par analogie (Husserl, / Malebranche) L'autre est compris par analogie, à partir de moi-même et de ma façon de vivre, de me comporter ; c'est la thèse deHusserl, qui reprend globalement celle par laquelle Descartes sortait du solipsisme, même si pour Husserl lacompréhension de l'autre ne passe pas, contrairement à ce que pense Descartes, par un raisonnement . Pour Husserl, je perçois autrui par son corps (c'est ainsi qu'il m'apparaît).

Lecorps d'autrui est aussitôt compris selon l'expérience que j'ai de mon proprecorps, selon le sens que prennent mes propres comportements.

Le corps del'autre paraît habité par une conscience parce que, le percevant, l'egotranspose son existence d'ego incarné dans l'autre.

Ainsi, pour reprendre unexemple de Merleau-Ponty le geste de celui qui se protége du soleil estd'emblée vécu au niveau de mon corps comme une réponse à unéblouissement. Pour le cartésien Malebranche, cette inférence passe par une comparaison quiest un véritable travail intellectuel : la connaissance d'autrui est un produitdu jugement.

Pour Husserl, l'appréhension de l'autre est immédiate : l'analogieest spontanée et ne suppose pas la médiation d'un raisonnement abstrait.

Il ya ce qu'il appelle un accouplement originaire, une formation en paire, ( ce quise manifeste par le fait que l'enfant, très jeune, comprend les expressionshumaines).

Les autres se manifestent et se définissent par leurscomportements et leurs actes. La vérité d'autrui est dans ses actes La phénoménologie se distingue de la psychologie classique en ce qu'elleconteste qu'il faille chercher derrière les actes et les comportements " une âme ", un for intérieur ", une psychologie cachée.

L'autre n'est que ce qu'il manifeste au monde.

Le reste n'est rien. »

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