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Rôle et valeur méthodologique du doute

Publié le 19/03/2004

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INTRODUCTION. - Le doute présente bien des formes : il y a le doute de l'esprit hésitant pour qui une affirmation catégorique constitue un engagement au-dessus de ses forces; celui du sceptique qui s'est établi par système dans une position de refus et qui prétend ne rien affirmer; chez le dilettante, cette position n'est qu'un jeu ou manière de se distinguer du commun... Tout autre est le doute méthodique d'un DESCARTES OU d'un Claude BERNARD. C'est de ce doute dont nous allons déterminer le rôle et la valeur méthodologiques, c'est-à-dire comme méthode et comme moyen de parvenir à la vérité. I. - RÔLE. Le doute dont nous parlons n'est pas le « mol oreiller » dont parle MONTAIGNE et sur lequel nous nous éterniserions volontiers. Ce n'est qu'un moyen de parvenir a son contraire, la certitude. Mais comment obtient-il ce résultat ? A.

« INTRODUCTION Tout individu est confronté au doute au moins une fois dans sa vie, n'étant pas entièrement convaincu des faitsqu'il affirme, mais hésitant plutôt quant à ce qu'il pense.

Faut il donner une valeur au doute ? Car si j'accorde une valeur au doute, j'admets que le fait de douter soit utile à mes yeux, et qu'il me permette, soitde trouver la vérité, soit de ne pas tomber dans l'illusion.

Le doute me permettrait donc de distinguer lesconnaissances certaines de celles qui sont vraisemblables, probables, dont je ne suis pas entièrement convaincu.Est-il utile de douter ? Par définition, les opinions s'opposent, divisent les hommes et engendrent des disputes.

Ainsi,si je souhaite sauvegarder la paix, je me dois de mettre en doute toutes les opinions, et par conséquent de toutesles éviter… DEVELOPPEMENT Le doute est intimement lié aux choses sensibles, c'est-à-dire aux éléments que nos sens peuvent percevoir.

Eneffet, puisque les hommes ne connaissent pas la vérité, et qui plus est ne la recherchent pas à moins de s'êtrerendus compte de leur ignorance, ils croient que ce qu'ils voient, touchent, c'est-à-dire ce que ce que leurs sensperçoivent, est la seule et unique réalité.

Or, dans les principes de la philosophie, Descartes affirme, que « nos sensnous ont trompés en plusieurs rencontres, et qu'il y aurait de l'imprudence de trop nous fier à ceux qui nous onttrompés ».

Nous pouvons donc dire que si nos sens nous trompent parfois, alors ils peuvent nous tromper toujours.Tout ce que les sens me fournissent peut donc être faux et illusoire, émanant de mon imagination (phantasia).

Or, sitout ce qui émane de mes sens n'est que vraisemblable à mes yeux, c'est-à-dire dont je ne suis pas entièrementconvaincu, l'existence elle-même de ce monde devient à son tour, vraisemblable.

Dans l'intitulé, « Pourquoi peut-ondouter de la vérité des démonstrations mathématiques », Descartes exprime son souhait de rejeter des évidencesintellectuelles qui n'avaient jusqu'alors jamais été remises en cause, dont on avait jamais douté : »nous douteronsaussi de toutes les autres choses qui nous ont semblé autrefois très certaines, même des démonstrations demathématiques ».

L'auteur accorde donc une valeur au doute : ce dernier devient un moyen de distinguer ce quenos sens perçoivent, c'est-à-dire ce que nous croyons être la vérité, et les connaissances certaines.

Pourtant,Descartes affirme « je pense donc je suis » (Cogito de Descartes).

En effet, même s'il est possible de douter de toutce dont nous ne sommes pas entièrement convaincus, il n'est pas possible d'infirmer que je puisse douter, remettreen cause le fait que je doute, étant donné que j'ai chassé hors de mon esprit tout ce dont je n'étais pas certain endonnant une valeur au doute.

Il existe donc une base sur laquelle mon esprit puisse se reposer : je peux affirmerque j'existe, et donc ne plus douter de cela, si du moins je considère le fait que je suis une entité immatériellepensante, refusant d'utiliser ce que perçoivent mes sens afin de m'identifier.

La valeur que Descartes apporte audoute est donc essentielle : si je ne puis douter de mon existence, j'ai trouvé un premier moyen de « parvenir laconnaissance de la vérité », tout comme l'affirme l'auteur dans les Principes de la philosophie.

C'est ici ce que lephilosophe recherche : en effet, en ayant douté de tout à travers cette valeur, j'ai pu découvrir un élément dont jene pouvais douter : mon existence, ce qui représente le roc, les racines de la philosophie et du monde queDescartes cherche à rebâtir.

Le doute me permet donc de m'orienter vers la recherche de la vérité, si toutefois jefais attention à lui accorder une valeur critique : il doit me permettre de distinguer ce qui est vraisemblable de cequi est certain. On sait que les « Méditations » de Descartes commencent, elles aussi, parl'exercice d'un doute absolu : Descartes rejette le témoignage des sens (enrêve on croit voir, entendre, bouger et ce n'est qu'illusion).

Il rejette mêmeles vérités mathématiques (car il peut se faire qu'un « malin génie » tout-puissant s'amuse à me tromper dans toutes mes pensées).Mais ce doute cartésien s'oppose radicalement au doute sceptique.

D'abord ledoute cartésien est provisoire (il prend fin lorsque Descartes s'aperçoit qu'ilpeut douter de tout sauf du fait même qu'il pense et qu'il doute : et cetteévidence invincible : je pense donc je suis est une première vérité d'où biend'autre vont jaillir).C'est un doute volontaire, un doute « feint », dit Descartes dont la fonctionest d'accoutumer « l'esprit à se détacher des sens » (« abducere mentem asensibus ») et même de tout objet de pensée pour révéler en sa pureté l'actemême de penser.

Le doute cartésien a la valeur d'une pédagogie de l'ascèsequi vise à nous délivrer provisoirement des pensées pour révéler que nousavions l'esprit que nous sommes.

Le doute cartésien est méthodique (le malingénie n'est lui-même qu'un « patin méthodologique » (Gouhier), c'est unetechnique mise au service de la recherche du vrai.Le doute cartésien est un doute optimiste et héroïque, un déblaiementpréalable qui précède la construction de l'édifice philosophique, une décisionvolontaire de faire table rase de toutes les connaissances antérieures pourbâtir une philosophie nouvelle. Cependant, les sceptiques, dont Pyrrhon, eux, n'accordent pas la même valeur, ni même les mêmes fins au doute.Les arguments sceptiques partent du caractère relatif, conflictuel et contradictoire des opinions : il s'agit d'un« doute volontaire » comme l'affirme Pyrrhon dans Préparation Evangélique.

A titre d'exemple, si, d'un point de vueparticulier « une tour paraît ronde », d'un autre point de vue, elle « parait carrée ».

Le désaccord entre les hommes. »

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