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ROUSSEAU: Entendement et passions

Publié le 26/04/2005

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Quoi qu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions... l'homme ait faites en s'éloignant de la condition animale. ROUSSEAU

Dans le Traité des sensations, Condillac avait affirmé que le besoin, source des désirs, était, contrairement à la thèse des moralistes traditionnels, le moteur du développement des connaissances humaines, Rousseau reprend à son compte l'affirmation d'une puissance propre des passions mais expose une thèse originale : celle d'une interaction des passions et de l'entendement. Nous ne cherchons à connaître, nous ne faisons des efforts intellectuels que dans la stricte mesure où nous sommes affectivement touchés. Mais la passion elle-même tire sa force de notre pouvoir de forger des représentations, des idées. Il y a donc un lien essentiel entre les passions et l'entendement et non pas opposition, hétérogénéité absolue. La passion n'est pas ce dont il faut à tout prix se défaire. Elle joue un rôle important dans notre accès à la connaissance.

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« défaire.

Elle joue un rôle important dans notre accès à la connaissance.Mais pour que cette relation des passions et de l'entendement devienne dynamique, il faut l'action d'un stimulantpremier : les besoins.

Tant que ceux-ci restent modiques, l'homme vit dans un état d'équilibre et d'harmonie avec lanature.

Ses besoins ne dépassent pas ses facultés.

Dès qu'ils se font sentir, l'homme trouve immédiatement dans lanature les moyens de leur satisfaction, et la conscience d'un manque ne saurait apparaître.

La vie de l'homme n'estalors qu'une vie prise tout entière dans la plénitude de l'instant présent, qu'aucune représentation de l'absence etdu vide ne peut venir troubler.Rousseau rejette donc par là l'idée que les passions soient seulement naturelles.

Elles tirent leur origine de nosbesoins qui sont tournés vers la conservation (nourriture et repos) et l'union sexuelle.

Dans l'état de nature, lebesoin est assouvi dès qu'il se manifeste.

On voit donc que l'apparition et le développement des passions ne sontpossibles que si, par le changement des circonstances extérieures, les besoins ne trouvent plus à se satisfaire dansle milieu naturel.

L'homme qui recevait les dons de la nature et se bornait à une pure activité de consommationdevra dès lors conquérir et produire pour assurer sa survie.

l ne peut plus être pris tout entier dans le sentiment deson existence actuelle.

La dimension du temps et de l'histoire s'ouvre pour lui dans le moment même où s'impose àlui la nécessité du travail sous l'aiguillon du besoin.

Les passions, fort peu actives à l'état de nature, ne prennentdonc vraiment toute leur extension qu'avec la genèse de la société.

C'est pourquoi Rousseau critique Hobbes pouravoir attribué à l'homme sauvage « le besoin de satisfaire une multitude de passions qui sont l'ouvrage de la sociétéet qui ont rendu les lois nécessaires ».

La passion et l'artifice sont choses liées, et l'amour lui-même n'a pu prendrela forme d'une passion qu'à l'état social.

L'amour que connaît l'homme de la nature est indéterminé.

« Toute femmeest bonne pour lui ».

Comme le souligne Victor Goldschmidt, la satisfaction du désir demeure dans la natureuniverselle et abstraite.

C'est le moral qui va fixer le désir sur un seul objet.

La détermination de l'objet n'est pas lefait de la nature et l'amour moral n'a aucun fondement biologique.

C'est une passion factice qui est liée àl'imagination.

L'imagination est un pouvoir, une force active.

Fondant la possibilité d'une représentation de l'absence,elle est le pouvoir de ruiner le présent en anticipant sur les données sensibles.

La représentation de la mort commedestin inéluctable est une possibilité que l'homme seul a reçue en partage.

Rousseau insiste fortement surl'ambivalence de ce pouvoir à la fois bienfaisant et malfaisant, condition de tout progrès mais aussi source demalheur.

A cause d'elle, nos désirs vont déborder nos possibilités de les satisfaire et ce désir à jamais inassouvi estla marque du malheur de l'homme.

« Le monde réel a ses bornes, le monde imaginaire est infini.

Ne pouvant élargirl'un, rétrécissons l'autre, car c'est de leur seule différence que naissent toutes les peines qui nous rendent vraimentmalheureux » (Émile in Œuvres complètes, t.

4, Pléiade, p.

305). ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, àMontmorency chez Mme d'Épinay, ses travaux de musique, sa persécution par les catholiques comme par lesprotestants, son voyage en Angleterre après sa fuite de Suisse ou l'hospitalité du marquis de Girardin à Ermenonville.Non plus que la mise à l'Assistance Publique des cinq enfants qu'il eut de Thérèse Levasseur, ou sa brouille avecGrimm et Diderot.

Jean-Jacques Rousseau fut seul, chassé de partout, et c'est en méditant sur son existencemalheureuse, qu'il a pu énoncer sa doctrine de philosophe.

Sa philosophie n'est pas un système, mais une vision dela condition humaine.

— Contrairement aux Encyclopédistes, l'homme, pour Rousseau, est naturellement bon etjuste.

Il fut heureux lorsqu'il vivait sans réfléchir, au milieu de la nature, uniquement préoccupé des soins matérielsde la vie quotidienne.

Puis, il a cherché à paraître, à dominer.

Il a inventé la propriété.

Sont venus l'inquiétuded'esprit, le goût du luxe, l'ambition, l'inégalité, les vices, la philosophie.

La société a corrompu l'homme, en l'élevant àla moralité.

La vie idéale n'est pas le retour à l'état de nature ; mais elle doit se rapprocher le plus possible de la vienaturelle.

C'est le coeur qui fournit à l'homme la preuve des vérités morales et religieuses, qui lui permet de goûteraux plaisirs de la générosité, de la bienfaisance, de l'amitié.

L'enfant, naturellement bon, doit être éduqué de façon«négative».

Il faut laisser libre cours à son propre développement.

Rousseau prône les vertus de l'intuition et del'émotion.

— Le fondement de toute société, c'est le contrat social, par lequel chaque contractant renonce à sapropre liberté au profit de la communauté, et se soumet à la volonté générale.

Rousseau pose ainsi le principe de lasouveraineté populaire.

Tant en littérature qu'en philosophie ou en politique (la Révolution française le revendiqua),l'influence de Rousseau fut considérable.

Il a véritablement transformé la sensibilité humaine.. »

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