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Sans rapport a autrui, y aurait-il des passions ?

Publié le 27/02/2005

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  Proposition de plan :   1 . Les passions sont constitutivement tendues vers l'autre et donc vers autrui. a) La passion est, l'action en moi de force qui me dépasse, elle signale donc l'existence à l'extérieur de moi, de ma raison de ma pensée, de mon « je », un monde que je ne peux ignorer et vers lequel je suis porté comme malgré moi. b) Ce monde m'englobe et avec moi tout les objets dont ces objets particuliers que sont mes semblables les hommes. Je suis porté par nature à désirer, à convoiter des objets à l'extérieur de moi par la passion. La passion c'est donc l'intrusion du corps pris au milieu du monde dans la pensée. c) Ce corps passionné est donc pour la pensée le signe indubitable que le monde existe et qu'il résiste en moi. De la même façon donc ce corps passionné et sensible donc, est le signe pour la pensée qu'à l'extérieur de moi existent des semblables que je suis porté à aimer ou à haïr. Problème : Si certaines passions enveloppent bien autrui, il semble qu'elle l'objectivent bien souvent, voyant en lui un moyen ou un obstacle de leur satisfaction. Or faire d'autrui un moyen ou un ennemi c'est en faire un objet comme les autres une altérité sans conscience, sans raison, sans fins propres.

Nous nous interrogeons sur les passions et les implications du rapport à autrui en ce qui les concerne. Sans rapport à autrui, y aurait-il des passions ? Si les passions sont en première analyse ce qui en nous tend vers l'autre, ne faudrait-il reconnaître que les passions semblent bien être liées à l'autre en général c'est-à-dire à l'autre particulier qu'est autrui ? En effet certaine passion semblent bien réunir les hommes entre eux, donner une forme à leurs relations. Mais pour autant « l'ouverture « de la conscience vers l'autre sur le mode passionnel pourrait-elle s'identifier à un rapport à autrui authentique, c'est-à-dire un rapport moral ? Il semble que ce soit difficile tant la passion est-elle même excessive et son assouvissement bien souvent solitaire : autrui n'est bien souvent pour le passionné que le moyen où l'obstacle, de l'assouvissement de sa passion. Dès lors ne serait-ce que la considération d'autrui n'a aucun rôle à jouer dans la constitution des passions sinon en tant qu'objet. Comment résoudre cette apparente opposition entre la dimension sociale et relationnelle des passions et leur dimension antisociale et immorale ? C'est ce que nous tenterons de comprendre en dernier lieu.

 

« comme les autres une altérité sans conscience, sans raison, sans fins propres. Transition : Le rapport passionnel à autrui ne se réduit-il pas au rapport à l'objet ? 2 .

Les passions en tant qu'elles sont excessives, nient la particularité du rapport à autrui. a) Pour l'homme passionné, autrui n'est bien souvent que le moyen de l'assouvissement de sa passion.

C'est évidentdans le cas du désir sexuel par exemple.

Mais il en va également ainsi pour les autres passions dont la satisfactiondépend d'autrui ici compris comme l'autre. b) De la même façon la passion peut envelopper autrui sous le mode du concurrent ou de l'ennemi.

Autrui n'est plusseulement ramené à un moyen, il est ramené à un étranger qui veut lui aussi s'approprier l'objet convoité par lepassionné.

IL est ramené à un obstacle. c) Ces deux modalités du rapport passionnel à autrui, nient la particularité d'autrui au milieu des autres objets, dansle premier cas il est ramené à un moyen, dans le second cas à un obstacle.

Elles objectivent autrui, si bien que nouspouvons affirmer que le rapport à autrui qui est un rapport humain particulier, n'a aucune influence sur les passions,il en est parfois l'objet mais rien qu'un objet.

Les passions seraient donc parfaitement étrangères au domaine moralqui défini le mieux les rapports entre les hommes qui constituent la particularité de l'humanité. Problème : Mais des êtres purement rationnels, des êtres dont les rapports ne seraient régis que par la raison sansune once de passion, ne seraient pas des êtres moraux non plus.

En effet, la moralité implique la responsabilité desa liberté.

Un être purement rationnel serait dépourvu de corps, ses actions dépourvues de conséquences.

Il seraitdonc irresponsable puisqu'il n'aurait pas le choix de faire le bien, il le ferait en suivant sa nature, et ce bien serait dene rien faire du tout. Transition : Comment dès lors comprendre le rapport à autrui et sa relation avec les passions ? 3 .

Les passions sont à la fois la plus grande faiblesse et la plus grande force de l'humanité. a) Les passions attestent de la sensibilité de l'homme.

De l'existence de son corps et de sa réalité pour laconscience et la raison.

Les passions sont la preuve de l'existence d'un monde qui s'impose dans la paisibleintériorité de la conscience.

Elles témoignent de l'implication mondaine de l'homme et de ses actions. b) Rousseau distinguait entre les passions naturelles, les besoins et les désirsqui signalent à l'homme ce qu'il doit rechercher pour conserver l'estime de soi(ce qui est nécessaire à sa conservation biologique et surtout le Bien) et lespassions sociales, désirs qui se cristallisent presque en faux besoins, issus dela sophistications des rapports entre les hommes.

Il y aurait donc selon cettedistinction des bonnes passions, qui renvoient à l'accomplissement dans lemonde de sa nature, et des mauvaises, les passions sociales, qui renvoientl'homme à la réalisation illusoire de l'image que lui renvoient les autres hommesde lui-même et qui le détournent de sa nature, de son devoir d'homme donc. c) Même si l'on est pas, dans le détail de la classification des passions,d'accord avec Rousseau qui témoigne qui témoigne pour sa part, d'unenostalgie probablement intenable pour l'état de nature par rapport à lasociété, nous pourrions reprendre l'idée de cette distinction en l'enrichissantd'une seconde distinction, celle spinoziste, entre les passions tristes et lespassions joyeuses.

Les passions tristes sont celles qui n'augmentent pasnotre puissance d'agir, qui ne nous apprennent rien sur nous même où sur lemonde, mais au contraire nous coupe de notre nature politique, de notre goûtpour la vérité (la colère, la haine, l'envie, la pitié mais aussi l'espoir selonSpinoza).

Les passions joyeuses sont celle qui au contraire nous permettentd'exprimer notre nature, de devenir nous-même, d'augmenter notre puissanced'agir parce qu'elles sont créatrices, qu'elles nous apprennent à mieux reconnaître dans l'autre notre semblable (l'amitié, l'amour, la recherche de la vérité...). d) Aussi nous pourrions dire que si sans les passions le rapport à autrui est réduit à néant, où plutôt au simplerapport à l'objet, sans le rapport à autrui les passions se réduisent à des passions tristes, destructrices et solitaires,quand notre nature nous prescrit la joie avec nos semblables.. »

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