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Sartre: « je sauve le passé avec moi ».

Publié le 13/09/2018

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sartre

Vous dégagerez l’intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée.

 

La signification du passé est étroitement dépendante de mon projet présent. Cela ne signifie nullement que je puis faire varier au gré de mes caprices le sens de mes actes antérieurs ; mais, bien au contraire, que le projet fondamental que je suis décide absolument de la signification que peut avoir pour moi et pour les autres le passé que j'ai à être. Moi seul en effet peux décider à chaque moment de la portée du passé : non pas en discutant, en délibérant et en appréciant en chaque cas l'importance de tel ou tel événement antérieur, mais en me projetant vers mes buts, je sauve le passé avec moi et je décide par l’action de sa signification. Cette crise mystique de ma quinzième année, qui décidera si elle « a été » pur accident de puberté ou au contraire premier signe d’une conversion future ? Moi, selon que je déciderai — à vingt ans, à trente ans — de me convertir. Le projet de conversion confère d'un seul coup à une crise d’adolescence la valeur d’une prémonition que je n'avais pas prise au sérieux. Qui décidera si le séjour en prison que j'ai fait, après un vol, a été fructueux ou déplorable ? Moi, selon que je renonce à voler ou que je m'endurcis. Qui peut décider de la valeur d'enseignement d'un voyage, de la sincérité d’un serment d’amour, de la pureté d'une intention passée, etc. ? C'est moi, toujours moi, selon les fins par lesquelles je les éclaire.

 

Sartre

■ Pièges à éviter

 

— Inutile de rappeler les différentes théories que vous pouvez connaître concernant la mémoire.

 

— Ne pas confondre le passé individuel tel qu’il est ici considéré avec les éléments collectifs présents dans la mémoire.

 

— Ne pas profiter de la signature pour s’appesantir sur l’existentialisme sartrien.

 

■ Plan

 

Introduction

 

I. La portée du passé n’est pas figée

 

II. Le projet et son efficacité rétroactive

 

III. Mémoire personnelle et production du sens Conclusion.

C’est malgré tout à moi, et à moi seul, qu’appartient la décision concernant la portée de mon passé : ceux qui rn’ entourent peuvent en faire le constat, mais c’est de moi que dépend le choix du projet dont dépend cette portée. Une telle décision n’est pas d’ordre intellectuel ou spirituel : il ne s’agit pas d’apprécier, de manière en quelque sorte abstraite, l’importance qu’a pu avoir pour moi un événement de mon passé. La décision est d’ordre avant tout pratique : c’est mon action, avec les valeurs qu’elle implique, qui donne telle ou telle signification en excluant les autres. L’action n’est pas accomplie à l’aveuglette, et c’est relativement à ses buts que le passé qui est le mien accède à sa signification.

sartre

« • Piè ges à év iter - Inutile de rappeler les difféJ'\ntes théories que vous pouvez connaître concernant la mémoire.

- Ne pas confondre le passé individuel tel qu'il est ici considéré avec les éléments collectifs présents dans la mémoire.

- Ne pas profiter de la signature pour s'appesantir sur l'existentia­ lisme sartrien.

• Plan Introduction 1.

La portée du passé n'est pas figée II.

Le proj et et son efficacité rétroactive III.

Mémoire personnelle et production du sens Conclusion.

CORRIGÉ [I ntroduction] De mon passé, je garde une grande quantité de souvenirs dont je crois spontanément qu'ils peuvent me servir pour mieux mener ma vie pré­ sente.

Une telle conception, qui paraît « normale >>, fait de la mémoire un simple stockage de souvenirs inertes.

Tout autre est l'analyse que propose Sartre, puisqu'il montre au contraire que le souvenir n'a pas de signif ica­ tion immédiate ou figée, et que c'est en réalité le pro jet animant ma situa­ tion présente qui lui confère signification et portée.

[1.

La portée du passé n'est pas figée] Nietzsche caractérise le passé comme constituant « le roc : ce fut >>.

C' est suggérer que ce passé peut être encombrant pour un sujet, dans la mesure où il freine sa spontanéité et lui interdit, au moins partiellement, d'e ntreprendre et d'innover : la mémoire m'imposerait alors des avertisse­ ments ou encore elle stériliserait mon action par le remords.

Ne peut-on au contraire penser que, d'u ne certaine façon, le souvenir est à la merci de ce qu'i l y a de plus dynamique dans mon présent, c'est à dire de ce qui anime ce dernier sous l'aspect du projet ? Dès le début de son texte, Sartre affirme que le sens que présente (ou présentera) mon passé est en réalité sous la dépendance de mon projet actuel.

Ce proj et, c'est orienter mon existence : il me «jette en ava nt>> et vers l'avant en profilant ce que j'ai l'intention de faire et de devenir.

Il y aurait ainsi un va-et-vient entre ce que je fus et ce que je serai, ce second. »

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