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Sentir est-ce juger ?

Publié le 15/05/2012

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Commençons d'abord par les sensations par lesquelles nous sommes le plus habituellement en relation avec le monde extérieur et que nous objectivons le plus facilement, les sensations visuelles. Avoir une sensation de rouge, ce n'est pas éprouver un phénomène purement subjectif comme serait - ou pourrait nous paraitre (li - un désir ou un regret : c'est affirmer et croire qu'il y a du rouge, c'est porter un jugement d'existence. Mais le rouge n'a pas de réalité par lui-même; c'est la couleur d'un objet qui seul a une vraie consistance.

« moral résultent des sensations; ce sont des " sensations transformées "• suivant l'expression de CoNDILLAC.

Prenons le jugement, puisque aussi bien c'est de lui qu'il s ·a~it .dans ce travail.

Lorsque je dis : cette pierre est plus froide que ce bors, Je ne fais que sentir; je sens la pierre, je sens le bois et je sens en même temps, entre les deux, une différence de température.

Il en est de même quand le jugement porte sur des notions abstraites : penser que le t~ut est plus grand que la partie, c'est sentir, par exemple, que ma val~se est plus lourde pleine que vide ou qu'un demi-tour de piste fatigue momE qu'un tour entier.

Cette conception avait été déjà réfutée par les plus grands philosophes de l'antiquité, PLATON et ARISTOTE : la sensibilité suffit à expliquer la sen· sation, mais dès que nous comparons deux sensations entre elles, bien plu~.

dès que nous affirmons le fait de la- sensation, une autre faculté - qu'on 1 'appelle entendement, intelligence ou raison, peu importe - entre en jeu, la faculté de percevoir des rapports.

Le sens thermique rend compte de la sensation de chaleur; mais avec le seul sens thermique, je ne saurais jamais que j'ai chaud ou que le radiateur est chaud; à plUE forte raison ne saurais-je pas que le rüdiateur est plus chaud que le fer de mon lit.

La raison seule peut juger, affirmer, percevoir les rapports.

Henri DELACROIX va plus loin.

La sen~ation elle-même, s~mble-t-il dire, n'est pas l'acte de la sensibilité ou du moins pas de la seule sensibilité : une faculté supérieure y intervient.

Sentir, en effet, ne se réduit pas à éprouver une impression subjective; dès que je sens, j'atteins· une réalité objective, c'est-à-dire distincte de la connaissance que j'en ai, j'affirme quelque chose, je porte un jugement.

Commençons d'abord par les sensations par lesquelles nous sommes le plus habituellement en relation avec le monde extérieur et que nous objectivons le plus facilement, les sensations visuelles.

Avoir une sensa­ tion de rouge, ce n'est pas éprouver un phénomène purement subjectif comme serait - ou pourrait nous paraitre (li - un désir ou un regret : c'est affirmer et croire qu'il y a du rouge, c'est porter un jugement d'existence.

Mais le rouge n'a pas de réalité par lui-même; c'est la cou­ leur d'un objet qui seul a une vraie consistance.

Aussi je ne dis pas : il y a du rouge, mais : le ciel est rouge, on a peint ce portail en rouge.

Je porte alors un jugement d'attribution : j'attribue le qualificatif de rouge au ciel ou au portail, je construis nne phrase dans laquelle l'adjectif rouge est 1 'attribut de ciel ou de portail Mais nos sensations n'ont jamais cette simplicité.

A chaque instant, mille impressions diverses rn 'assiègent.

Dans la rue, je vois la suite des maisons ~t la superposition des étages; j'entends, au passage clouté, le coup de s1fflet de l'agent, et aussitôt j'aperçois les voitures qui traYersent le boulevard.

Les choses ne restent pas pour moi isolées ou perdues dans l'espace; je les vois dans un certain ordre, suivant les rapports qu'elles ont entre elles, celles-ci en avant et celles-là en arrière, les unes en haut et les autres en bas, à une distance variable ...

; j'étends sur les choses un réseau de rapports; ma conscience sensorielle du monde est un com­ plexe ou un système de milliers de jugements.

(1) Pour beaucoup de psychologue~ modernes, ~l n'y a pas d'état de con.scienee purement subjectif: toute conscience est conscience de quelque chose; le désir et le regret sont une attitude vis-à-Yis d'un objet.. »

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