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Si le peintre ne peut se contenter d'imiter, que doit-il chercher à rendre ?

Publié le 08/04/2009

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L’imitation de la nature est chose impossible : le peintre ne peint qu’en deux dimensions ce qui est dans le réel en trois dimensions : l’artiste doit donc opérer une réduction du réel, ce qui éloigne l’art de la pure imitation . Mais « si le peintre ne peut se contenter d'imiter, que doit-il chercher à rendre ? « le sujet porte sur l’opposition entre imiter et créer. Il faudra donc montrer :  - Que l’art n’est pas qu’une imitation, en particulier qu’une imitation de la nature.  - Que l’art est au contraire une activité qui ajoute quelque chose à la nature  - Que l’art a d’autres but que l’imitation en particulier une fonction de révélation  

« nature et pourra être comparé à un ver faisant des efforts pour égaler un éléphant.

Il y a des hommes qui saventimiter les trilles du rossignol, et Kant (i.) a dit à ce propos que, dès que nous nous apercevons que c'est un hommequi chante ainsi, et non un rossignol, nous trouvons ce chant insipide.

Nous y voyons un simple artifice, non une,libre production de la nature ou une oeuvre d'art.

Le chant du rossignol nous réjouit naturellement, parce que nousentendons un animal, dans son inconscience naturelle, émettre des sons qui ressemblent à l'expression desentiments humains.

Ce qui nous réjouit donc ici, c'est l'imitation de l'humain par la nature (...).

» « En faisant de l'imitation le but de l'art, on fait disparaître le beau objectif lui-même.

Car alors il ne s'agit plus desavoir comment ce qui doit être imité est fait, mais ce qu'il faut faire, comment on doit procéder pour obtenir uneimitation aussi parfaite que possible.

L'objet et le contenu du beau deviennent choses tout à fait indifférentes.

Si,cependant, on continue à parler, à propos d'hommes, d'animaux, de pays, d'actions, de caractères, etc., dedifférences entre beauté et laideur, ces différences ne peuvent en aucune façon intéresser un art réduit à un simpletravail d'imitation.

» « Encore une fois : que l'art soit obligé d'emprunter ses formes à la nature, c'est là un fait impossible à contester, etnous aurons encore ày revenir.

Le contenu d'une oeuvre d'art est d'une nature telle que, tout en étant d'ordrespirituel, il ne peut être représenté que sous une forme naturelle.

En disant, d'une façon abstraite, qu'une oeuvred'art doit être une imitation de la nature, on semble vouloir imposer à.

l'activité de l'artiste des limites qui luiinterdisent la création proprement dite (...).

»« Nous arrivons ainsi à ce résultat que l'imitation de la nature, qui semblait être un principe général, préconisé etdéfendu par de grandes autorités, est un principe inacceptable, du moins sous cette forme générale, tout à faitabstraite.

»« En passant en revue les différents arts, on ne tarde pas à constater en effet que si la peinture et la sculpture,par exemple, représentent des objets d'une ressemblance apparemment naturelle ou dont le type estessentiellement emprunté à la nature, les oeuvres de l'architecture, au contraire, qui est, elle aussi, un des beaux-arts, de même que celles de la poésie, pour autant qu'elles ne sont pas purement descriptives, ne sont en rien desimitations de la nature (...).

»« L'art doit donc avoir un autre but que celui de l'imitation purement formelle de ce qui existe, imitation qui ne peutdonner naissance qu'à des artifices techniques, n'ayant rien de commun avec une oeuvre d'art.

»Friedrich Hegel, Esthétique , tome I, 1832, Aubier.

1944, pp.

31 à 37. Conclusion partielle 1 :On peut donc dire que si l'art utilise les apparences du monde pour construire ses œuvres, cependant il ne prétendjamais en être le double apparent.

Il construit une autre apparence, mais qui ne se justifie pas seulement dans sonrapport au réel.

Il ne se contente donc pas d'imiter . 2/ Comment se situe l'art par rapport à ce monde dans lequel nous vivons ? Nous nous proposons de le voir à partir du texte de bergson ci-dessous.L'art dépasse le monde des apparences dans lequel nous sommes plongés.

L'utilisation que nous faisons du monde,l'habitude que nous avons de regarder les choses en fonction de leur usage ou de leur sens nous éloigne de cequ'elles sont en elle-même.

Le regard de l'artiste nous restitue donc non l'apparence superficielle des choses maisleur essence.

Bergson :« A quoi vise l'art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui nefrappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d'âmene le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n'observions pas en nous,jusqu'à un certain point, ce qu'ils nous disent d'autrui.

Au fur et à mesure qu'ils nous parlent, des nuances d'émotionet de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraientinvisibles : telle, l'image photographique qui n'a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera.

Le poète estce révélateur.

»Bergson, La pensée et le mouvant , La perception du changement p.

149-50 Dès lors, nous devons considérer l'artiste comme le révélateur d'une vérité du monde que nos manières habituellesd'agir et de penser nous cachaient.

L'artiste ne voit pas autre chose que tout un chacun pourrait voir ; seulement ilvoit plus large, il a gardé son regard d'enfant et, intacte, sa capacité à s'étonner.Si nous considérons telle sculpture de Rodin, celle, par exemple, que l'on nomme (improprement si on en croit ce quisuit) le baiser.

Que nous révèle cet art ? ce à quoi nous ne sommes pas attentifs, préoccupé que nous sommes dela vie pratique et signifiante.

Il ne nous montre pas un homme et une femme qui s'embrassent (la scène esttellement banale et quotidienne que, mis à part des moutards effrontés qui veulent s'instruire, elle n'intéresseraitpersonne !) J'en veux d'ailleurs pour preuve qu'il est assez difficile de dire si les lèvres des personnages se joignent.La vérité est ailleurs, dans l'expression de la tendresse humaine : dans la solidité, la force exprimée par le pied et lajambe de l'homme, par le geste protecteur de la main de l'homme sur le flanc de la femme, dans le mouvement ducorps de la femme autour de celui de l'homme qui culmine vers ce point invisible, précisément le baiser.

Le soin prispar Rodin d'exclure de la sculpture les éléments anecdotiques, pour tendre vers une épure, témoigne de cetteintention.

Peu importe l'inachèvement apparent de la sculpture des cheveux, peu importe même la vérité anatomiquedu groupe sculpté, puisque c'est la composition d'ensemble qui est expressive.Nous pourrions en dire autant s'il s'agissait de rendre compte de l'essence, ou de la vérité du mouvement.

Si jeregarde un athlète qui court, je suis plus préoccupé par le record qu'il tente de battre, les adversaires qu'il tente de. »

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