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SPINOZA: Liberté, croyance et illusion

Publié le 27/02/2008

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spinoza
La plupart des hommes semblent croire qu'ils sont libres dans la mesure où il leur est permis d'obéir à leurs penchants, et qu'ils abandonnent de leur indépendance dans la mesure où ils sont tenus de vivre selon la prescription de la loi divine. La moralité donc, et la religion, et, sans restriction, tout ce qui se rapporte à la force d'âme, ils les prennent pour des fardeaux qu'ils espèrent déposer après la mort, pour recevoir le prix de la servitude, à savoir de la moralité et de la religion ; et ce n'est pas cet espoir seul, mais aussi et surtout la crainte d'être punis par d'horribles supplices après la mort, qui les poussent à vivre selon la prescription de la loi divine, autant que le permettent leur petitesse et leur âme impuissante. Et si les hommes n'avaient pas cet espoir et cette crainte, s'ils croyaient au contraire que les esprits périssent avec le corps et qu'il ne reste aux malheureux épuisés par le fardeau de la moralité aucune survie, ils reviendraient à leurs naturels, voudraient tout gouverner selon leurs penchants et obéir à la fortune plutôt qu'à eux-mêmes. Ce qui ne me paraît pas moins absurde que si un homme, parce qu'il ne croit pas pouvoir nourrir éternellement son corps de bons aliments, préférait se saturer de poisons mortels ; ou bien, parce qu'il voit que l'esprit n'est pas éternel ou immortel, préfère être dément et vivre sans la Raison : absurdité telle qu'elle mérite à peine d'être relevée.SPINOZA

Thème : Ce texte répond négativement à la question : « Qu'est ce qu'être libre ? «

Thèse : La thèse que défend ici l'auteur est que être libre n'est pas être soumis à ses désirs mais vivre selon les lois la raison.

Argumentation :

1) De « La plupart... « l. 1 à « ...de la loi divine. « l. 3 : Les hommes croient que leur liberté tient dans la liberté de leur désirs et qu'en se conformant aux lois de la raison l'on en est esclave.

2) De « La moralité... « l. 3 à « ...âme impuissante « l. 8 : C'est la preuve de leur faiblesse d'âme. Même ceux qui vivent selon des lois proches de celles de la raison, ne trouvent la force de les suivre qu'en imaginant qu'elles sont des contraintes nécessaires pour parvenir en un paradis où elles seront enfin abandonnées : ils ne les suivent que parce qu'il craigne d'être privé de ce paradis et victimes d'horribles supplices à la place.

3) De « Et si les hommes... « l. 8 à « ...d'être relevée. « l. 15 : Si les hommes ne croyaient pas dans ces chimères d'imagination (Immortalité de l'âme, Existence de Dieu juge des hommes), ils abandonneraient les lois de la raison pour se sacrifier tout entier à la « liberté des appétits «. Ils se laisseraient gouvernés par les causes extérieures (objets des désirs et des passions), toujours changeantes, plutôt que par leur raison, c'est à dire par eux-même.

 

spinoza

« Les passions sont donc comprise comme des pièges dans lesquels l'homme choisit de tomber et dont il doit être tenu pour responsable par Dieu : ce sont les péchés ou vices. Pour Spinoza au contraire c'est tout l'inverse, la liberté des hommes est à construire. Spinoza trouve dans les passions (ici la crainte et l'espoir) les motifs primitifs qui font que les hommes parviennent àse conformer malgré leurs désirs aux lois de la raison.

Mais pour lui cela ne suffit pas, car ces hommes suivent ceslois, non pas parce qu'ils en ont compris intellectuellement la nécessité mais parce qu'ils craignent les supplices quiles menacent et espèrent pouvoir échapper à ces lois dans l'au-delà.

Ces hommes, pourtant vertueux du point devue religieux, sont aussi « faible », impuissant, que ceux qui se laissent gouverner, ostensiblement, par les passions(alcooliques, dépressifs, etc.). Mais alors comment Spinoza en arrive-t-il à cette conclusion ? C'est que pour lui, la nécessité de ces lois peut êtredémontrées, et donc expliquée, par une étude approfondie de la nature humaine, de l'être profond des hommes.

Cen'est qu'à la condition de comprendre la nécessité de ces lois et de la faire comprendre aux autres que l'on endevient libre, que l'on agit selon sa propre nature. C'est pourquoi Spinoza souhaite que tous les hommes soient en mesure de comprendre les lois qui déterminent leurnature, afin qu'ils puissent se déterminer eux même en suivant la nature, c'est-à-dire se libérer de l'emprise despassions qui les soumettent aux causes extérieures.

Pour Spinoza, la liberté est un point d'arrivée. I.

Introduction. • Quelle est l'idée fondamentale du texte ? La vraie vertu et l'authentique liberté, loin de désigner une acceptationservile inspirée par la crainte du châtiment et l'espoir d'une récompense, reposent sur la puissance et la force denotre âme.

Elles ne consistent nullement à se soumettre à une loi divine contrariant notre nature.• Le problème posé par ces lignes est le suivant : accède-t-on au salut par la simple obéissance fondée sur lacrainte ou bien par la connaissance vraie qui est puissance ?• Ce texte se divise nettement en trois parties, la seconde étant, elle-même, séparée en deux sous-parties.

Dans lapremière «La plupart [...] loi divine.

» –, SPINOZA expose la conception du vulgaire en ce qui concerne la liberté etsa relation au commandement divin.

Dans la seconde «La moralité [...] eux-mêmes.

» –, le philosophe développe lesconséquences de cette fausse conception en ce qui concerne la moralité et la religion, la première sous-partie «Lamoralité donc [...] âme impuissante.

» – soulignant que les hommes obéissent à la loi religieuse et répriment leurspenchants sous la double action de la crainte et de l'espoir et la seconde sous partie – « Et si [...] eux-mêmes.

» –s'attachant à ce que serait le retour inévitable du vulgaire â ses penchants s'il ne possédait pas l'idée d'une survie.Enfin, dans la troisième grande partie – «Ce qui [...] relevée.

» –, SPINOZA souligne l'absurdité de la vision duvulgaire.

Tout le raisonnement de SPINOZA progresse vers la démonstration de l'irrationalité de la conception de laplupart des hommes. Étude ordonnée. A.

Première grande partie.

« La plupart [...] loi divine ».Dans ces premières lignes, SPINOZA réfléchit sur une croyance du vulgaire (« la plupart ») concernant la libertéhumaine conçue non point comme obéissance rationnelle mais comme libre arbitre.

Le vulgaire identifie volontiers celibre arbitre au fait d'acquiescer et de se soumettre à ses « penchants » c'est-à-dire aux appétits sensuels, auxmodifications corporelles liées aux désirs déréglés (le terme employé par SPINOZA dans le texte latin de l'Éthiqueest, en effet, celui de libido, appétit sensuel, traduit ici de manière assez approximative par « penchant »).

Leshommes paraissent donc considérer comme vraisemblable ou probable (« semblent croire ») d'une part, que le librearbitre désigne cette obéissance pleine et entière aux désirs sensuels et sensibles et d'autre part, qu'un abandon decette liberté est possible et souhaitable, dans la mesure où s'effectue un renoncement, fruit de la pure contrainte.Les hommes sont, en effet, tenus, c'est-à-dire obligés et contraints, de prendre en compte « la prescription de la loidivine », l'ordre expressément formulé par le commandement de Dieu.

De quelle loi divine s'agit-il ? Non point, certes,de la loi de ce Dieu qui constitue la totalité du réel – le Dieu de SPINOZA - mais de la loi émanant de la religiondégénérée en superstition et s'appuyant sur la crainte et l'espoir.

La signification de la loi divine dont nous parle iciSPINOZA est donc dépourvue d'ambiguïté dans le contexte.

Se sentant contraints d'obéir au commandement divin,les hommes échangent ce qu'ils pensent être le libre arbitre contre une acceptation de la loi prescrite par Dieu.

Bienentendu, l'expression « semblent croire » nous montre qu'il s'agit ici d'une erreur et d'une illusion humaine.

Mais cemécanisme et cet échange, comment mieux les comprendre ? SPINOZA va nous les faire saisir dans les lignes quisuivent (seconde grande partie). B.

Seconde grande partie.

« La moralité [...] eux-mêmes ». Par quel cheminement psychique les hommes abandonnent-ils ce qu'ils croient être la vraie liberté ? Cette. »

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