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Suffit-il de ne pas être comme les autres pour être soi-même ?

Publié le 07/04/2009

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Le problème posé par le sujet était le suivant : être différent des autres suffit à nous identifier comme tels mais la différence pourrait bien être le signe d’une aliénation. A l’inverse, si nous nous identifions aux autres, comment serait-il possible d’exister comme entité indépendante et nettement circonscrite, de parler de soi et de l’autre ? Nous avons vu que la différence nous constituait comme être à part entière mais aussi qu’à cultiver les différences l’on pouvait se perdre. Ainsi, il ne suffit pas d’être différent des autres pour être soi-même. Il faut ajouter à cette condition de possibilité, une condition de réalité : être, autant que faire se peut, activité. Chose que seule le sage réalise selon Spinoza. Mais alors, le question de la différence d’avec l’autre apparaît comme mal posée . En effet, l’essentiel n’est plus de se penser et de s’affirmer en se comparant à l’autre mais bien de réaliser une indépendance à l’égard de l’altérité en se recentrant sur soi-même et en s’interrogeant sur ce qui nous détermine : nous-mêmes en tant que raison ou l’altérité ? Si nous nous déterminons par nous-mêmes, si nous sommes actifs ou cause adéquate de nos idées et actes, alors nous serons nous-mêmes sans être nécessairement différents des autres.

« je dire que je suis " moi-même " ? Je suis bien plutôt excentré, dépossédé de moi-même, réagissant par rapport àl'autre qui, en creux me détermine encore et toujours.

Je ne suis alors que le " satellite " de l'autre.

Ceux qui croîents'affirmer davantage, être " le plus eux-mêmes " en étant " moins les autres ", attirent en fait l'attention sur lafaiblesse et l'inconsistance de leur moi, incapable de se poser par lui-même, ayant toujours besoin de l'autre commed'un étai.

A vouloir cultiver systématiquement la différence, on finit d'ailleurs toujours par ressembler à quelqu'un !On est alors entraîné dans une course sans fin qui ne laisse pas à un " moi " le loisir de se constituer.

Ballotté entout sens, au gré des rencontres, on finit par ne plus être personne, incapable de se définir par une quelconquequalité ou détermination stable. Le seule différence d'avec les autres ne suffirait donc pas à me faire être moi-même.

Lorsque l'on tente de sedéfinir, l'on prend au contraire conscience de tout ce que l'on doit à l'autre et que l'on a en commun avec lui.

Si l'onconsidère par exemple, le langage qui nous distingue des animaux, il devient nécessaire d'affirmer que l'on est ceque l'on est par l'autre et en partageant avec lui des caractéristiques.

Parler est toujours parler une langue,système de signes institués et donc appris par nous, transmis de génération en génération.

Si je suis ce que je suis,un être humain qui parle, si je me distingue ainsi des animaux qui ne disposent que d'un code de signaux, c'est parl'autre et grâce aux autres.

Mon génotype me distingue bien spontanément des autres mais est-ce par lui,seulement, que je suis ce que je suis ? Ce serait oublier que l'homme n'est pas seulement un corps vivant,déterminé, mais aussi une histoire où l'autre est omniprésent.

Ce serait oublier que je ne peux et ne veux meconfondre avec ces déterminations génétiques.

Etre soi-même relève bien plutôt d'une construction (historique),d'un choix de soi par soi, d'un projet de soi.

Si je me suis voulu avocat et que je le suis effectivement devenu, jepartagerais cette profession avec d'autres mais je pourrais affirmer que je suis bien moi-même lorsque j'exerce cetteprofession. Que l'on soit différent des autres permet bien de ne pas nous confondre avec eux quant à notre essence et interditqu'on nous identifie ou confonde mais cela ne signifie pas pour autant qu'on soit alors " soi-même " ni d'ailleurs queles autres, desquels on se distingue, soient " eux-mêmes ".

Les autres pourraient aussi bien être aliénés,dépossédés d'eux-mêmes.

C'est précisément le cas lorsque la passion nous habite.

Lorsque celle-ci nous anime,lorsque l'émotion nous submerge, quoique nous puissions être différent des autres, nous ne sommes pas tout à faitnous-mêmes.

Lorsque l'émotion s'éloigne avec l'événement ou la rencontre qui l'avait suscité, nous disonsprécisément et reconnaissons alors que nous n'étions pas nous-mêmes.

Lorsqu'un homme est saoul, il peut êtredifférent de tous ceux, à jeun, qui l'entourent, mais il n'est pas pour autant lui-même.

Il ne maîtrise plus sespensées ni son discours.

Il est incapable d'exercer dans cet état, la profession qu'il a pourtant choisie.

De même,l'amoureux transi est incapable de penser à autre chose qu'à sa belle ; il s'oublie même dans son couple fusionnel.Les autres ne le reconnaissent plus.

Pour plaire à sa Dulcinée, il s'adonnera à des activités qu'il ne goûtait pas dutout auparavant. Etre soi-même ne consiste pas alors à être seulement différent des autres mais aussi actif.

Etre passif, déterminéquant à nos choix, nos pensées, nos actions par l'altérité est n'être plus soi-même.

Etre soi-même consiste donc àne pas être déterminé par autrui ou une quelconque altérité, être soi-même consiste à être libre au sens d'actif,qu'on diffère des autres ou qu'on leur ressemble.

Etre soi-même consiste à ne pas être aliéné.

Or, dans la passion,telle que la définit par exemple Spinoza, nous le sommes toujours.

Nous ne sommes en effet pas cause adéquate denos idées, de nos actes, mais déterminés par une altérité que nous ne sommes pas, que nous ne comprenons etconnaissons pas totalement, dont nous n'avons pas une connaissance adéquate.

Nous sommes alors un corpsaffecté par d'autres corps qui déterminent peu ou prou notre être.

Nous ne sommes plus que l'écho de ces corps quinous affectent.

Etre soi-même, à l'inverse, consistera à être cause adéquate de nos idées, à être en mesure derendre compte de nos pensées et actes, à les assumer entièrement comme venant de nous seuls.

Signes qu'il y abien là " quelqu'un " ! Si l'autre est aussi lui-même, s'il compte sur la puissance de la raison et est cause adéquatede ses idées et actes, alors, nous nous ressemblerons mais n'en serons pas moins nous-mêmes.

A l'inverse de celuiqui ne se pose qu'en s'opposant à l'altérité et qui est donc, en creux, encore déterminé par elle, celui qui est actifet non passif ( la passion est marquée par la passivité) peut se dire " lui-même ".

N'étant pas affecté, passif etréactif, étant actif, il peut se dire cause de ses idées et actes.

Ainsi, lorsque nous construisons un triangle, noussommes cause adéquate de ce triangle, qui ne doit sa définition et son existence qu'à nous-mêmes, nous sommesnous-mêmes quoique nous ne soyons pas les seuls à faire de la géométrie ! Lorsque je juge, en toute indépendance,par la seule puissance de mon esprit, que je dois faire du bien à mon voisin, je suis moi-même.

Quand bien mêmemon voisin n'existerait pas, je lui voudrais encore du bien et serais par là moi-même.

Au contraire, celui qui veut dubien à son voisin parce que celui-ci lui a rendu service par le passé, celui-là est déterminé par son voisin et n'estpas lui-même.

Il est le prolongement du service rendu par l'autre.

Autre exemple : si nous respectons la loi, non pasparce que nous la jugeons, en toute conscience, juste, mais par crainte du châtiment en cas de transgression, nousréagissons.

Une passion (la crainte) nous mène et nous ne sommes pas nous-mêmes mais sous influence.

Nous nenous déterminons pas par nous-mêmes à faire ce que nous faisons mais nous sommes déterminés par l'existence deces lois non voulues et de la force publique contraignante. Le problème posé par le sujet était le suivant : être différent des autres suffit à nous identifier comme tels mais ladifférence pourrait bien être le signe d'une aliénation.

A l'inverse, si nous nous identifions aux autres, commentserait-il possible d'exister comme entité indépendante et nettement circonscrite, de parler de soi et de l'autre ?Nous avons vu que la différence nous constituait comme être à part entière mais aussi qu'à cultiver les différencesl'on pouvait se perdre.

Ainsi, il ne suffit pas d'être différent des autres pour être soi-même.

Il faut ajouter à cettecondition de possibilité, une condition de réalité : être, autant que faire se peut, activité.

Chose que seule le sageréalise selon Spinoza.

Mais alors, le question de la différence d'avec l'autre apparaît comme mal posée .

En effet,. »

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