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Sur quel fondement repose la société?

Publié le 20/02/2004

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Aussi, désirer le plaisir de boire, ce serait désirer la souffrance d'avoir soif. A l'inverse, le bonheur et le malheur ne peuvent être présents simultanément, aussi le bonheur ne peut-il reposer sur le seul critère du plaisir. Il découle de ces deux arguments qu'il paraît difficile de fonder la société sur l'intérêt car ce serait une société fondée sur quelque chose de trop instable. b) Il faut donc fonder la société sur quelque chose qui permette aux hommes de vivre ensemble et qui permette la stabilité. Pour cela, il est nécessaire de permettre la cohésion en dépit des disparités d'intérêts et des sentiments divergents des individus qui la composent. Cela reviendrait à créer un ordre véritable, or, il semble que ce soit cette harmonie que Platon cherche à atteindre lorsqu'il expose sa conception de la justice, justice qui ne peut s'appuyer que sur des principes rationnels. Il explique notamment dans la République au livre IV (443c-e) que la justice est le lien qui permet d'unifier une multiplicité. Elle est ce qui permet de dépasser l'intérêt individuel pour le bien plus grand que constitue le bien de la société. c) La vraie justice requiert un savoir véritable qu'on pourrait appeler une technique politique. Mais comme toute technique, celle-ci présuppose une connaissance rationnelle de son objet, une connaissance qui passe par l'intellect et qui permette de rendre raison de ce que l'on avance.

« l'injustice.

» Dans ce passage de La République, Glaucon, ami de Socrate prend la parole pour tenterde définir la justice.

Contre Thrasymaque qui vient de soutenir que la justice estnaturelle et se confond avec la loi du plus fort, Glaucon pense, au contraire, que lajustice résulte d'une convention. « Glaucon : - Ecoute ce que je me suis chargé d'exposer d'abord, c'est-à-dire quelle estla nature et l'origine de la justice.On dit que, suivant la nature, commettre l'injustice est un bien, la subir un mal, maisqu'il y a plus de mal à la subir que de bien à la commettre.

Aussi quand les hommes sefont et subissent mutuellement des injustices et qu'ils en ressentent le plaisir ou ledommage, ceux qui ne peuvent éviter l'un et obtenir l'autre, jugent qu'il est utile des'entendre les uns les autres pour ne plus commettre ni subir l'injustice.

De là prirentnaissance les lois et les conventions des hommes entre eux, et les prescriptions de la loifurent appelées légalité et justice.

Telle est l'origine et l'essence de la justice.

Elle tientle milieu entre le plus grand bien, c'est-à-dire l'impunité dans l'injustice, et le plus grandmal, c'est-à-dire l'impuissance à se venger de l'injustice.

Placée entre ces deux extrêmes, la justice n'est pas aimée comme un bien, mais honorée à cause de l'impuissance où l'on est decommettre l'injustice.

Car celui qui peut la commettre et qui est véritablement homme se garderait bien de faire uneconvention aux fins de supprimer l'injustice ou commise ou subie : ce serait folie de sa part.

Voilà donc, Socrate,quelle est la nature de la justice, et l'origine qu'on lui donne.

» Platon, La République, livre 2, 358d/359b.

Traduction Chambry. Vaut-il mieux subir l'injustice que la commettre ? Pour Socrate, la justice est une valeur absolue.

Elle est pour lui lebien et la vertu par excellence.

Glaucon propose ici de définir la justice non comme une fin, mais comme un moyen.Elle n'a donc qu'une valeur relative.

Il oppose la nature et la loi.

Par nature, l'injustice est préférable.

Par la loi, lajustice est préférable.

Ce changement s'explique par le fait que les hommes ont fait un calcul.

Avant l'établissementde toute loi, le risque de subir l'injustice étant supérieur à l'occasion de pouvoir la commettre dans la majorité descas, les hommes s'entendent entre eux et établissent une convention par laquelle ils se protègent de l'injusticesubie et renoncent à l'injustice commise.La justice n'est donc pas naturelle.

Elle résulte d'une institution, d'un contrat.

C'est sur la loi qu'il faut s'appuyerpour la faire exister, et non sur la nature.

c) Ne serait-il donc pas plus sage de fonder la société sur ce vers quoi elle semble de toute façon se tourner ? Si laconstitution de l'homme et l'état de nature sont faits de telle manière que l'homme ressente le besoin de poser desconventions pour garantir son intérêt, ne serait-ce pas aller à l'encontre de la nature que de chercher ailleurs unsubstitut pour ce qui s'impose déjà avec évidence ? Transition : Pourtant, n'a-t-on pas l'impression que cette solution n'est pas satisfaisante, qu'elle ne ressemble à rien de plus qu'à un pis-aller ? 3.

La société existe pour que puisse éclore la justice véritable, laquelle n'est découverte que par la raison.

a) Faire de l'intérêt un fondement de la société, c'est essayer de bâtir une communauté d'individus sur le désir.

Or ledésir souffre de deux graves défauts : il est infini et il repose sur la présence simultanée d'états contraires.

Platonexplique ces défauts dans le Gorgias. D'abord il exprime l'idée que le désir inféode l'homme à une prospection toujours reconduite et qu'il rend les hommes comme ces habitants de l'Hadès qui « portent de l'eau dans destonneaux percés » ( Gorgias , 493b).

Ensuite, Platon va démontrer que le plaisir – qui répond au désir – ne peut nous permettre de devenir heureux car il a besoin de contraires.

On prend en effet du plaisir à boire, mais ce plaisir neprovient que du fait qu'il met fin à la souffrance qu'était la soif.

Aussi, désirer le plaisir de boire, ce serait désirer lasouffrance d'avoir soif.

A l'inverse, le bonheur et le malheur ne peuvent être présents simultanément, aussi lebonheur ne peut-il reposer sur le seul critère du plaisir.

Il découle de ces deux arguments qu'il paraît difficile defonder la société sur l'intérêt car ce serait une société fondée sur quelque chose de trop instable.b) Il faut donc fonder la société sur quelque chose qui permette aux hommes de vivre ensemble et qui permette lastabilité.

Pour cela, il est nécessaire de permettre la cohésion en dépit des disparités d'intérêts et des sentimentsdivergents des individus qui la composent.

Cela reviendrait à créer un ordre véritable, or, il semble que ce soit cetteharmonie que Platon cherche à atteindre lorsqu'il expose sa conception de la justice, justice qui ne peut s'appuyerque sur des principes rationnels.

Il explique notamment dans la République au livre IV (443c-e) que la justice est le lien qui permet d'unifier une multiplicité.

Elle est ce qui permet de dépasser l'intérêtindividuel pour le bien plus grand que constitue le bien de la société.c) La vraie justice requiert un savoir véritable qu'on pourrait appeler une technique politique.

Mais comme toutetechnique, celle-ci présuppose une connaissance rationnelle de son objet, une connaissance qui passe par l'intellectet qui permette de rendre raison de ce que l'on avance.

En effet, si l'on avait une connaissance de la justice quin'était pas rationnelle, on ne pourrait dire de cette dernière que c'est une connaissance véritable et on retomberaitplutôt dans le sentiment ou l'opinion.

C'est pourquoi Platon dans le Gorgias (465a) écrit : « Je ne donne pas le nom. »

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