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Tout peut-il se dire ?

Publié le 21/02/2011

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ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION

• Distinguer deux sens possibles du verbe pouvoir : « A-t-on le droit de tout dire? « et « Est-il en notre puissance de tout dire? «. • S'approprier des éléments de réflexion (convenant au sujet précis posé) dans les commentaires des sujets : « Que pensez-vous de la formule : toute vérité n'est pas bonne à dire? « et « Peut-on revendiquer le droit au secret ? «. • Parle-t-on comme on pense? — N'aurions-nous pas une expérience de l'inadéquation de notre parole à notre pensée? Ne nous semble-t-il pas souvent que nous possédons la pensée mais que le langage se dérobe à nous (ne disons-nous pas parfois que nous avons « le mot « sur le bout de la langue?). — Ne pourrait-on toutefois objecter que cette distance n'est pas une distance entre notre pensée et son « expression verbale « mais entre une pensée informe (informelle parce que non formulée) et une pensée formée (qui aurait enfin pris forme dans et par le langage). — Plus même, l'idée d'une pensée pure, purement vécue et antérieure à toute formulation (même « schématique «, au sens propre du terme), ne serait-elle pas un mythe?   

« Le verbe dire renvoie à l'acte d'énoncer un propos par la parole physiquement articulé avec l'intention de lecommuniquer.

Il est donc inévitablement lier à la parole.

Le verbe signifie aussi affirmer en connaissance de cause.

Ils'agit ici de savoir si les mots, le langage peuvent couvrir tout le champ de l'expérience.

Mais le verbe pouvoirindique aussi une question morale.

Il semble bien que tout peut être dit, puisque ce tout n'a de sens que dans etpar le langage qui le désigne.

Les mots sont en effet des créations humaines.

Il suffit alors d'inventer des mots pourtoutes nos pensées, choses.

Toutefois, disposant de moyens finis, le langage peut-il exprimer le domaine illimité dece qui est pensable, ou encore l'infinie diversité du réel ? Si le langage impose des limitations, alors la vocation dulangage à la totalité semble bien devoir être remise en question: le langage est-ilentièrement apte à exprimer toute la pensée ? Toute la réalité ? Et même s'il est possible de tout dire devons-noustoujours nous autoriser à tout dire, n'importe quand, n'importe comment et à n'importe qui ? 1) Le langage, de par sa nature, semble apte à exprimer la totalité de ce qui est pensé. a) De par la nature même du signe linguistique : Le signe linguistique unit en une transparente immédiateté son etsens.

Il est la seule forme interne à la pensée, apte à l'accomplir pleinement.

Pour beaucoup de philosophes, lapensée est langage. Le mot forme la totalité du signifiant et du signifié.

Il y a bien une dualité, mais ce n'est pas la dualité entre le nom et la forme.

« Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et uneimage acoustique ». Grâce à son indépendance par rapport à la réalité, le lien avec le réel est arbitraire, le langage peut tout dire puisque tout est précisément la conception du monde impliqué par le langage.

Le langage humain est« capacité de tout dire » (Noam Chomsky, Structures syntaxiques ) Pour Saussure, la pensée ne serait nébuleuse sans rien de délimité avant l'apparition de la langue.

L'invention dulangage, du mot est donc destinée à faire naître la pensée, à lui donner une forme objectivable.

Le mot alors neserait que la forme objective de ce que nous avons dans notre pensée.

Chaque mot inventé serait alors l'exacteréalité du concept que nous avons dans la pensée. C'est pourquoi aussi les vocabulaires scientifiques croissent en fonction des découvertes.

Tout nouveau phénomènesuscite l'invention d'un nouveau qui désigne le concept qu'ont les scientifiques ont à l'esprit. b) Il est vrai que le vocabulaire du dictionnaire ne couvre pas tout le champ de la réalité.

Grâce à la doublearticulation des langues, l'homme peut dire beaucoup en combinant les phonèmes.

Il s'agit d'un remarquable principed'économie.

Quelques dizaines de phonèmes et quelques milliers de monèmes permettent une énonciation ouverte àl'infini.

Cet aspect combinatoire n'existe pas chez les animaux.

Il permet ainsi de produire sans cesse des nouveauxmessages en combinant des extraits, des mots.

Le système est donc très performant.

Il permet l'inventionpermanente tout en conservant la compréhension d'autrui.

La double articulation est en effet basée sur des règlesqui garantissent une compréhension commune sans jamais limiter la composition. c) La suspicion envers le langage est donc infondée : Si l'intérieur (la pensée) et l'extérieur (le langage) sont lamême réalité, l'ineffable tient à la paresse conceptuelle et logique de la pensée.De plus, pour Hobbes la vérité ne tient pas aux choses elles-mêmes mais à la dénomination qui en est faite pasl'homme. Il est donc important de réfléchir et de donner une bonne définition aux choses.

Le vrai donc émerge par et dans la parole, dans le langage.

Il faut donc travailler sur eux et c'est le travail de la pensée qui doit garantir lavéracité et la signification des mots.

" C'est donc sur la définition correcte des dénominations que reposent lepremier usage de la parole, qui est l'acquisition de la science.

Et c'est sûr des définitions incorrectes ou dansl'absence de définitions que repose le premier abus, duquel procèdent toutes les thèses fausses ou absurdes."(Léviathan) Pour Bergson, chaque grande idée prend naissance dans une intuition qui n'est pas verbale, mais émotionnelle.

Ils'agit alors de déployer tous les efforts pour la mettre en mot.

Il dit ainsi des idées géniales : « si ces idées trouventdes mots préexistants pour les exprimer, cela fait l'effet d'une bonne fortune inexprimée ; et, à vrai dire, il a souventfallu aider la chance.

» La pensée se doit donc de faire des efforts pour inventer des nouveaux mots pour bienexprimer la pensée. Alors, les choses que certaines personnes déclarent ne pas pouvoir exprimer tiennent au fait d'une incompétencelinguistique, d'une pauvreté de vocabulaire. Transition : Cependant pour Bergson, les mots ne retrouveront jamais l'expression émotionnelle originelle.

Pour autant que je fasse l'effort de penser, je peux exprimer tout ce que je pense.

Mais toute la vie spirituelle est-elled'ordre intellectuel? Tout le réel est-il d'ordre rationnel? Puis-je exprimer par la parole, par les mots, ce qui se trouveen-deça des mots ? Y-a-t-il un ineffable ? 2) Le langage semble aussi apte à dire ce qui, dans la réalité, échappe au logos (discours) rationnel. a) Il y a un langage pour exprimer la singularité de la réalité vécue et sentie : La création poétique chante parévocation ce que le langage usuel, trop général, n'est pas fait pour exprimer.

Schopenhauer avait bien entrevu quela parole ne pouvait que réduire la réalité de la chose nommée.

Mais il est possible en travaillant sur le langaged'arriver à la signifier, à faire advenir l'irreprésentable.

Il faut donc selon lui faire comme les poètes, tout le tempsmêler les mots, mélanger les concepts dans une même parole pour que de ce choc, de ce mélange sorte unpressentiment de ce qu'est la réalité.. »

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