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Toute croyance est-elle superstition ?

Publié le 27/02/2005

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« Croire en » et « savoir » sont dès lors deux actes différents : par exemple, que l'eau se soit changé en vin au cours des noces de Cana, voilà quelque chose que l'on ne peut savoir, c'est-à-dire qui n'est pas démontrable scientifiquement et qui paraît même impossible du point de vue de la science. Or, il s'agit d'un miracle auquel on peut croire. Dès lors, si je ne sais pas que l'eau s'est changé en vin, je peut tout de même y croire. Il en est de même pour Dieu : je ne sais pas (d'un point de vue rationnel) s'il existe, mais je peux croire en lui (et non pas « croire qu'il existe », ce qui relève de l'opinion). Ainsi, la croyance religieuse représente un acte de foi, c'est-à-dire un acte à mi-chemin de la croyance-opinion (zéro degré du savoir) et de la science (savoir démontré). De ce point de vue, la croyance n'est plus passive et soumise à la crainte, mais elle constitue son objet : si je ne sais pas si Dieu existe ou que je ne crois pas qu'il existe, je peux croire en lui. Je ne suis plus superstitieux, au sens où ma croyance n'est plus une ignorance, mais un acte positif.   III - La croyance et la science               Nous avons vu que la croyance n'est pas nécessairement liée à la superstition, ni à la religion. C'est dans ce sens que Hume argumente dans son Traité de la nature humaine, où il ne fait de la croyance un problème épistémologique, mais un problème anthropologique. En effet, du point de vue épistémologique, soit la science relègue la croyance dans le domaine de la pure opinion et donc de la superstition, soit elle lui accorde un statut particulier, intermédiaire entre opinion et savoir ; du point de vue anthropologique, la croyance devient le dernier mot de la connaissance de l'homme.

Notre sujet nous demande d’interroger l’équivalence croyance/superstition. Il est indéniable que, de prime abord, on se sent porté à assimiler les deux notions, réduisant ainsi la croyance à la superstition. Cependant, il nous faut, afin de fournir une réponse argumentée, analyser les concepts en présence, c’est-à-dire croyance et superstition. Ainsi, si la croyance nous renvoie à la sphère religieuse (le croyant étant l’homme religieux lui-même), il n’est pas sûr que croyance et religion soit entièrement superposables. En d’autres termes, la croyance pourrait recouvrir autre chose que le fait de croire en Dieu ou aux miracles. C’est ce qu’une analyse de la notion aura pour but de dégager, permettant de penser à nouveaux frais la relation croyance/superstition.

« Pour Hume, en effet, la croyance n'a pas un sens religieux.

Elle est plutôt liée à l'habitude et concerne la fondation du savoir humain.

Prenons un exemple : si je lâche une pierre, celle-ci tombera au sol.

Or, comment en suis-je arrivé à cette conclusion que lapierre lâchée doive tomber ? Hume répond que rien ne nous contraint àpenser cela, si ce n'est l'habitude que l'on a de voir des pierres tomber sitôtlâchées.

En effet, il n'est pas contraire à la raison (c'est-à-dire inconcevable)que la pierre puisse s'envoler plutôt que tomber.

Or, on reste persuadé que lapierre tombera.

C'est donc bien l'habitude de voir des pierres tomber qui nouspousse à généraliser ce genre de prédiction.

Selon Hume, l'expérience et la science ne dépendent donc que del'habitude, c'est-à-dire de la croyance que tel événement A (je la lâche lapierre) ayant eu lieu, un autre événement B (la pierre tombe) a lieu ; si jerencontre de nouveau A, je m'attends donc à ce que B se produise.Autrement dit, je ne sais pas si A sera toujours suivi de B (comme la cause est suivie de son effet), mais j'y crois , par habitude (la plus solide et la mieux enracinée qui soit, mais habitude quand même).

En définitive, la croyance n'a plus rien à voir avec la superstition,mais elle vient fonder l'expérience que nous avons du monde ainsi que lascience ; certes une science qui se base sur la probabilité (probabilité que Bse produira toujours après A), mais science tout de même.

1.

La notion d'expérience : impressions et idéesPour Hume, sont données à l'esprit d'abord des impressions, à savoir des perceptions vives, et en second lieu les idées qui en sont les copies affaiblies (Traité de la nature humaine).

Aupoint de départ de sa philosophie, nous rencontrons donc, non seulement des données élémentaires, mais encoredes données qui ne se distinguent que par la manière dont nous en faisons l'expérience.

Il n'y a pas d'extériorité,celle des choses* dont nous instruisent les sens, ni d'intériorité, celle de l'esprit quand il réfléchit sur lui-même : iln'y a que l'expérience et ses critères, la vivacité ou la faiblesse du senti. 2.

La critique de la causalité : la raison comme habitudeToute la pensée relève alors des relations entre ces données et de la manière dont nous les éprouvons.

C'est direqu'il n'y a aucune relation, si ce n'est celles que l'esprit établit.

Ainsi, l'idée de causalité, qui signifie qu'il y a uneconnexion nécessaire entre deux choses, la cause et l'effet, n'est pas perçue dans les choses mêmes, mais vient dece que l'esprit prend l'habitude de les lier (Enquête sur l'entendement humain).

C'est une simple tendance de l'esprit,une association spontanée entre ses idées, qui nous fait croire à une causalité que nous n'observons jamais.

Conclusion : De notre analyse, nous pouvons donc tirer l'idée qu'il existe trois niveaux distincts sur lesquels se répartit lacroyance : d'un point de vue épistémologique, elle s'assimile à l'opinion, c'est-à-dire à toute connaissance nondémontrée et, par-là même, elle renvoie à la superstition comme crainte et soumission passive à l'inconnu.

À unsecond niveau épistémologique, la croyance est un acte de foi positif, qui constitue ou construit son objet : sicroire que Dieu existe, c'est postuler son existence, croire en Dieu, c'est se reconnaître incapable de démontrercette existence, pour ensuite y donner une adhésion relevant de l'ordre de la foi, un tel acte positif ne pouvant êtresuperstitieux.

Enfin, d'un point de vue anthropologique, la croyance fonde la science, c'est-à-dire qu'elle estl'habitude contractée au contact de régularités naturelles ; en ce sens, elle n'est pas non plus réductible à lasuperstition.

Ainsi, nous pouvons répondre que toute croyance n'est pas superstition.. »

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