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Un objet technique peut il être beau ?

Publié le 15/04/2005

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technique

• Remarquer qu'il ne s'agit pas de savoir si un objet technique ou un objet utile peuvent être toujours jugé beaux. Toute considération à cet égard serait parfaitement oiseuse. • Se demander pourquoi le problème peut être posé? En quoi pourrait-on appréhender une opposition (voire une contradiction) entre le fait d'être utile et d'être beau, ou entre le fait d'être un objet technique et d'être beau? • Les deux sujets sont-ils parfaitement identiques? Saisir des différences entre eux serait peut-être utile pour déterminer très précisément ce qui fait problème dans chaque sujet.

L'utile est classiquement dissocié du Beau. Plus encore, selon la pensée de l'art classique, l'oeuvre d'art, sensée être l'expression du Beau par excellence, est opposée à toute forme d'utilité. Pourtant, même une oeuvre d'art requiert de la technicité. Paradoxalement, est-il possible que la technicité donne naissance à ce qui se définit en opposition avec toute utilité ? Qu'est-ce qu'un objet technique ? Il s'agit d'une production issue d'une méthode correspondant à des procédés de fabrication. L'objet technique est le fruit de connaissances scientifiques ou de connaissances expérimentales issues d'une tradition. Le terme technique vient du grec « technikos «, qui est l'adjectif correspondant au substantif « technê « ; celui-ci signifie « pratique «, « procédé «, « art « (au sens ancien du terme qui correspond à notre « savoir faire « ou encore « ruse «. Aristote oppose la « poiêsis «, c'est-à-dire la fabrication, la production, à la « praxis «, à l'action qui a sa fin en elle-même comme c'est le cas de l'art au sens moderne du terme. La « poiêsis « correspondrait à notre « technique «. Qu'est-ce que le beau ? Il s'agit du concept fondamental de la  philosophie esthétique occidentale. Le substantif « beau « est issu par dérivation du latin « bellus « qui signifie « joli «, et qui est le diminutif de « bonus «, c'est-à-dire de « bon «.  Il faut dissocier le beau du bien et du vrai. Le beau relève du domaine sensible, le bien, de l'action, tandis que le vrai concerne l'entendement. On dit que le beau « élève «, dans le sens où, lors de la contemplation, il suspend les souffrances dues à la condition humaines pour occuper tout entier l'esprit de l'admirateur. Ainsi, le pape Pie XII[1] écrit que "Le beau doit nous élever. La fonction de tout art consiste à briser l'espace étroit et angoissant du fini dans lequel est plongé l'Homme tant qu'il vit ici-bas, pour ouvrir une sorte de fenêtre à son esprit qui tend vers l'infini." Un objet technique peut-il être beau ? Un objet qui demande de la technique pour être créé peut-il être beau ? Comment penser le rapport entre la beauté d'un objet (s'entend : d'une création humaine) et la technicité qu'il requiert?

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« - Si tel était le cas, ne serait-il pas justement fort sage de tenter de joindre l'utile à l'agréable en retrouvant la beauté dans notre quotidien, comme qui joindrait les « nécessités de la vie » à « l'art devivre » ? Problématisation : Si un objet technique pouvait être beau, pourquoi donc les artistes ne se concentreraient-ils pas sur ceux-ci ? Lefait qu'ils ne le fassent pas nous incite à penser que la beauté réside dans quelque chose qui dépasse ces objetstechniques : peut-être dans le « sens », dans « l'humanité », ou dans cet essentiel « superflu » qui surnage dansles cieux divins.

Quand bien même, n'est-ce pas aussi une forme de posture artificielle de l'artiste que de seprétendre « au-dessus » des choses du commun ? Après tout, même les grands philosophes cèdent parfois aucaprice de s'acheter un « beau stylo » : et si c'était justement au cours de ce genre de caprice que l'humainrenouait véritablement avec la beauté ? Proposition de plan : Le beau comme perfection. 1. a) D'après Aristote, « l'art imite la nature » ( Physique II, 2, 194a21).

Cela signifie que la position fondamentale est attribuée à la nature, et que l'artistene fait que décrypter pour le reproduire ce qui dans la nature se faitautomatiquement.

Ainsi pourrait-on très bien considérer que c'est la naturequi, la première, nous donne à voir la beauté.

L'homme ne ferait qu'imiter la« technique » de la nature.

D'ailleurs, tous ses efforts techniques consistentà passer par la compréhension de la nature pour la reproduire et la modeler. b) Mais il faut rappeler que le trait saillant de la nature chez Aristote, c'estqu'elle organise toute chose en vue de quelque chose.

Comme il l'écrit dansses Politiques : « la nature ne fait rien en vain ».

La beauté de la nature réside alors dans le fait que tout s'y accomplit avec perfection et que toutfonctionne.

Lorsqu'il écrit que « la beauté se trouve dans l'étendue et dansl'ordre » (Aristote, Poétique , 1450b37), Aristote nous rappelle que la beauté est le fruit d'une organisation harmonieuse des choses, une organisation oùles choses sont proportionnées à leurs tâches et où celles-ci remplissentdonc parfaitement leur fonction.

En définitive, la beauté surgirait alors du faitque quelque chose accomplit sa fonction avec excellence. c) Suivant cette perspective, un objet technique peut tout à fait être beau,puisqu'un objet technique, plus que tout autre, est un objet auquel on a attribué une fonction.

Si celui-ci est tellement bien fait qu'il remplit parfaitement sa fonction, on pourra dire de luiqu'il est « beau ».

On considère d'ailleurs souvent que ce qui est techniquement bien fait est beau, car la grandesophistication alliée à la perfection force toujours le respect et l'admiration.

Ainsi, par exemple, un amateur debateau pourra dire d'un navire parfaitement construit que, non seulement il est agréable à naviguer, mais qu'en plus,c'est un beau bateau.

D'où l'expression courante : « c'est du beau travail.

» La beauté est alors le reflet de laréussite de l'ouvrier, comme s'il s'agissait d'une récompense de la providence pour celui qui a du mérite à sonouvrage. Transition : Toutefois, n'a-t-on pas souvent l'impression que la beauté n'est pas lié à un aspect fonctionnel, mais à l'inutilité ? Le beau est « l'inutile.

» 2. a) « Il n'y a rien de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid ; car c'estl'expression de quelque besoin ; et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirmenature.

- L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines.

Moi, n'en déplaise à ces messieurs, je suis de ceuxpour qui le superflu est le nécessaire » écrivait Théophile Gautier dans la préface à Mademoiselle de Maupin .

On ressent en effet comme une nécessité pour la beauté d'être inutile, et comme une incompatibilité entre ce qui estutile et ce qui est beau. b) Kant explique que le beau est ce qui permet à l'homme de mettre en acte un « libre jeu des facultésreprésentatives » ( Critique de la faculté de juger , §9).

Ces facultés sont l'imagination et l'entendement.

Lorsque nous rencontrons quelque chose de beau, ces deux facultés sont mises en jeu, et ce qui produit un plaisir immédiat,c'est le fait qu'elles sont mises en jeu en toute liberté, sans contraintes extérieures.

Le beau est donc quelquechose qui relève de la pensée pure, mais une pensée qui, contrairement à ce que nous côtoyons en science, n'estpas contrainte par des concepts, une pensée libre. c) Le beau implique donc la liberté de l'imagination et de l'entendement.

Par conséquent, le beau doit être quelquechose de totalement désintéressé, faute de quoi l'intérêt contraindrait les facultés.

Par suite, un objet technique nesaurait être beau, car un objet technique est quelque chose d'utilitaire.

En effet, tout objet technique est conçu demanière intéressée : il est conçu en vue d'une fin et a toujours une certaine utilité.

Cet « intéressement » de l'objet. »

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