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VIE ET CARACTÈRE D'ÉPICURE.

Publié le 18/03/2011

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Epicure est né à Athènes en 342 ou 341 avant Jésus-Christ, sept ans après la mort de Platon. Peu de temps après sa naissance, ses parents s'établirent comme colons dans l'île de Samos. Le petit champ qu'ils reçurent ne suffisant pas à leur entretien, le père tint une école, et la mère alla de maison en maison, chez les petites gens, faire des sacrifices et réciter des formules de purification, afin d'attirer sur sa clientèle la bénédiction des dieux. Son fils, dit-on, raccompagnait dans ses tournées et l'aidait dans ses pratiques. Si le fait est vrai, il permet de comprendre comment est née chez Épicure l'aversion qu'il garda toute sa vie pour la religion.    Dès l'âge de quatorze ans, il se mit à philosopher. Un passage où le poète Hésiode déclare qu'il commencement était le chaos, frappa le jeune homme, préoccupé déjà sans doute de l'importance qu'a le hasard dans le monde. Il réclama de son professeur de lettres des explications que celui-ci ne put lui fournir, et ce fut le point de départ de ses méditations.   

« Après s'être acquitté de ce devoir envers son ami regretté, pour faire trêve un moment à ses souffrances, il se mitdans un bain chaud et but un peu de vin.

Il eut ainsi la force de recommander à ses disciples présents de ne pointoublier ses préceptes, puis il expira. Par le testament qu'il laissait, il affranchissait d'abord quatre esclaves initiés à sa doctrine, il prenait soin que lesenfants de Métrodore fussent pourvus du nécessaire, et veillait à ce que sa philosophie continuât à être enseignéedans son jardin.

Il prescrivait en même temps à ses disciples de se réunir aux jours anniversaires de sa naissance,pour prendre en commun un repas en mémoire de lui.

« Le vingtième jour de la lune de chaque mois, ajoutait-il, ontraitera tous ceux qui nous ont suivis dans la connaissance de la philosophie, afin qu'ils se souviennent de moi et deMétrodore.

» Le sentiment de l'amitié, et le souci de sauver de cette seconde mort qu'est l'oubli sa personne et sadoctrine, sont les deux traits dominants du caractère d'Épicure.

C'est parce qu'il connaissait notre faiblesse qu'ilattachait tant de prix à l'acquisition d'amis fidèles; c'est parce qu'il ne croyait pas à l'immortalité de l'âme, qu'ilprenait tant de précautions pour que son œuvre du moins et le souvenir qu'il laissait ne fussent pas disperséscomme ses cendres. Il y réussit : pendant sept siècles, son école eut régulièrement des chefs, qui veillèrent à ce que la doctrine ne subîtaucune altération ; les disciples continuèrent, comme du vivant du maître, à apprendre par cœur sinon ses troiscents ouvrages, du moins les résumés qu'il avait laissés.

La plupart portaient sur eux les Maximes, rédigées parÉpicure lui-même; tous se répétaient plusieurs fois par jour la formule du quadruple remède : « Le bien est aisé àatteindre, le mal facile à supporter; les dieux ne sont point redoutables, la mort n'a rien d'effrayant.

» Aucune écolene fit preuve d'une telle docilité, d'une telle orthodoxie; aussi l'histoire de l'école épicurienne se résume-t-elle danscelle de son fondateur ; en connaissant Épicure, on connaît tous les Épicuriens. Diogène a raison d'estimer qu'un homme grossier et vulgaire n'eût jamais pu exercer une influence si profonde et sidurable.

Comment se fait-il cependant qu'il ait été l'objet de tant d'accusations ? Il niait l'intervention des dieuxdans le monde et l'immortalité de l'âme : c'était supprimer, avec la crainte des dieux, de la mort et des supplicesinfernaux, les seuls motifs qu'ont bien des hommes pour se résigner à porter le fardeau de la vertu; il est naturel queceux-ci n'aient plus compris pourquoi Épicure, affranchi de toute religion, aurait pu continuer à aimer ses amis et àse conduire honnêtement ; il n'est pas étonnant qu'ils aient nié la vérité d'un fait que leurs préjugés les empêchaientde croire vraisemblable. Aujourd'hui on est unanime à reconnaître qu'Épicure fut calomnié.

Mais beaucoup estiment que, s'il fut vertueux, cene fut point grâce à sa doctrine, que ce fut en dépit d'elle ; qu'il fut sauvé de la vie sensuelle par sa nature délicated'Athénien raffiné, mais que ses principes matérialistes devraient conduire à l'immoralité ceux qui les suivraientjusque dans leurs dernières conséquences.

Cette opinion est-elle fondée ? est-il vrai qu'aucune règle de vie nepuisse être déduite du matérialisme, ou bien cette doctrine au contraire peut-elle légitimement aboutir à unemorale? dans ce dernier cas, quelle peut être cette morale? La pensée contemporaine ne saurait se désintéresser deces questions : car nombreux sont aujourd'hui ceux qui soutiennent, en se réclamant de la science moderne, ladoctrine du matérialisme.

Il arrive assez souvent que, dans la vie pratique, ces hommes sont passionnés pour autrechose que pour le plaisir; la morale qu'ils reconnaissent lorsqu'ils se prennent d'enthousiasme pour le droit et lajustice est-elle bien celle qui se déduit des principes qu'il professent? C'est ce qu'Épicure leur dira.. »

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