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Y a-t-il de l'inconnaissable ?

Publié le 06/01/2006

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Notre nouveau critère ne souffre pas des écueils de celui que nous avions proposé en première partie, puisque les objets de connaissance se donnent à notre intuition (nous ne les constituons pas). Tout ce qui peut être perçu peut donc être connu. La frontière, dans cette perspective phénoménologique, entre le connaissable et l'inconnaissable est exactement la frontière entre le visible et l'invisible.   Comment alors comprendre qu'il y ait un progrès des sciences ? Comment en effet se fait-il que si le connaissable se réduit au perceptible, on ne soit pas dans l'histoire des sciences parvenu beaucoup plus tôt à l'état actuel de nos connaissances ? Ou bien faut-il prétendre que la perception des « anciens » était moins aiguisée que la notre ?     III - Foucault, l'historicité de la vérité   Référence : Foucault, Naissance de la clinique   « La médecine moderne a fixé d'elle-même sa date de naissance dans les dernières années du 18ème siècle. Quand elle se prend à réfléchir sur elle-même, elle identifie l'origine de sa positivité à un retour, par delà toute théorie, à la modestie efficace du perçu. En fait, cet empirisme présumé repose non sur une redécouverte des valeurs absolues du visible, non sur l'abandon résolu des systèmes et de leurs chimères, mais sur une réorganisation de cet espace manifeste et secret qui fut ouvert lorsqu'un regard millénaire s'est arrêté sur la souffrance des hommes. Le rajeunissement de la perception médicale n'est pourtant pas un mythe ;  au début du 19ème siècle, les médecins ont décrit ce qui, pendant des siècles, était resté au dessous du seuil du visible et de l'énonçable ; mais ce n'est pas qu'ils se soient remis à percevoir après avoir trop longtemps spéculé, ou à écouter la raison mieux que l'imagination ; c'est que le rapport du visible à l'invisible, nécessaire à tout savoir concret, a changé de structure et fait apparaître sous le regard et dans le langage ce qui était en deçà et au-delà de leur domaine.

La problématisation tend à identifier et hiérarchiser les problèmes qui font obstacle à l'apport d'une réponse à la question du sujet. Le premier problème qui semble se présenter est le suivant : s'il y a de l'inconnaissable, comment l'identifier par rapport au connaissable ? Autrement dit, quel critère va nous permettre de tracer la limite qui sépare le champ de ce qui peut être connu de celui de ce qui ne le peut pas ?

Le second problème découle du premier : en admettant que l'on puisse fournir un critère de distinction du connaissable et de l'inconnaissable, il faut que celui-ci soit universellement valable, c'est-à-dire valable pour tout sujet connaissant, ce sans quoi nous sombrons dans un relativisme total : notre critère deviendrait totalement subjectif et ne mériterait alors plus le titre de critère.

 

« II – Le critère de l'expérience possible est-il universel ? Prenons l'exemple de l'existence de Dieu : nous ne pouvons selon Kant, ni la démontrer, ni la réfuter, puisque nousne pouvons pas faire l'expérience de l'existence de Dieu.

Or s'il existe réellement, ce sur quoi nous ne pouvons rienaffirmer, son entendement infini peut, au contraire du notre, faire l'expérience de toute chose.

Sa connaissance nesouffre aucune limite.

Autrement dit, le critère que Kant propose ne fonctionne que pour un entendement humain.

Iln'est pas universel. Référence : Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie « De quelque espèce que puisse jamais être l'intuition individuelle, adéquate ou non, elle est susceptible d'êtreconvertie en intuition d'essence ; et cette dernière, qu'elle soit, respectivement, adéquate ou non, a bel et bien lecaractère d'un acte donateur.

Cela a bien pour implication ce qui suit : L'essence (eïdos) est un objet d'un nouveau genre.

Et de même que, dans l'intuition individuelle, celle qui faitl'expérience de la chose, ce qui y est donné est un objet individuel, de même aussi, ce qui est donné dans l'intuitiond'essence est d'essence pure.

» Husserl propose de fonder scientifiquement la philosophie : en opérant, dans un premier temps, une conversion duregard qui consiste en une suspension du jugement d'existence ou de non-existence (épochê phénoménologique),dans un second temps la variation éidétique, il est possible de convertir notre intuition individuelle en intuition desessences.

C'est aux essences des choses mêmes qu'après cette conversion nous avons affaire.

Les choses mêmesse donnent alors à l'intuition, ou plus précisément, à toute intuition.

Puisqu'il s'agit d'un don et non d'une saisie, Dieu lui-même s'il existe perçoit les choses de la même manière qu'un humain. Dans la perspective husserlienne, ce que nous percevons peut par le biais de la réduction peut en droit devenirobjet de connaissance pure.

Notre nouveau critère ne souffre pas des écueils de celui que nous avions proposé enpremière partie, puisque les objets de connaissance se donnent à notre intuition (nous ne les constituons pas).

Toutce qui peut être perçu peut donc être connu.

La frontière, dans cette perspective phénoménologique, entre leconnaissable et l'inconnaissable est exactement la frontière entre le visible et l'invisible. Comment alors comprendre qu'il y ait un progrès des sciences ? Comment en effet se fait-il que si le connaissable seréduit au perceptible, on ne soit pas dans l'histoire des sciences parvenu beaucoup plus tôt à l'état actuel de nosconnaissances ? Ou bien faut-il prétendre que la perception des « anciens » était moins aiguisée que la notre ? III – Foucault, l'historicité de la vérité Référence : Foucault, Naissance de la clinique « La médecine moderne a fixé d'elle-même sa date de naissance dans les dernières années du 18 ème siècle.

Quand elle se prend à réfléchir sur elle-même, elle identifie l'origine de sa positivité à un retour, par delà toute théorie, à lamodestie efficace du perçu.

En fait, cet empirisme présumé repose non sur une redécouverte des valeurs absoluesdu visible, non sur l'abandon résolu des systèmes et de leurs chimères, mais sur une réorganisation de cet espacemanifeste et secret qui fut ouvert lorsqu'un regard millénaire s'est arrêté sur la souffrance des hommes.

Lerajeunissement de la perception médicale n'est pourtant pas un mythe ; au début du 19 ème siècle, les médecins ont décrit ce qui, pendant des siècles, était resté au dessous du seuil du visible et de l'énonçable ; mais ce n'estpas qu'ils se soient remis à percevoir après avoir trop longtemps spéculé, ou à écouter la raison mieux quel'imagination ; c'est que le rapport du visible à l'invisible, nécessaire à tout savoir concret, a changé de structure etfait apparaître sous le regard et dans le langage ce qui était en deçà et au-delà de leur domaine.

» Foucault, dans cet exemple de la transition de la médecine « archaïque » à la médecine moderne, réfute l'idée que lapositivité de la médecine moderne corresponde à un retour à un regard « enfin matinal ».

Autrement dit, lesmédecins modernes ne sont pas plus efficaces parce qu'ils percevraient , comme la phénoménologie le prétend, mieux les symptômes que des médecins anciens.

Ce qui s'est modifié, c'est la frontière entre le visible et l'invisible, ledicible et ce qui est tu.

La médecine moderne n'est donc pas plus fondée que l'ancienne (du moins si on en reste aucritère de la perception), puisque dans les deux cas, les médecins disent ce qu'ils voient : La perception qui constituait l'ultime recours des phénoménologues pour la fondation d'une science est elle-mêmehistorique, elle varie dans le temps.

La conséquence pour notre question est qu'il est impossible d'utiliser laperception comme critère de distinction entre le connaissable et l'inconnaissable.

Il y a en réalité selon Foucault unestructure plus élémentaire, l'episteme , qui conditionne à chaque époque en fonction des institutions, des régimes de pouvoir, etc., ce qui peut être connu et ce qui ne le peut pas. Proposition de conclusion : Avec Foucault, tout critère fixe de séparation entre le connaissable et l'inconnaissable disparaît : il y a bien àchaque époque de l'histoire de l'inconnaissable et une sphère dans laquelle peut se déployer la vérité.

Mais cettesphère mute en fonction d'une structure souterraine que Foucault appelle episteme (ou a priori historique ), qui définit à chaque époque ce qui peut être vu et ce qui peut être énoncé (et par suite ce qui peut être connu).

Plusprécisément, cette structure définit la manière dont un sujet se dresse devant un objet qui simultanément surgit :. »

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